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COMPETITION OFFICIELLE - Page 12

  • Présentation de "Cosmopolis" de David Cronenberg avec Robert Pattinson et vidéo de Robert Pattinson - Compétition officielle du Festival de Cannes 2012

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    Sans aucun doute "Cosmopolis" de David Cronenberg fait partie des films attendus de ce Festival de Cannes 2012. J'essaierai d'aller le voir pour vous en livrer ma critique ici. En attendant, pour vous faire patienter, je vous propose de gagner 10 bandes originales et 10 affiches du film (chacun des 10 gagnants remportera la bande originale ET l'affiche) en vous rendant sur http://www.inthemoodforcinema.com http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2012/05/10/concours-gagnez-10-affiches-et-10-bandes-originales-de-cosmo.html  .

    Le film sort en salles le 25 mai 2012.

    Synopsis: Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

    Cosmopolis est l'adaptation du treizième roman du célèbre auteur américain Don DeLillo, publié en 2003, avait, à l'époque, reçu des critiques majoritairement négatives. Le roman est considéré comme prémonitoire de par son point de vue sur les défauts du système financier international.

    Sept ans après « A History of Violence », David Cronenberg se retrouve de nouveau en compétition au Festival de Cannes avec « Cosmopolis" après avoir été en sélection à plusieurs reprises : en 1996 pour « Crash » ( Prix Spécial du Jury), en 2002 pour "Spider" et, entre les deux, il avait également été Président du Jury (1999, « Rosetta » avait alors eu la palme d’or).

    Pour sa première année de présence sur la Croisette, Robert Pattinson devrait ici rompre avec son image de gentil vampire de la saga « Twilight » après avoir joué dans « De l'eau pour les éléphants » et « Remeber me ». C'est aussi la première fois qu'il est dirigé par un réalisateur aussi reconnu que David Cronenberg.

    On retrouve, au casting les acteurs français Mathieu Amalric et Juliette Binoche

    Howard Shore, oscarisé pour son travail sur "Le Seigneur des Anneaux", a composé la musique de tous les films de David Cronenberg depuis Chromosome 3 (à l'exception de Dead Zone). Cosmopolis ne déroge donc pas à la règle et marquera la quinzième collaboration entre les deux hommes.

    A cette occasion, je vous propose également de retrouver ma critique de "De l'eau pour les éléphants" , ma vidéo de la conférence de presse avec Robert Pattinson, ci-dessous et retrouvez ma critique du film et les photos de la conférence de presse en cliquant ici.

     

     
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  • "Après la bataille" de Yousry Nasrallah - Compétition officielle du Festival de Cannes 2012

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    Je poursuis mes présentations des films de la sélection officielle que j'attends le plus parmi lesquels "Après la bataille" ( titre inspiré de Victor Hugo?) de l'Egyptien Yousry Nasrallah. La palme d'or a souvent été attribuée à des films avec une forte résonance politique eu égard au retentissement international du festival. Par ailleurs, le président du jury de ce Festival de Cannes 2012  est un cinéaste engagé. Déjà deux bonnes raisons pour en faire un candidat sérieux à la palme d'or, le sujet de ce film étant le printemps égyptien mais se contenter de dire cela serait évidemment réducteur. Cannes est avant tout un festival de cinéma (et non politique) et, évidemment, rien n'est joué d'avance.

    Yousry Nasrallah, présent pour la 4ème fois à Cannes cette année,  en 2011,  avait filmé en vidéo les manifestants de la place Tahrir pendant le printemps arabe et avait ainsi participé au film collectif 18 jours (en séance spéciale).  

    Nasrallah fut  l'assistant  de Youssef Chahine au début de sa carrière, et  a coécrit avec lui  Adieu Bonaparte et Alexandrie encore et toujours.

    En bonus, retrouvez ma critique de "Femmes du Caire" de Yousry Nasrallah.

    "Après la bataille" avec Mena Shalaby, Bassem Samra... - 2 h 06

    Synopsis:

    Mahmoud est l’un des «cavaliers de la place Tahrir» qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, chargent les jeunes révolutionnaires.
    Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied…
    C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de Reem, une jeune égyptienne divorcée, moderne, laïque, qui travaille dans la publicité. Reem est militante révolutionnaire et vit dans les beaux quartiers. Leur rencontre transformera le cours de leurs vies…

    Films présentés à Cannes par Yousry Nasrallah

     2011 - TAMANTASHAR YOM (18 JOURS)- Séances spéciales Réalisation

    2004 - BAB EL CHAMS (LA PORTE DU SOLEIL)- Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues

    1988 - SARIKAT SAYFEYA (VOLS D'ÉTÉ)- Section parallèle Réalisation

    Membre du Jury

    2005 - Courts métrages Cinéfondation - Membre

     

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    En mai dernier sortait « Femmes du Caire » de Yousry Nasrallah. Je l’avais alors manqué. Je viens de me rattraper grâce à sa sortie récente en DVD.

