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EDITORIAUX - Page 2

  • Mon bilan du Festival de Cannes 2009 : l’étourdissante nostalgie d’une étreinte brisée

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    Cannes n’est déjà plus qu’une rumeur lointaine, qu’un brouhaha étouffé par  l’actualité arachnéenne qui tisse sa toile dévoreuse et impitoyable, pourtant, il y a à peine une semaine que le Festival de Cannes s’achevait et avec lui 13 jours d’une tornade dévastatrice qui me laissent encore nostalgique, éblouie,  incrédule, étourdie, mélancolique comme après une almodovarienne étreinte brisée, mais aussi enrichie d’illusions magnifiques, ou magnifiquement tragiques.

     

     Nostalgique après ces 13 jours qui, dans ma mémoire, déjà, se teintent de noir et blanc tant ils semblent appartenir à une mythologie cinématographique. Tant le temps semblait glisser au lieu de s’écouler. Tant tout paraissait joyeux, idyllique, désinvolte, léger. Tant c’était agréable de jouer à l’être le temps d’un festival.

     

    Comment, d’ailleurs, ne pas être nostalgique après 13 jours aussi intenses dont je n’ai pu et voulu retranscrire qu’une infime part ici? Comment ne pas être nostalgique après 13 jours où réalité et fiction n’ont cessé de  s’entrelacer, s’enlacer même au point de se confondre, me duper parfois même? Comment ne pas être nostalgique après 13 jours de rencontres improbables et magiques, cinématographiques et humaines?  Comment ne pas être nostalgique après ce qui était pour moi un 9ème Festival de Cannes et sans nul doute le meilleur...jusqu'à présent?  Comment ne pas être nostalgique quand la déroutante réalité a repris ses droits ? Comment ne pas être nostalgique quand, à trop tutoyer les étoiles, on en oublie que même elles, meurent un jour, que l’éblouissement peut-être trompeur, voire fatal ?

     

    Incrédule tant ce festival  semble s’être évanoui comme un songe qui procure une douloureuse et parfois illusoire beauté à ces instants aussi magiques qu’éphémères. De projections en soirées, de l’ouverture à la clôture, de rencontres magnifiques en retrouvailles trop vite esquissées ou d'autres insensées démontrant l’imagination d’une beauté et   d’une violence cruelles et sans bornes de la réalité, de la vertigineuse salle du Théâtre Lumière à la luminosité d’une Croisette insolemment radieuse,  de la projection jubilatoire d’ « Inglourious Basterds » à ma journée ludique et princière avec l’équipe L’Oréal, de ces instants festifs et joyeux avec les autres blogueurs, de l’inénarrable projection du  magistral  et nerveux « Prophète » de Jacques Audiard à la leçon de cinéma des frères Dardenne, de la plage Miramar à la plage Majestic 62, de la plage du Martinez aux coulisses du Grand Journal, du 3 :14 à la villa Murano, d'un documentaire d'une poésie rageuse à des films mis en scène avec une maestria sidérante, de la voix ensorcelante de Bryan Ferry à l'enthousiasme communicatif de Quentin Tarantino, de la gravité légère d'Edouard Baer à l'exubérance mélancolique de Pedro Almodovar, de voitures officielles en limousines, de la salle du soixantième à la salle Bunuel, tant d’instants indicibles gravés dans ma mémoire, tant d’instants où lueurs et bruits incessants vous troublent, déguisent la réalité, transportent.

     

    Etourdie comme après un rêve dont le réveil est parfois douloureux mais dont l’état semi-comateux dans lequel il vous laisse anesthésie agréablement les pensées aussi confuses et troublantes soient-elles. Etourdie comme après une danse endiablée qui ne vous laisse le temps de reprendre ni votre souffle ni vos esprits ni de saisir la (dé)mesure de l’instant.

     

    Moi que l’actualité passionne habituellement, je me suis surprise à ne même pas ouvrir un journal pendant ces 13 jours si ce n’est  le quotidien du Film Français, bible du festivalier. Cannes plus que jamais cette année pour moi a été une sorte de bulle où rien d’autre ne semblait exister, où le monde s’arrêtait aux portes de la Croisette et tournait autour du palais des festivals. Le cinéma m’environnait, m’absorbait, procurait des reflets éblouissants à la réalité. Bien sûr tout était, comme toujours,  excessif et dérisoire.  J’ai juste feint de l’ignorer. Bien sûr la crise n’était pas bien loin : les plages étaient cette année deux fois moins nombreuses, de même que les affiches de film qui ornent habituellement les façades, certaines sociétés comme la Paramount étaient d'ailleurs pour la première fois absentes de la Croisette, le cinéma américain était ainsi peu présent sur la Croisette… Qu’importe:  Cannes, le temps de ce festival, nous a donné une illusion d’éternité. Comme ces deux amants magnifiques surpris  et immortalisés en pleine étreinte dans  « Voyage en Italie » de Rossellini qu’Almodovar cite dans ses « Etreintes brisées ».