    Embarquement donc pour l’Egypte et plus précisément Le Caire où vivent Hebba et Karim, couple de journalistes à succès, jeunes, riches et beaux. Hebba anime ainsi un talk-show populaire et insolent. Sous la pression de son mari, dont la carrière est menacée par son émission, elle accepte de délaisser les sujets politiques pour se consacrer aux faits divers féminins…mais elle se retrouve rapidement en terrain miné.

    Dès le premier plan d’une caméra qui s’immisce avec fluidité dans l’appartement d’Hebba et Karim, la réalisation de Yousry Nasrallah capte notre attention par la beauté et la rigueur frappantes de sa composition visuelle et montre aussi toute l’intelligence de cette réalisation « signifiante », la caméra se glissant dans l’intérieur comme le film va le faire dans la vie des femmes du Caire, et comme Hebba va le faire avec ces dernières.

    La construction scénaristique est aussi habile que la réalisation puisque l’émission d’Hebba va nous permettre de voir trois histoires racontées en flashback, illustrant chacune différemment le climat de misogynie et de corruption qui règne au Caire où les femmes subissent un « voile de l’esprit », et sont constamment sous surveillance, privées d’autonomie.

    « Tout est politique » comme le faire dire Nasrallah à un de ses personnages. Et ce film, sans concessions, l’est indéniablement mais sans jamais oublier que le spectateur est là (aussi) pour se distraire, pour qu’on lui raconte une histoire. Le message n’en est que plus efficace lorsqu’il est aussi subtilement délivré, et ne peut que nous frapper en plein cœur.

    Une plongée dans la violence d’une société qui asphyxie celles qui ne souhaitent pas s’y soumettre, et se soumettre à ses règles du jeu traditionnalistes. « Femmes du Caire » est un film politique et populaire, tragique et sensuel, un plaidoyer pour la cause des femmes en quête d’émancipation en Egypte dont chaque histoire trace magnifiquement le portrait, sublimé par une très belle esthétique, dans la droite lignée du cinéma du grand Youssef Chahine. Un hymne féministe à la féminité et , au-delà, un très beau film servi par un scénario et une mise en abyme ingénieuse et des acteurs intenses! Je vous le recommande vivement.

    "Femmes du Caire" a été sélectionné aux festivals de Toronto et Venise.

    Retrouvez-moi en direct du Festival de Cannes du 16 au 28 mai sur http://www.inthemoodforcinema.com , http://inthemoodlemag.com et http://www.inthemoodforcannes.com et retrouvez alors mes critiques des films en compétition.

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  • Présentation de "Vous n'avez encore rien vu" de Alain Resnais - Compétition officielle du Festival de Cannes 2012

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    Alain Resnais fait partie de ces cinéastes dont je ne manque aucun film et dont chaque film est une preuve d'inventivité, de jeunesse d'esprit et de talent incontestable. C'est donc avec beaucoup d'impatience que j'attends ce "Vous n'avez encore rien vu" (en salles le 26 septembre 2012) en compétition officielle, trois ans après la présentation des "Herbes folles" à Cannes. Cette même année, il avait reçu un prix exceptionnel pour l'ensemble de sa carrière et sa contribution à l'histoire du cinéma.

    Même si le film est officiellement inspiré de la pièce "Euridyce" de Jean Anouilh, il s'agit en réalité d'une adaptation très libre, qui pourrait davantage s'apparenter à un hommage (aussi au cinéma et au théâtre en général) avec un savant jeu de mises en abyme.

    Le film a été tourné dans les studios de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.

    « Vous n'avez encore rien » marque  la neuvième collaboration entre le cinéaste Alain Resnais et l'actrice Sabine Azéma.  André Dussolier et Pierre Arditi, quant à eux, ont respectivement sept et huit films tournés  sous la direction du cinéaste.

    Synopsis:

    Après sa mort, Antoine, homme de théâtre, fait convoquer chez lui tous ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions de sa pièce Eurydice. Il a enregistré, avant de mourir, une déclaration dans laquelle il leur demande de visionner une captation des répétitions de cette pièce : une jeune troupe lui a en effet demandé l'autorisation de la monter et il a besoin de leur avis...