     

    Emportée par le tourbillon cannois, cette année plus que jamais, je regrette juste de n’avoir vu aucun film de la section Un Certain Regard où chaque année je fais les plus belles découvertes cinématographiques et de n’avoir vu qu’un film de la Quinzaine des Réalisateurs. Ma soif de découvertes cinématographiques n’a pas été étanchée, ce festival l’a même intensifiée…

     

    J’évoquais il y a quelques jours mes pronostics avec un bref avis sur chaque film en compétition (voir article ici), j’y évoquais aussi ce que représente depuis quelques années une palme d’or cannoise, le message qu’elle adresse au monde, le reflet qu’elle souhaite donner de ses espoirs, ses blessures, ses craintes, ses désirs, ses désordres, sa folie, de ses rêves… même si depuis quelques années les rêves n’ont plus leur place dans un palmarès et surtout une palme d’or qui se veut avant tout engagée et sociale, ce qui sans doute éloignait d’office le film de Quentin Tarantino qui, pourtant, certes est un film de divertissement qui s’assume comme tel mais montre aussi un visage de la barbarie, étonnamment et tristement actuel à l’image du film de Haneke « Le ruban blanc », palme d’or de cette édition 2009, sans doute d’apparence (d’apparence seulement) plus cinéphilique (En lisant ma critique d’ “Inglourious Basterds” en cliquant ici vous constaterez à quel point ce film est celui d’un cinéphile pour les cinéphiles) et en tout cas plus austère. A la définition de l'art(iste) d'Anatole France "L'artiste doit aimer la vie  et nous montrer qu'elle est belle. Sous lui, nous en douterions", le palmarès a préféré celle de Rodin "L'art est la plus sublime mission de l'homme puisque c'est l'exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre." Sans doute cette "machine de vérité" qu'évoquait la présidente du jury de ce 62ème Festival de Cannes, Isabelle Huppert, en ouverture... mais le cinéma ne peut être que cela, n'est heureusement pas que cela, même si cet autre pan du cinéma a été ignoré cette année par le palmarès cannois (mais aussi, il faut le dire, par sa sélection).

     

    Cette année, plus que jamais la compétition cannoise avait à son générique de grands réalisateurs qui, néanmoins, souvent , n’ont pas réalisé leurs meilleurs films et j’avoue que cette année aucun film ne m’a enthousiasmée comme « Entre les murs » de Laurent Cantet, « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, « La frontière de l’aube » de Philippe Garel, « Le silence de Lorna » des frères Dardenne, « Two lovers » de James Gray, « Valse avec Bachir » d’Ari Folman ou « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen, l’année passée.  (Vous pouvez trouver les critiques de tous ces films sur ce blog).

     

    Cette année aucune thématique n’a été mise en exergue, si ce n’est la mise en abyme, comme si le cinéma, tel Narcisse, se mirait dans son reflet, à s’y noyer, pour oublier, s’oublier, se rassurer,  à nous y perdre délicieusement, et dangereusement parfois aussi. On retrouve bien sûr, notamment dans “Un prophète” et “A l’origine” la thématique carcérale beaucoup plus présente l’an passé (avec de nombreux plans derrière une vitre, un grillage etc), témoignage d’un monde qui étouffe et peine à respirer  mais ce dont a surtout témoigné ce cru 2009: c’est de la rassurante diversité du cinéma mondial (et l’étonnante inventivité, audace du cinéma asiatique ou de "jeunes" cinéastes comme Alain Resnais !) malgré une austérité, et même une radicalité, une violence assez prégnantes au-delà des disparités géographiques et cinématographiques, plaie béante qui semble dépasser les frontières. On a aussi observé cette année davantage de grandes mises en scènes (Almodovar, Tarantino, Resnais…) que de grands scénarii…

     

    Mais pour l’heure, je vais essayer de comprendre et analyser les émotions ravageuses de ce festival,  loin de la violence et / de l’éclat parfois trompeurs des images, loin de l'éblouissement cannois,  loin de la frénésie carnassière, loin de l’urgence rageuse cannoise qui fait que les mots jetés à la va-vite trahissent parfois les pensées, et ne les traduisent pas toujours avec justesse et avec le recul nécessaire pour apprécier chaque instant à sa juste et (dé)mesurée valeur…

     

    J’en profite aussi pour vous donner rendez-vous au Festival du Cinéma Américain de Deauville qui fêtera cette année ses 35 ans, prochain grand rendez-vous festivalier que vous pourrez suivre en direct sur mes blogs (avant-premières, films en compétition, soirées, conférences de presse…) et auquel j’assisterai pour la 17ème année consécutive… mais en attendant vous pourrez retrouver sur ce blog de nombreuses critiques de films , en avant-première, à l'affiche ou de classiques du septième art mais aussi des nouvelles...

     

     A suivre : notamment ma critique de « Map of the sounds of Tokyo » d’Isabel Coixet (compétition officielle 2009)

    Catégories : EDITORIAUX, PALMARES Lien permanent 2 commentaires Pin it! Imprimer
  • Edito "In the mood for Cannes" n°1: ce que le Festival de Cannes représente pour moi...

    affichecannes2009.jpgDernier article avant d'arriver sur la Croisette sur le chemin de laquelle je serai quand cette note sera mise en ligne!

     

    Le prochain article sera publié en direct de Cannes, ce soir...

     

    A la demande d'Allociné (pour son site "Off Cannes" dont je vous communiquerai le lien cette semaine), un article medley "in the mood for Cannes" sur ce que représente le Festival de Cannes pour moi, un article à la suite duquel vous aussi, dans les commentaires, pouvez bien entendu écrire ce que le Festival de Cannes représente pour vous.

     

    Ce que le Festival de Cannes représente pour moi (notamment...):

     

    Avant d’en fouler les célébrissimes marches, pour la première fois, il y a neuf ans déjà (j’avais alors été sélectionnée pour le prix de la jeunesse du Ministère de la Jeunesse et des Sports, avec 39 autres jeunes cinéphiles qui, eux, en revanche, n’étaient pas des marches, ce qui, vu leur nombre, aurait procuré une allure hitchcockienne à cette aventure), Cannes représentait pour moi une mythologie inaccessible,  l’image d’Epinal d’un festival idéalisé à travers le petit écran qui me renvoyait le cliché insaisissable et majestueux d’un cénacle impénétrable (aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours regardé les cérémonies d’ouverture et de clôture, et  l’annonce de la sélection cannoise, avec un vif intérêt), idéalisé comme un diamant pur et étincelant (j’ignorais alors que le diamant, en plus de briller, fasciner, peut dangereusement éblouir et surtout couper, blesser).  Cannes représentait alors pour moi cet endroit mythique où le cinéma est omniprésent, omniscient, omnipotent même. La fête du cinéma. De tous les cinémas. Des cinémas du monde entier. Le miroir grossissant et informant du monde, déroutant parfois aussi. Le reflet de ses colères, de ses blessures, de sa poésie. C’était Cannes qui brandit le poing comme Pialat. Cannes qui embrasse, complimente et encense comme Benigni. Qui émeut aussi, violemment même parfois. Cannes, tourbillon de la vie, envoûtant comme la voix de Jeanne Moreau. Tourbillon de cinéma aussi, évidemment. Cannes et ses rituels, sublimes et parfois ridicules, futiles et nécessaires, dérisoires et essentiels.