     

    Films présentés à Cannes par Alain Resnais

    • 2009 - LES HERBES FOLLES- En Compétition Réalisation
    • 2009 - LOIN DU VIETNAM- Cannes Classics Réalisation
    • 2002 - JE T'AIME JE T'AIME- Hommage Réalisation
    • 1980 - MON ONCLE D'AMÉRIQUE- En Compétition Réalisation
    • 1974 - STAVISKY- En Compétition Réalisation
    • 1968 - JE T'AIME, JE T'AIME- En Compétition Réalisation
    • 1959 - HIROSHIMA, MON AMOUR- En Compétition Réalisation
    • 1957 - TOUTE LA MÉMOIRE DU MONDE- En Compétition Réalisation, Montage
    • 1947 - PARIS 1900- En Compétition Scénario & Dialogues

    Le Palmarès de Alain Resnais à Cannes

    • 2009 - Prix exceptionnel pour l'ensemble de sa carrière et sa contribution à l'histoire du cinéma - LES HERBES FOLLES - Long métrage
    • 1980 - Prix de la Critique Internationale - F.I.P.R.E.S.C.I. - MON ONCLE D'AMÉRIQUE - Long métrage
    • 1980 - Grand Prix Spécial du Jury - MON ONCLE D'AMÉRIQUE - Long métrage

     

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  • Présentation de "Killing them softly" de Andrew Dominik (compétition officielle du Festival de Cannes 2012)

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    Avec "Killing them soflty", le néozélandais (de naissance du moins puisque lui et sa famille se sont installés en Australie alors qu'il n'avait que 2 ans), Andrew Dominik  fait son entrée à Cannes, qui plus est en compétition, pour ce qui est seulement son troisième film après "Chopper" et le mémorable "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford". Avant de vous présenter "Killing them softly", je ne peux pas ne pas vous parler en quelques mots de son précèdent film, un de mes plus grands chocs cinématographiques du Festival du Cinéma Américain de Deauville où l'équipe l'avait présenté en avant-première en 2007 ( mes photos ci-dessous).

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    D’abord il est difficile de définir ce film qui reprend certes les codes du western mais qui les détourne majestueusement. Tout comme le titre nous donne une fausse piste. Evidemment il s’agit bien de l’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Mais au final, peut-on parler d’assassinat ? Ou d’une bête traquée qui, lasse ou provocante, défie la mort ? Peut-on parler de lâcheté à propos de Robert Ford ? Ce titre, finalement très brillant et loin d’être anodin, évacue d’emblée ce que nous savons déjà parce que l’intérêt est ailleurs. Et si ce film renouvelle le genre, c’est parce qu’il instille la psychologie, aux antipodes du manichéisme habituellement érigé en principe du western. Les héros sont aussi vulnérables. Ils ne sont pas invincibles. C’est en effet un duel psychologique palpitant. Une lutte entre deux hommes. Une lutte interne pour chacun d’eux aussi. Robert Ford partagé entre sa vénération pour Jesse James et son désir de gloire de cet homme érigé en héros qu’il vénère autant qu’il désirerait prendre sa place. Entre l’adoration et la haine. Entre l’innocence, l’arrogance et l’ambition. Finalement si proches et peut-être si indissociables. Qui peut mieux haïr que celui qui a le plus adulé? La passion est versatile dans ses excès. Jesse James est en proie à ses démons. Robert Ford idolâtre Jesse James. Jesse James lui demande un jour s’il veut « être lui » ou « être comme lui ». La passion, elle aussi, elle surtout, a des raisons que la raison ne connaît pas.

     Quelques plans font songer à « La prisonnière du désert » et pourtant ce film ne ressemble à aucun autre. La course des nuages que le réalisateur filme à l’envie et par lequel débute le film nous fait d’abord craindre un film caricatural. Il annonce simplement la poésie de ce film imprégné d’une lumière crépusculaire. Les interprétations parfaites et même impressionnantes de Brad Pitt et Casey Affleck ajoutent à l’intensité de ce film magistral. Notre respiration est suspendue. Tout peut basculer d’un instant à l’autre. Le doute s’immisce dans les esprits. Le lion peut rugir à tout instant. Un regard qui se brouille. Une agitation inhabituelle. Rien ne lui échappe. C’est d’une intensité hitchcockienne. Voilà, c’est un western hitchcockien, un western d’auteur. Rien n’est superflu.