     Et désormais ? Désormais, Cannes, c’est pour moi cette bulle d’irréalité où les émotions, les frustrations, les joies réelles et cinématographiques, si disproportionnées, procurent un sentiment d’éternité fugace et déroutant. Désormais, Cannes, c’est aussi une Croisette insolemment insomniaque où se frôle, se heurte une faune inénarrable et volubile, une foule bigarrée aux déambulations unanimes. Cannes, c’est ce va-et-vient incessant de festivaliers  exaltés, harassés, excessifs, cyniques, désinvoltes, las, aveugles et sourds à tout ce qui se déroule hors les murs de la Croisette.

    Cannes, cet animal sauvage palmé, mystérieux et indomptable, qui en a perdu certains et tant à force de les éblouir, les fasciner, les aliéner. Jeu dangereux avec lequel, là plus qu’ailleurs, les personnalités peuvent prendre des reflets changeants, finalement éclairants, révélant le portrait de Dorian Gray en chacun.

     Ne vous méprenez pas: malgré la noirceur, ou plutôt la lucidité du tableau, j’y vais avec un enthousiasme inégalé, une curiosité inextinguible pour le cinéma et la vie qui s’y entremêlent, s’y défient et entrechoquent, étrangement et parfois même sublimement, l’espace d’un inestimable instant,  lequel instant sublime, à lui seul, éclipse alors le souvenir amer de la foire aux vanités que Cannes est aussi. C’est en effet parfois le culte du dérisoire qui y devient essentiel mais qui, à y regarder de plus près, le révèle aussi, si bien ou si mal, cet essentiel.

      Et puis évidemment on aurait presque tendance à l’oublier: il y a aussi le cinéma presque dissimulé derrière tous ceux qui font le leur, le cinéma si multiple, si surprenant, si audacieux, si magique encore et plus que jamais, à Cannes, plus qu’ailleurs. D’ailleurs, à Cannes, tout est plus qu’ailleurs. Les émotions. Le soleil. Les solitudes qui se grisent et s’égarent et se noient dans la multitude. Les soirées sans fin, sans faim à force d’être enchaînées pour certains. La foule si pressée et atypique du festival qui, mieux que nulle autre, sait être passionnément exaltée et aussi impitoyable avec la même incoercible exaltation.

    Cannes, c’est aussi cet endroit où on ne cesse d’être surpris, de s'acharner à ne pas le paraître,  même si d'autres sont vraiment blasés, tristement: valse troublante des apparences que Cannes exhale et exhibe, adore et abhorre. Cannes décidément si versatile et éclectique. A Cannes, nous sommes tous des enfants gâtés, capricieux qui oublions le lendemain, qui oublions que tout doit finir un jour, que la vie ne peut être une fête et un spectacle et une histoire et une nuit sans fin.

    Cannes passionnément : tour à tour haïssable et adorable donc. Effrayante et fascinante. Là où la réalité titube, où la vie virevolte. Cannes hiérarchique et arrogante où, soudain, subrepticement, magnifiquement, surgissent des instants de grâce. Cannes et ses applaudissements effrénés, ses réactions exacerbées, ses émotions démultipliées, ses regards parfois blasés, harassés,  rassasiés. Rassasiés de feindre d’être blasés. Rassasiés d’images. Rassasiés d’hypocrisie, là où, aussi, pour paraphraser Molière, elle est « un vice à la mode » et, là où aussi, elle « passe pour vertu ». Ou, comme le mien, captivé et curieux, le plus souvent.

     Cannes et sa frénésie : de fêtes, de bruit, de rumeurs, de scandales, de cinéma, surtout, malgré tout. Cannes effervescente qui s’enivre de murmures, qui se grise de lumières éphémères, qui s’en étourdit oubliant presque celles du Septième Art. Cannes magique, insaisissable. Cannes versatile. Cannes excessive. Cannes qui ne connaît pas la demi-mesure dans la majesté comme dans la brutalité, dans le rêve comme dans le cauchemar, mais c’est aussi ce qui rend ce festival irrésistible et unique.

     

    Cannes prompt à magnifier ou détruire. A déifier ou piétiner. Cannes où des rêves achoppent, où des illusions se brisent, où des projets s’esquissent, où des carrières s’envolent, où des films vous éblouissent, où des regards étincellent, où des cinéastes émergent, se révèlent au monde, nous révèlent un monde. Le leur. Le nôtre. Cannes et sa palme. D’or et de bruit et de lumières. Tonitruante, retentissante, scintillante. Cannes aux intentions pacifistes, aux débats presque belliqueux. Cannes paradoxale.  Multiple et unique. Lumineuse et violente. Inimitable.