     Ce film est l’histoire d’une légende qu’en interprète une autre. Un film d’une grande modernité qui renouvelle le genre. Un western qui s’appréhende comme un thriller psychologique. Une œuvre sombrement poétique et mélancolique, lyrique. Un voyage dans des âmes tourmentées et complexes. Un grand film d’une rare richesse psychologique et d’une grande beauté formelle. Qui nous parle d’un monde qui a fait d’un criminel un héros. Qui nous parle aussi du nôtre. Qui fabrique des légendes. Des lions en cage, celle de leur âme, celle que leur fabriquent ceux qui les traquent, impitoyablement, inlassablement. Un conte de fée des temps modernes. Un film unique qui donne finalement l’impression d’avoir accompagné la course des nuages dans leur voyage sombrement poétique d’une beauté et d’une profondeur indicibles et tellement magique. (Retrouvez mon article complet et le récit de la conférence de presse deauvillaise en cliquant ici).

    Cette fois-ci, il ne s'agira cependant pas d'un western mais d'un film qui se rapproche davantage du premier film du cinéaste "Chopper" (le portrait d'un tueur australien de dealers).

     Killing Them Softly est ainsi une adaptation du roman « Cogan's Trade » de George V. Higgins.

    Synopsis : Jackie Cogan, un homme de main, est chargé d’enquêter sur un vol qui s’est déroulé lors d’un tournoi de poker organisé par la Mafia.

    Ce film sera aussi l’occasion d’une montée des marches prestigieuses et le retour de Brad Pitt à Cannes qui, entre « Babel » et « Inglourious basterds » pour lesquels il était venu à Cannes, fait toujours preuve de choix judicieux, souvent audacieux (voir article suivant).

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  • Présentation de "Amour" de Michael Haneke (compétition officielle du Festival de Cannes 2012) et critique du "Ruban blanc" (palme d'or 2009)

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                                                                © Les Films du Losange

    Certains s'offusqueront certainement à nouveau du fait que les mêmes, souvent, sont sélectionnés à Cannes mais comment ne pas sélectionner un film d'un auteur tel que Michael Haneke?  Après le grand prix du jury en 2001 (pour "La Pianiste"), le prix de la mise en scène en 2005 (pour "Caché") et la palme d'or en 2009 (pour "Le Ruban blanc" -voir ma critique ci-dessous-), il ne fait aucun doute que Michael Haneke peut encore nous surprendre dans ce film qui signe le grand retour de Jean-Louis Trintignant (qui, en 1966, avait déjà eu les honneurs du festival puisque "Un homme et une femme" de Claude Lelouch avait remporté la palme d'or, un film auquel succéderont 8 autres films en compétition dans lesquels il joue également) qui aura pour partenaire l'inoubliable actrice de "Hiroshima mon amour" d'Alain Resnais (lui aussi en compétition cette année) Emmanuelle Riva.

    Synopsis : Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite.
    Leur fille, également musicienne, vit à l'étranger avec sa famille.
    Un jour, Anne est victime d'un accident.
    L'amour qui unit ce couple va être mis à rude épreuve.

    Avec :  Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert

    Sortie en salles : le 24 octobre 2012

     

    Films présentés à Cannes par Michael Haneke

    • 2009 - DAS WEISSE BAND (LE RUBAN BLANC)- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 2005 - CACHÉ- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 2003 - LE TEMPS DU LOUP- Hors Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 2001 - LA PIANISTE- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 2000 - CODE INCONNU- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 1997 - FUNNY GAMES- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 1994 - 71 FRAGMENTE EINER CHRONOLOGIE DES ZUFALLS (71 FRAGMENTS D'UNE CHRONOLOGIE DU HASARD)- Section parallèle Réalisation
    • 1992 - BENNY'S VIDEO- Section parallèle Réalisation
    • 1989 - DER 7 KONTINENT (LE SEPTIÈME CONTINENT)- Section parallèle Réalisation

    Le Palmarès de Michael Haneke à Cannes

    • 2009 - Palme d'Or - DAS WEISSE BAND (LE RUBAN BLANC) - Long métrage
    • 2005 - Prix de la mise en scène - CACHÉ - Long métrage
    • 2001 - Grand Prix - LA PIANISTE - Long métrage

    CRITIQUE DU "RUBAN BLANC" DE MICHAEL HANEKE

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    Photo: inthemoodforcannes.com (clôture du Festival de Cannes 2009)

    En raison de l’inimitié ou de la potentielle rancœur subsistant entre Isabelle Huppert et Quentin Tarantino suite à leurs dissensions lors du casting d’ « Inglourious Basterds » et du lien particulier qui unit cette dernière à Haneke ( « La Pianiste » du même Haneke lui a valu un prix d’interprétation cannois), je supposai que « Le ruban blanc » devait être un chef d’œuvre tel que ce prix mettait la présidente du jury 2009 hors du moindre soupçon d’avoir favorisé le réalisateur autrichien, pour des raisons autres que cinématographiques.

    Alors, « un ruban blanc » est-il ce chef d’œuvre irréfutable faisant de cette palme d’or une évidence ?

     

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    Haneke est aussi outrancier dans l’austérité que Tarantino l’est dans la flamboyance. Leurs cinémas sont à leurs images, extrêmes. Alors difficile de comparer deux films aussi diamétralement opposés même si pour moi l’audace, l’inventivité, la cinéphilie de Tarantino le plaçaient au-dessus du reste de cette sélection 2009. Audace, inventivité, cinéphilie : des termes qui peuvent néanmoins tout autant s’appliquer à Haneke même si pour moi « Caché » (pour lequel il avait reçu un prix de la mise en scène en 2005) méritait davantage cette palme d’or (et celui-ci un Grand Prix) qui, à défaut d’être une évidence, se justifie et se comprend aisément.

     

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     Synopsis : Un village de l’Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre Mondiale. Un instituteur raconte l’histoire d’étranges incidents qui surviennent dans la petite communauté protestante formée par les élèves et leurs familles. Peu à peu, d’autres accidents surviennent et prennent l’allure d’un rituel primitif.

    Quel qu’en soit l’enjeu et aussi âpre soit-elle, Haneke a le don de créer une atmosphère quasi hypnotique, et de vous y plonger. L’admiration pour la perfection formelle l’emporte toujours sur le rejet de l’âpreté, sur cette froideur qui devrait pourtant nous tenir à distance, mais qui aiguise notre intérêt, notre curiosité. La somptuosité glaciale et glaçante de la réalisation, la perfection du cadre et des longs plans fixes où rien n’est laissé au hasard sont aussi paralysants que l’inhumanité qui émane des personnages qui y évoluent.

    Derrière ce noir et blanc, ces images d’une pureté étrangement parfaite, à l’image de ces chérubins blonds symboles d’innocence et de pureté (que symbolise aussi le ruban blanc qu’on leur force à porter) se dissimulent la brutalité et la cruauté.

    L’image se fige à l’exemple de cet ordre social archaïquement hiérarchisé, et de cette éducation rigoriste et puritaine dont les moyens sont plus cruels que les maux qu’elle est destinée prévenir et qui va provoquer des maux plus brutaux encore que ceux qu’elle voulait éviter. La violence, au lieu d’être réprimé, s’immisce insidieusement pour finalement imposer son impitoyable loi. Cette violence, thème cher à Haneke, est toujours hors champ, « cachée », et encore plus effrayante et retentissante.

    Ce ruban blanc c’est le symbole d’une innocence ostensible qui dissimule la violence la plus insidieuse et perverse. Ce ruban blanc c’est le signe ostentatoire d’un passé et de racines peu glorieuses qui voulaient se donner le visage de l’innocence. Ce ruban blanc, c’est le voile symbolique de l’innocence qu’on veut imposer pour nier la barbarie, et ces racines du mal qu’Haneke nous fait appréhender avec effroi par l’élégance moribonde du noir et blanc.

    Ces châtiments que la société inflige à ses enfants en évoquent d’autres que la société infligera à plus grande échelle, qu’elle institutionnalisera même pour donner lieu à l’horreur suprême, la barbarie du XXème siècle. Cette éducation rigide va enfanter les bourreaux du XXème siècle dans le calme, la blancheur immaculée de la neige d’un petit village a priori comme les autres.

    La forme démontre alors toute son intelligence, elle nous séduit d’abord pour nous montrer toute l’horreur qu’elle porte en elle et dissimule à l’image de ceux qui portent ce ruban blanc.

    Que dire de l’interprétation ? Elle est aussi irréprochable. Les enfants jouent avec une innocence qui semble tellement naturelle que l’horreur qu’ils recèlent en devient plus terrifiante encore.

    Avec une froideur et un ascétisme inflexibles, avec une précision quasi clinique, avec une cruauté tranchante et des dialogues cinglants, avec une maîtrise formelle fascinante, Haneke poursuit son examen de la violence en décortiquant ici les racines du nazisme, par une démonstration implacable et saisissante. Une œuvre inclassable malgré ses accents bergmaniens.