    Cannes, aussi, surtout, le plus grand festival de cinéma au monde que j’aime passionnément, où j’ai tant de souvenirs inénarrables et inoubliables :  j’y ai ainsi découvert  des cinéastes comme Alexandre Sokourov, Nuri Bilge Ceylan, Park Chan-wook, Paolo Sorrentino, James Gray, Fatih Akin et tant d’autres ; j’y ai vécu des instants de cinéma uniques comme les projections d’ « Elephant » de Gus Van Sant, de « L’enfant » des frères Dardenne, du « Pianiste » de Roman Polanski, d’ « Entre les murs » de Laurent Cantet, dans le vertigineux Grand Théâtre Lumière ; j’y ai assisté à la si émouvante cérémonie des 60 ans du festival ; j’y ai assisté aux passionnantes leçons de cinéma de Catherine Deneuve, de Martin Scorsese et de Quentin Tarantino ; j’y ai revu le burlesque et irrésistible «  Mécano de la Général » de Buster Keaton ; j’y ai découvert des films saisissants comme « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ; j’y ai croisé Pedro Almodovar et ses actrices auréolées d’un prix d’interprétation lors d’un moment improbable et magique ; j’y ai vécu de formidables frissons cinéphiliques. De bonheur. D’effroi. D’émotion. De tension.

     Cannes où,  pour paraphraser Gilles Jacob dans son autobiographie, cette année plus que jamais la « vie passera comme un rêve », Cannes qui, pourtant, n’est « pas un paradis pour les âmes sensibles » : Cannes qui marie si bien les paradoxes. Cannes dont j’attends avec une impatience fébrile et grandissante cette 62ème édition avec sa myriade inégalée ( ?) de grands réalisateurs : Almodovar, Resnais, Haneke, To, Campion, Lee, Audiard, Loach et tant d’autres, mais aussi tous ceux, inconnus et non moins talentueux peut-être, que ce festival me fera découvrir!

    Alors… quand  retentira la musique de Saint-Saëns, indissociable de ce festival, réminiscence de tant de souvenirs, ceux de mon enfance à travers l’écran et ceux de mon irréelle réalité, je sais déjà qu’une irrépressible émotion s’emparera de moi, je sais que Cannes m’emportera dans son tourbillon éblouissant et terrifiant, je sais, surtout, après tout, que le cinéma, toujours, finira pas triompher.

    Sandra.M

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  • Mon Festival de Cannes 2008 : le miroir d'un monde aveugle et suffocant et la passion de rêver, invincible malgré tout…

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     Trois jours après cette parenthèse cannoise enchanteresse et désenchantée, je lis les comptes-rendus dans les journaux comme une réalité qui me serait étrangère, lisse, lointaine, dépourvue de la frénésie grisante dans laquelle j’ai été immergée pendant 12 jours, « entre les murs » invisibles de la Croisette comme si, à l’image du film éponyme, aucune vie n’existait hors champ, hors les quelques mètres  de cette bulle d’irréalité où les émotions, les frustrations, les joies réelles et cinématographiques procurant un sentiment d’éternité factice sont tellement disproportionnés, et où, comme dans  le film éponyme, elles en révèlent tant sur le monde extérieur.

    Cette année Cannes avait la frivolité coupable, le dérisoire utile, la dérision nécessaire. Dehors toujours les mêmes extravagances, la même Croisette insolemment insomniaque où se frôlaient, se heurtaient une faune inénarrable et volubile, une foule bigarrée aux déambulations unanimes, le même va et vient incessant de festivaliers  exaltés, harassés, excessifs, cyniques, désinvoltes, las, aveugles et sourds à tout ce qui se déroule hors les murs de la Croisette.

    Sur les écrans, une autre réalité parfois crue donnait bonne ou mauvaise conscience aux festivaliers leur jetant en pleine figure sur l’écran impitoyablement gigantesque du Grand Théâtre Lumière leur aveuglement les emmenant au Sri Lanka en plein tsunami ( « The third  wave » de Alyson Thompson), au Malawi avec Madonna, « entre les murs » d’une école  qui renvoie des échos graves et poétiques, drôles et violents d’une portée universelle, dans les prisons réelles ou fictives (parfois fictivement très réalistes), au propre comme au figuré que ce soit dans « Hunger » de Steve Mc Queen ou  « Blindness » de Fernando Mereilles ou « Les 3 singes » de Nuri Bilge Ceylan dont les titres évoquent même l’aveuglement ( les 3 singes font référence à la fable éponyme selon laquelle on choisit de nier la vérité en refusant de la voir, l’entendre ou d’en parler).

    C’est d’ailleurs particulièrement significatif : 3 des films les plus intéressants et réussis de ce festival étaient des  vrais ou faux documentaires (« Je veux voir », « La vie moderne », « Entre les murs »). Même des films qui n’en étaient pas comme « Le silence de Lorna » des Dardenne et « Il Divo »  de Paolo Sorrentino sur Giulio Andreotti nous plongeaient dans une réalité sociale ou politique, la difficile condition des immigrés dans le premier cas, les ramifications obscures de la vie politique d’Andreotti dans le second.

    Le cinéma, cette année, à Cannes, se devait d’être un témoignage avant d’être un voyage,  il se devait d’être utile plutôt que d’être futile, ouvert sur le monde pour dénoncer son enfermement. Dans un monde enfermé, le cinéma a honte de s’évader, nous en évader et préfère nous éclairer en nous montrant sa face obscure qu’il a parfois niée ou à laquelle il a parfois surtout cherché à nous faire échapper.