    Un film à voir absolument. L'oeuvre austère, cruelle, dérangeante, convaincante, impressionnante d'un grand metteur en scène.

     

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  • Présentation de "De rouille et d'os" de Jacques Audiard (competition officielle du Festival de Cannes 2012)

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    Je continue  mes présentations des films de ce Festival de Cannes 2012 que j'attends le plus. Après le film d'Abbas Kiarostami, celui de Jacques Audiard "De rouille et d'os" qui signe le retour au cinéma et à Cannes du cinéaste après le grand prix reçu pour "Un Prophète", en 2009. Ce film adapté d'un recueil de nouvelles de Craig Davidson  sortira en salles, le 17 mai, et ne devrait laisser personne indifférent entre le casting impressionnant (avec notamment Marion Cotillard pour la première fois en compétition à Cannes), un sujet en or, et une bande-annonce qui promet déjà le meilleur pour la mise en scène . Alors, après un prix du meilleur scénario en 1996 pour "Un héros très discret" et un grand prix en 2009 pour "Un Prophète", l'année 2012 sera-t-ellle celle de la palme d'or pour Jacques Audiard? Du prix d'interprétation pour Marion Cotillard ou Matthias Schoenaerts? Réponse le 27 Mai! En attendant, je ne manquerai pas d'aller voir le film à Cannes pour vous en livrer ma critique.

    Synopsis:

     Ça commence dans le Nord.

    Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau.

    A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone.

    Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose.

    Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.

    Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant

    : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions.

    Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.

    Avec: Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Armand Verdure, Céline Sallette, Corinne Masiero, Bouli Lanners et Jean-Michel Correia

     

    NOTE DE REALISATION (extraite du site officiel du film)
    Il y a quelque chose de saisissant dans le recueil de nouvelles de Craig Davidson «Un Goût De Rouille Et d’Os»: le tableau d’un monde moderne vacillant, à l’intérieur duquel des trajectoires individuelles, des destins simples, se trouveraient magnifiés par le drame et les accidents. Une vision des Etats-Unis en univers rationnel où les corps devraient lutter pour trouver leur place, pour tenter de bousculer le sort qui leur est réservé.


    Ali et Stéphanie, nos deux personnages n’existent pas dans les nouvelles, et le recueil de Craig Davidson semble appartenir à la préhistoire du projet, mais la force et la brutalité du récit, la volonté de sublimer les personnages par le drame, par le mélodrame, en sont directement issues.


    Dès le début de notre travail d’adaptation, nous nous sommes tournés vers une forme cinématographique que faute de mieux nous appelions « expressionniste », où la force des images viendrait servir le mélodrame. Une esthétique tranchée, brutale et contrastée. Celle de la Grande Dépression, celle des films de foire, où l’extraordinaire étrangeté des propositions visuelles sublime la noirceur du réel. Celle d’un monde où « Dieu vomit les tièdes ».


    C’est cette forme qui nous a guidés tout au long de l’écriture du scénario. Elle porte cette histoire d’amour qui est le véritable héros du film. Elle est le monde à travers les yeux d’un enfant perdu. Elle rend compte de la noblesse de nos personnages au milieu de la violence d’un monde de catastrophe économique. Elle respecte l’opiniâtreté dont Ali et Stéphanie font preuve pour s’extraire de leur condition.
    Jacques Audiard et Thomas Bidegain

    Films présentés à Cannes

    • 2009 - UN PROPHÈTE- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 1996 - UN HÉROS TRÈS DISCRET- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 1994 - REGARDE LES HOMMES TOMBER- Section parallèle Réalisation

    Le Palmarès

    • 2009 - Grand Prix - UN PROPHÈTE - Long métrage
    • 1996 - Prix du meilleur scénario - UN HÉROS TRÈS DISCRET - Long métrage

     

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  • "Like someone in love" de Abbas Kiarostami et critique de "Copie conforme" de Abbas Kiarostami

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    Jusqu'à l'ouverture du festival, le 16 mai, je vous présenterai régulièrement des films au programme de cette édition 2012 du Festival de Cannes et en particulier les que j'attends tout particulièrement. Je commence avec "Like someone in love" de l'Iranien Abbas Kiarostami, peut-être celui que j'attends le plus (avec trois autres films dont je vous parlerai les jours prochains), une envie de découvrir ce film accrue par cette bande-annonce.