    A Cannes aussi, comme dans le monde extérieur que ses écrans reflètent,  on se voit sans vraiment se rencontrer, on se rencontre sans vraiment se voir. Mais dans les deux univers, fictifs et réels, dans les salles du festival et en dehors, surgirent et persistent des images indélébiles et des émotions fortes, pêle-mêle : des rendez-vous joliment manqués, des retrouvailles réelles aux accents cinématographiques, des instants intemporels, une frontière de l’aube au romantisme ensorcelant et rassurant (même si désuet et désespérant pour certains), le regard inoubliable de Catherine Deneuve (égaré, puis reconnaissant, puis passionné, puis ouvrant sur un océan d’histoires et de possibles) au dénouement du magnifique  « Je veux voir » (à mon avis le meilleur film de ce festival) , des cris déchirants et poignants jetés à la face du monde par le miroir grossissant magique et si puissant de l’écran, des applaudissements effrénés, le regard juvénile et l’enthousiasme du centenaire Manuel de Oliveira, des destins qui se frôlent, s’échappent et s’envolent, la beauté cruelle, contemplative, magnétique, poignante et picturale du film de Nuri Bilge Ceylan, la réalisation époustouflante, vertigineuse et l’humour noir décapant du portrait qui l’était tout autant d’Andreotti dans « Il Divo », l’amour inconditionnel dans « Le silence de Lorna » et l’interprétation magistrale d’Arta Dobroshi, la singularité touchante du personnage de Joaquin Phoenix dans le passionnel « Two lovers » de James Gray, la grâce et la violence et l’humanité et l’ambivalence humaine d’Entre les murs et de son interprète principal, le regard magnétique de Clint Eastwood, la passion communicative de Quentin Tarantino et l’ambiance électrique de sa leçon de cinéma, les instants de vérité désarçonnant de la « Vie moderne » de Raymond Depardon, la gravité de Sean Penn, toute cette folie excessive et dérisoire, grandiose et futile que des mots ne sauraient retranscrire, des instants « truffaldiens » inestimables, sublimés, felliniens, vains, implicites, rêvés peut-être, la folie Indiana Jones, l’oubli du lendemain, de la fin dans une valse étourdissante d’infini illusoire et de vie cinématographique, un conte d’été à l’image de celui de noël :  parfois aussi féroce et virevoltant. 12 journées denses, enrichissantes, exaltées et exaltantes, une cérémonie d’ouverture agréablement impromptue, de belles réminiscences, bref 12 jours « in the mood for Cannes ».

     A Cannes, sans doute, déjà, la mer a retrouvé son horizon bleuté débarrassée des yachts qui l’obscurcissaient, le tapis couleur pourpre qui recouvrait les marches les plus célèbres du monde a été enlevé, les plages ont retrouvé le goût du silence, les passants se sont clairsemés et ont retrouvé un rythme normal comme si tout cela n’avait jamais existé… et après tout cela semblait parfois si irréel que nous avons peut-être tout simplement rêvé…

    Vous pourrez continuer à suivre l’actualité cinématographique sur mon autre blog « In the mood for cinema » (http://monfestivalducinema.hautetfort.com ) avec notamment de nouveaux articles sur les films cannois notamment lorsqu’ils sortiront en salles en France. Je vous reparlerai également des « 3 singes »  de Nuri Bilge Ceylan  auquel je n’ai pas consacré l’article que ce très beau film aurait mérité.

     En septembre, vous pourrez suivre le Festival du Cinéma Américain de Deauville en direct sur mon blog « In the mood for Deauville » avec des comptes-rendus à l’image de ceux de ce Festival de Cannes 2008 ( http://inthemoodfordeauville.hautetfort.com ) et dès le mois de juin vous pourrez y lire  les premiers échos concernant le jury et la programmation. Vous pouvez d’ores et déjà y trouver toutes les informations pratiques concernant le Festival ainsi que mes comptes-rendus des éditions précédentes.

    Je vous rappelle que vous pouvez voir ou revoir les films des sélections parallèles 2008 du festival à Paris: de la Quinzaine des Réalisateurs au Cinéma des Cinéastes et les films de la sélection Un Certain Regard au Reflet Médicis du 28 Mai au 3 Juin ainsi que la Semaine de la Critique du 3 au 8 Juin à la Cinémathèque française.

    Merci à ceux, plus nombreux que jamais cette année, qui ont suivi le festival sur « In the mood for Cannes ». Merci  au prestigieux LeMonde.fr, au glamour site de L’Oréal, au sympathique Radio France Ile-de-France, au passionnant et prolifique site des étudiants en journalisme de Science-po, et quelques autres pour les  échos retentissants qu’ils ont donnés à ce blog.

    Je vous invite à laisser ci-dessous vos commentaires sur le palmarès 2008 (que vous pouvez trouver dans mon article plus bas) ainsi que vos commentaires et suggestions sur ce blog.

    A l’année prochaine…si je le vaux et veux bien…

    En attendant, je rentre dans ma réalité avec la passion du cinéma, toujours aussi dévorante, irrépressible, et surtout avec la passion de rêver, de croire à l’impossible et de savoir et vouloir l’imaginer.

    Vive le cinéma !

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    Les  films du Festival de Cannes 2008 recommandés par « In the mood for Cannes » :

    Voici les 9 films parmi les 20 que j’ai vus cette année que je vous recommande vivement même si, pour la première fois, cette année, je n’ai pas eu de véritable coup de cœur... Vous pouvez lire mes critiques de ces films sur ce blog:

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    Ci-dessus, Catherine Deneuve dans le magnifique "Je veux voir"...

    -« Les 3 singes » de Nuri Bilge Ceylan

    -« Le silence de Lorna » de Jean-Pierre et Luc Dardenne

    -« Two lovers » de James Gray

    -« La frontière de l’aube » de Philippe Garrel

    - « Il Divo » de Paolo Sorrentino

    - « Entre les murs » de Laurent Cantet

    -« La vie moderne » de Raymond Depardon

    -« Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

    « Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal » de Steven Spielberg

     

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  • Editorial du Festival de Cannes 2008: J-6

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    104832473.jpg J’ai déjà souvent évoqué ici ma vision du Festival de Cannes (là notamment : cliquez ici pour lire l’éditorial 2007 et les origines du blog "In the mood for Cannes")  , pourtant après 8 ans à le parcourir et en scruter les étrangetés, ce Festival reste pour moi une inépuisable source de curiosité, de curiosités surtout.