     En bonus, à la fin de cette note, vous retrouverez ma critique de "Copie conforme", film en compétition à Cannes, en 2010 , et pour lequel Juliette Binoche avait reçu le prix d'interprétation (amplement mérité!).

     Kiarostami est parti tourner "Like someone in love" au Japon. Ce sera la 5ème sélection du cinéaste en compétition, à Cannes. Il avait même obtenu la palme d'or en 1997 pour "Le goût de la cerise" (Nanni Moretti faisait partie du jury cette année-là!).

    Synopsis: De nos jours dans une grande ville du Japon. Un vieil universitaire très érudit, garant des traditions ; une jeune et séduisante étudiante, qui doit vendre ses charmes pour payer ses études ; un jeune homme jaloux, dont la violence ne demande qu’à exploser : entre ces trois-là, se nouent en une journée des relations inattendues, qui changeront leurs vies à jamais.

    Avec, Ryo Kase, Denden, Rin Takanashi, Tadashi Okuno

    Films présentés à Cannes

    • 2010 - COPIE CONFORME- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 2007 - CHACUN SON CINÉMA- Hors Compétition Réalisation
    • 2007 - MAN OF CINEMA: PIERRE RISSIENT (HOMME DE CINEMA : PIERRE RISSIENT)- Cannes Classics Images, Interprète
    • 2004 - 10 ON TEN- Un Certain Regard Réalisation
    • 2004 - FIVE- Hors Compétition Réalisation
    • 2003 - TALAYE SORGH (SANG ET OR)- Un Certain Regard Scénario & Dialogues
    • 2002 - TEN- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues
    • 2001 - A.B.C AFRICA- Hors Compétition Réalisation, Montage
    • 1997 - TA'M E GUILASS (LE GOÛT DE LA CERISE)- En Compétition Réalisation, Montage
    • 1994 - ZIRE DARAKHTAN ZEYTON (AU TRAVERS DES OLIVIERS)- En Compétition Réalisation, Scénario & Dialogues, Montage
    • 1992 - ZENDEGI EDAME DARAD (ET LA VIE CONTINUE)- Un Certain Regard Réalisation, Scénario & Dialogues, Montage

    Le Palmarès

    • 1997 - Palme d'Or - TA'M E GUILASS (LE GOÛT DE LA CERISE) - Long métrage

    Membre du Jury

    • 2005 - Caméra d’Or - Président
    • 2002 - Courts métrages Cinéfondation - Membre
    • 1993 - Sélection officielle - Membre

    Critique de "Copie conforme" de Abbas Kiarostami

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    La sélection de ce film a suscité quelques remous avant même son annonce officielle en raison de la présence de Juliette Binoche au casting également sur l'affiche officielle du 63ème Festival de Cannes parce que ce serait susceptible sans doute d'influer sur le vote du jury. Vaine polémique (mais Cannes aime, aussi, les polémiques surtout quand elles sont vaines) à laquelle son jeu magistral est une cinglante réponse.

     

    « Copie conforme » est le premier film du cinéaste iranien tourné hors de ses frontières, un film qu'il a écrit pour Juliette Binoche.

     

    Face à James (William Shimell), un écrivain quinquagénaire anglo-saxon qui donne en Italie, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, une conférence ayant pour thème les relations étroites entre l'original et la copie dans l'art elle est une jeune femme d'origine française, galeriste qu'il rencontre. Ils partent ensemble pour quelques heures à San Gimignano, petit village près de Florence. Comment distinguer l'original de la copie, la réalité de la fiction ? Ils nous donnent ainsi d'abord l'impression de se rencontrer puis d'être en couple depuis 15 ans.

     

    Selon James, lors de sa conférence, une bonne copie peut valoir un original et tout le film semble en être une illustration. James et la jeune femme semblent jouer à « copier » un couple même si la réponse ne nous est jamais donnée clairement. Peut-être est-elle folle ? Peut-être entre-t-elle dans son jeu ? Peut-être se connaissent-ils réellement depuis 15 ans ? Ce doute constitue un plaisir constant pour le spectateur qui devient alors une sorte d'enquêteur cherchant dans une phrase, une expression une explication. Il n'y en aura pas réellement et c'est finalement tant mieux.

     

    Ainsi Kiarostami responsabilise le spectateur. A lui de construire son propre film. Les personnages regardent souvent face caméra en guise de miroir, comme s'ils se miraient dans les yeux du spectateur pour connaître leur réelle identité. « Copie conforme » est donc un film de questionnements plus que de réponses et c'est justement ce qui le rend si ludique, unique, jubilatoire. Le jeu si riche et habité de Juliette Binoche, lumineuse et sensuelle, peut ainsi se prêter à plusieurs interprétations.