    Les critiques de films seront sans doute moins exhaustives que celles que j’écris habituellement sur mon autre blog  « In the mood for cinema » car j’ai d’abord envie de profiter de la réalité avant d’en donner une version virtuelle et parce qu’à Cannes le temps est une denrée rare. Je vous livrerai néanmoins bien entendu mes impressions en direct du festival, quotidiennes dans la mesure du possible,  au gré de mes émotions, vous parlerai de mes coups de cœur et découvertes cinématographiques, j’essaierai de vous plonger dans la frénésie mélancolique cannoise, dans son tourbillon éblouissant et terrifiant, je tenterai de vous dépeindre cet animal sauvage palmé, mystérieux et indomptable qui en a perdu certains et tant à force de les éblouir, les fasciner, les aliéner. Je ne suis pas dupe de ce jeu dangereux-là, là où plus qu’ailleurs, les personnalités peuvent prendre des reflets changeants, finalement éclairants, révélant le portrait de Dorian Gray en chacun.

    1620788322.jpgNe vous méprenez pas: malgré la noirceur, ou plutôt la lucidité du tableau, j’y vais avec un enthousiasme inégalé, une curiosité insatiable pour le cinéma et la vie qui s’y entremêlent, s’y défient et entrechoquent, étrangement et parfois même sublimement, l’espace d’un inestimable instant,  lequel instant sublime, à lui seul, éclipse alors le souvenir amer de la foire aux vanités que Cannes est aussi. C’est en effet parfois le culte du dérisoire qui y devient essentiel mais qui, à y regarder de plus près, le révèle aussi, si bien ou si mal, cet essentiel.

    Et puis évidemment on aurait presque tendance à l’oublier: il y a aussi le cinéma presque dissimulé derrière tous ceux qui font le leur, le cinéma si multiple, si surprenant, si audacieux, si magique encore et plus que jamais, à Cannes, plus qu’ailleurs. D’ailleurs, à Cannes, tout est plus qu’ailleurs. Les émotions. Le soleil. Les solitudes qui se grisent et s’égarent et se noient dans la multitude. Les soirées sans fin, sans faim à force d’être enchaînées pour certains.

    Je sais pourtant déjà que quand le train va s’élancer vers le Sud, après cette fébrilité qui régnera à la gare de Lyon déjà lui procurant des airs de festival, quand les Baux de Provence apparaîtront au loin, si et trop vite, un des derniers sursauts de normalité 1666286586.JPGet de beauté naturelle avant la folie et les artifices cannois, j’éprouverai cette même envie irrépressible de m’y retrouver que la première fois où je regardais ce festival comme une mythologie inaccessible, réminiscence jubilatoire de mes souvenirs d’enfance, de l’image d’Epinal d’un festival idéalisé à travers le petit écran qui me renvoyait le cliché insaisissable et majestueux d’un cénacle impénétrable (aussi loin que je me souvienne j’ai toujours regardé les cérémonies d’ouverture et de clôture et j'ai toujours regardé avec intérêt la sélection cannoise), idéalisé comme un diamant pur et étincelant (j’ignorais alors que le diamant, en plus de briller, fasciner, peut dangereusement éblouir et surtout couper, blesser) j’éprouverai cette même tentation inassouvissable de suspendre le vol du temps, de retarder l’arrivée à Cannes, pour prolonger les rêveries insensées (forcément moins que la réalité) et la délectable construction imaginaire de ce que pourra être ce festival ...

    58161039.jpg Et puis, à peine arrivée, savoureusement éblouie et réjouie par les premiers rayons du soleil tant attendus qui caresseront mon regard assoiffé de lumière et de celles du cinéma,  j’irai me perdre dans la foule si pressée et atypique du festival qui mieux que nulle autre sait être passionnément exaltée et aussi impitoyable avec la même incoercible exaltation, chercher mon badge, précieux sésame tant honni pour leur être inaccessible pour certains (heureux ignorants de l'insondable hiérarchie festivalière), fièrement exhibé par ses 28600 possesseurs (25000 professionnels, 3600 journalistes) et puis ce seront les retrouvailles avec ceux que j’ai le plaisir d’y croiser chaque année, et puis l’ouragan cannois va m’emporter dans son ivresse cinéphilique et festive, probablement me faire oublier que cela ne durera pas toujours, que la vie ne peut pas toujours ressembler à un tel cinéma , que cette extravagance n’est qu’à Cannes une quotidienneté, que la vraie vie peut aussi être ailleurs, que Cannes n’est pas le centre du monde et le monde à lui tout seul, juste le monde cinématographique, et encore 12 jours seulement, avec ses excès, ses instants magiques, ses instants réellement irréels, où un peu comme Anconina dans « Itinéraire d’un enfant gâté » on ne cesse d’être surpris, de s'acharner à ne pas le paraître,  même si d'autres sont vraiment blasés, tristement: valse troublante des apparences que Cannes exhale et exhibe, adore et abhorre. Cannes décidément si versatile et éclectique. Itinéraire d’enfants gâtés donc. Oui, à Cannes, nous sommes tous des enfants gâtés, capricieux qui oublions le lendemain, qui oublions que tout doit finir un jour, que la vie ne peut être une fête et un spectacle et une histoire et une nuit sans fin. Même les films de Fellini ou Kusturica seraient (presque) des symboles de sobriété à côté de l’irréalité cannoise : inénarrable aventure, cinématographique. Emotionnelle, surtout.

    555168588.jpg J’ai bien entendu d’ores et déjà envie de voir « Changeling »-L’échange - de Clint Eastwood, « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen (que serait un festival sans un film de Woody Allen dont le dernier film "Le rêve de Cassandre" était d’ailleurs encore exceptionnel !), « Ashes of time redux » de Wong Kar Wai dont chaque projection cannoise est un évènement, « Un conte de noël » de Arnaud Desplechin, « Entre les murs » de Laurent Cantet, « 24 City » de Jia Zhangke, « Che » de Steven Soderbergh, « Two lovers » de James Gray (qui peut-être cette année recevra la récompense qu’il aurait déjà méritée l’an passé pour « La nuit nous appartient »), la leçon de cinéma de Tarantino, « Tokyo » à Un Certain Regard, « Les Bureaux de Dieu » de Claire Simon à la Quinzaine des Réalisateurs (avec le souvenir incandescent de son magnifique « Ca brûle » déjà présenté à la Quinzaine il y a deux ans), les courts-métrages de la Cinéfondation..., d’être surprise, émue, bouleversée, interpellée ou même heurtée par les films de cinéastes dont je n’attends ni ne connais rien, de voir la mer aussi parce qu’à Cannes on aurait tendance à oublier qu’elle est là, émergeant péniblement entre les affiches de films et les yachts qui l’obscurcissent à perte de vue.

    846579135.jpgJ’essaierai aussi évidemment de voir un maximum de films de la compétition officielle pour vous en dresser un tableau d’ensemble mais n’oubliez pas que Cannes est lui-même un excellent film qui fait son propre cinéma où rien ne se passe jamais comme prévu. Par ailleurs, il n’est pas exclu que le wifi très sollicité ne fonctionne pas dès le premier soir mais, soyez-en certains, même avec un peu de retard, je n’oublierai pas de vous immerger « in the mood for Cannes ».

    Alors... prêts à plongez « in the mood for Cannes » et vivre ce 61ème Festival de Cannes comme si vous y étiez ? Alors rendez-vous ici le 14 Mai pour suivre:

                        LE 61ème  FESTIVAL DE CANNES  EN DIRECT SUR IN THE MOOD FOR CANNES DU 14 AU 25 MAI 2008

    1091724764.jpg

    1704328006.JPGToutes les notes concernant le Festival de Cannes 2008 seront publiées sur   « In the mood for Cannes », et vous pouvez par ailleurs d’ores et déjà y trouver la programmation intégrale du festival, de nombreuses informations pratiques, de nombreux articles…

    Vous pouvez aussi retrouver mes récits des Festivals de Cannes 2005, 2006, 2007 (une partie du blog « In the mood for Cannes » est consacrée aux 60 ans du Festival avec de nombreuses critiques, des vidéos, des photos…) en cliquant sur l’année qui vous intéresse.

    Pour le reste de l'actualité cinématographique, rendez-vous sur mon blog principal "In the mood for cinema" ou sur "In the mood for Deauville" pour ceux qui s'intéresseraient aux Festivals du Cinéma Américain et du Cinéma Asiatique de Deauville.

    Festivalièrement vôtre.  A très bientôt en direct de la Croisette, in the mood for Cannes donc!

    Sandra.M798889105.JPG

     

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  • Dès demain, le 60ème Festival de Cannes en direct sur "In the mood for Cannes"

    medium_afficge.5.JPG Demain, le dérisoire deviendra essentiel. L’éphémère paraîtra éternel. Les étoiles éphémères se donneront l’illusion d’être éternelles, aussi. Demain, sur la Croisette, le soleil sera aussi imperturbable que l’obscurité rassurante du Grand Théâtre Lumière. Demain, la vie, la ville feront leur cinéma. Demain, on se donnera des airs d’insouciance ou de préoccupation ultimes. Demain, l’atmosphère ressemblera à cette, surréaliste, d’un film de Fellini. Demain, tout le monde se vantera d’avoir connu Fellini, au moins, ou d’être le futur Fellini, au moins aussi. Demain, la modestie sera certainement suspectée, là où tout est excessif, paroxystique, démesuré...cinématographique. Demain, un court instant, je me demanderai ce que je fais dans cette folie effrénée. Demain, un long moment, je me dirai que malgré tout, c’est une chance d’être là où bat le cœur du cinéma. Demain, je me griserai de ce tourbillon filmique. Demain, l’improbable sera roi, et la futilité parfois, reine maudite, incontournable, nécessaire, finalement amusante. Demain, je « sera » une autre, ils s’amuseront à être « des autres ». Demain, demain donnera l’impression de durer toujours et le lendemain de ne jamais survenir ou compter. Demain, je serai ravie d’être au Festival de Cannes pour vous le relater en direct. Demain, plongez « in the mood for Cannes » et suivez le Festival de Cannes sur ce blog…comme si vous y étiez !

     

    Sandra.M

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  • Editorial n°1. Pourquoi ce blog? Pour qui?

    medium_photosordi_1470bis.JPG« Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion. » Telle est la citation d’exergue (empruntée au philosophe Saint-Augustin) de mon autre blog « In the mood for cinema » dont celui-ci est la continuité. Se perdre avec délice et non s’y égarer. Ce blog entièrement consacré au Festival de Cannes et à ses 60 ans est là pour vous guider dans ses méandres labyrinthiques. Vous guider en vous donnant de nombreuses clefs pour en entrouvrir les portes nimbées de mystère, pour en gravir les marches auréolées de secrets et d’images mythiques. Par des critiques de films. Par des articles sur l’ambiance, les coulisses, les jurys, toutes les sélections : Quinzaine des Réalisateurs, Un Certain Regard, Semaine de la Critique, Sélection officielle (films en compétition et hors compétition), Cinéfondation, Cannes Classics, courts métrages, leçons de cinéma. En vous emmenant au Marché du film, aussi. Par de nombreux renseignements pratiques également, notamment grâce à de nombreux liens. Par des interviews inédites et si possible, à terme, des reportages vidéo sur le festival.  Par un ton personnel, singulier donc . Par des récits sur son atmosphère frénétique, vertigineuse, grisante et hypnotique. Sur sa vie diurne et nocturne. Des salles obscures aux lumières, parfois aveuglantes, de la Croisette. A l’exemple de mes comptes-rendus sur le Festival de Cannes 2005 et sur le Festival de Cannes 2006 publiés sur « In the mood for cinema ».

    medium_photosordi_1585.JPG Cannes passionnément : tour à tour haïssable et adorable donc. Effrayante et fascinante. Là où la réalité titube, où la vie virevolte.  Là où le cinéma est omniprésent, omniscient, omnipotent même. Fête du cinéma. De tous les cinémas. Des courts métrages notamment avec la Cinéfondation. Des premiers et des seconds films avec la Semaine de la Critique etc. Fête des cinémas du monde entier. Cannes, miroir grossissant et informant du monde, déroutant parfois aussi. Reflet de ses colères, de ses blessures, de sa poésie.  Cannes qui brandit le poing comme Pialat. Cannes qui embrasse, complimente et encense comme Benigni. Qui émeut aussi, violemment même parfois. Cannes, tourbillon de la vie, envoûtant comme la voix de Jeanne Moreau. Tourbillon de cinéma aussi, évidemment. Cannes et ses rituels, sublimes et parfois ridicules, futiles et nécessaires, dérisoires et essentiels. Cannes hiérarchique et arrogante où, soudain, subrepticement, magnifiquement surgissent des instants de grâce. Cannes et ses applaudissements effrénés, ses réactions exacerbées, ses émotions démultipliées, ses regards parfois blasés, harassés,  rassasiés. Rassasiés de feindre d’être blasés. Rassasiés d’images. Rassasiés d’hypocrisie, là où, medium_photosordi_793.jpgaussi, elle est « un vice à la mode » et, là où aussi, elle « passe pour vertu ». Ou, comme le mien, captivé et curieux, le plus souvent. Cannes et sa frénésie : de fêtes, de bruit, de rumeurs, de scandales, de cinéma, surtout, malgré tout. Cannes effervescente qui s’enivre de murmures, qui se grise de lumières éphémères, qui s’en étourdit oubliant presque celles du Septième Art. Cannes magique, insaisissable. Cannes versatile. Cannes excessive. Prompte à magnifier ou détruire. A déifier ou piétiner. Cannes où des rêves achoppent, où des illusions se brisent, où des projets s’esquissent, où des carrières s’envolent, où des films vous éblouissent, où des regards étincellent, où des cinéastes émergent, se révèlent au monde, nous révèlent un monde. Le leur. Le nôtre. Cannes et sa palme. D’or et de bruit et de lumières. Tonitruante, retentissante, scintillante. Cannes aux intentions pacifistes, aux débats presque belliqueux. Cannes paradoxale.  Multiple et unique. Inimitable.

    medium_ans.2.JPGCannes fête ses 60 ans. Ce sera mon septième festival de Cannes. D’abord, je l’ai vu de loin, si medium_cannes4.JPGproche et si inaccessible. Antre du cinéma dont les portes me paraissaient hermétiquement closes. Puis, j’y suis retournée, en 2001, grâce au prix de la jeunesse qui permet, suite à un concours, à des cinéphiles de France et d’Europe de participer au festival. Puis, j’y suis retournée, une année accréditée Cannes Cinéphiles. Puis, depuis 4 ans, accréditée professionnelle (étudiante ou scénariste selon les années).  Avec toujours, plus que jamais, cette même soif insatiable medium_photosordi_1380.JPGde septième art, de découvertes, cette avidité d’aiguiser mon regard, de le confronter, de le faire briller aussi, souvent. Avec cette envie de partager cette passion, ce périple palpitant, ces instants surréalistes, presque irréels, ces moments insolites, parfois improbables, de vous faire partager mon enthousiasme pour des cinéastes ou des films, ma passion viscérale et dévorante pour le cinéma, ma perplexité medium_photosordi_1124.jpgaussi parfois. Susciter absolument votre curiosité de cinéphile en tout cas. Ce blog est donc affranchi de toute influence et bien sûr entièrement indépendant du site officiel. Ma liberté d’écriture s’arrête néanmoins où commence la sensibilité artistique des autres. Je sais trop à quel point un film est une aventure prenante, un combat de chaque instant, magnifique et périlleux, pour  exercer ici une critique gratuitement assassine.

    medium_cannes1.JPGDix jours hors du temps, hors du monde, à le scruter medium_cannes2.JPGpourtant, à s’y immerger, à s’y noyer presque dans une profusion d’images. Dix jours à dérouler des kilomètres de pellicules. A fouler des kilomètres de tapis rouge. Dix jours intenses que je veux vous faire partager. Dix jours d’immersion cinématographique et festivalière. Ce blog est ainsi autant destiné aux festivaliers qu’à ceux qui veulent suivre le festival de loin, aux professionnels qu’aux cinéphiles…mais avant tout aux passionnés. Qui veulent se perdre dans leur passion sans s’égarer donc.

    medium_cannes_2003.JPGPlongez avec nous « In the mood for Cannes »… Viva il cinema !

     

    Vous avez des suggestions ? Un site intéressant concernant le festival à faire connaître ? Vous êtes un sponsor intéressé par ce blog ? Vous pouvez me contacter par email ( festival.cinema@laposte.net ) ou laisser un commentaire à la suite de cet article.

     

    Pour en savoir plus sur l'auteur de ce blog c'est ici: CV cinématographique.

    Sandra.M

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