     

    Un film qui nous déroute, un film de contrastes et contradictions, un film complexe derrière une apparente simplicité. A l'image de l'art évoqué dans le film dont l'interprétation dépend du regard de chacun, le film est l'illustration pratique de la théorie énoncée par le personnage de James. De magnifiques et longs plans-séquences, des dialogues brillants, une mise en scène d'une redoutable précision achèvent de faire de ce film en apparence si simple une riche réflexion sur l'art et sur l'amour.

     

    William Shimell (chanteur d'opéra dont c'est le premier rôle) et Juliette Binoche excellent et sont aussi pour beaucoup dans cette réussite. Un film sur la réflexivité de l'art qui donne à réfléchir. Un dernier plan délicieusement énigmatique et polysémique qui signe le début ou le renouveau ou la fin d'une histoire plurielle. Un très grand film à voir absolument. Un vrai coup de cœur.

     

    « Copie conforme » est le 9ème film présenté à Cannes par Kiarostami qui a par ailleurs été membre du jury longs métrages en 1993, du jury de la Cinéfondation en 2002 et Président du jury de la Caméra d'Or en 2005. Enfin, il a remporté la Palme d'Or en 1997 pour "Le goût de la cerise."

     

    Juliette Binoche raconte ainsi sa rencontre avec Kiatostami: "Je suis partie en Iran rencontrer Abbas (je l'avais croisé à Cannes, à l'Unesco, chez Jean-Claude Carrière). Il m'a dit "Viens à Téhéran !". Je l'ai cru, j'y suis allée, deux fois. Un soir il m'a raconté l'histoire que nous avons tourné ensemble cet été, il m'a raconté chaque détail, le soutien-gorge, le restaurant, l'hôtel, bref, il m'a dit que c'était une histoire qui lui était arrivée. A la fin, après avoir parlé pendant 45 minutes dans un anglais impeccable, il m'a demandé : "Tu me crois ?". Je lui ai dit : "Oui". Il m'a dit : "Ce n'est pas vrai !". Je suis partie d'un éclat de rire qui lui a donné envie de faire ce film, je crois !", explique-t-elle.

     

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  • Critique de "Drive" de Nicolas Winding Refn - Prix de la mise en scène du Festival de Cannes 2011

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    « Drive » de Nicolas Winding Refn avait créé l’évènement lors du dernier Festival de Cannes duquel il était d’ailleurs reparti avec un prix de la mise en scène. L’ayant alors manqué, je l’a finalement vu à Deauville où il était présenté en avant-première après la remise des trophées du Nouvel Hollywood (nouveauté de ce festival 2011) à Jessica Chastain et Ryan Gosling… en leur absence (mais ne manquez pas le discours de ce dernier lu par Nicolas Winding Refn, petit bijou de lucidité et d’humour).

    Drive est l'adaptation du livre éponyme écrit par James Sallis ; c’est  le scénariste Hossein Amini qui a  transformé le roman en scénario.

     C’est l’histoire d’un jeune homme solitaire, "The Driver" (Ryan Gosling),  qui conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Il a pour « principe » de ne participer aux crimes de ses employeurs qu’en conduisant et de n’être jamais armé. Sa  route croise celle d’Irene (Carey Mulligan) et de son jeune fils, ses voisins, et il succombe rapidement au charme de l’un et l’autre, et réciproquement. Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal… Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…

    Cela commence sur les chapeaux de roue : une mise en scène époustouflante, flamboyante et crépusculaire, qui nous fait ressentir les sensations trépidantes, périlleuses et vertigineuses de ce chauffeur hors pair et  mutique, au sourire retenu, dans une ville de Los Angeles tentaculaire, éblouissante et menaçante. Mais « The Driver » porte un masque, au propre comme au figuré (symbolisme un peu simpliste pour nous dire de nous méfier des apparences qui ne reflètent pas la réalité et pour symboliser la fragile frontière entre cinéma et réalité) et derrière ce chauffeur mutique d’allure plutôt sympathique va se révéler un vengeur impitoyable, sournois et trompeur comme le scorpion qu'il arbore sur sa veste, prêt à tous les excès pour protéger ceux qu’il « aime ».

     La violence psychologique s’annonce palpitante : pris dans un étau, il n’a d’autre solution que de commettre un méfait pour le mari d’Irène, pour sauver celle-ci … malheureusement ce qui dans la première partie s’annonçait comme un film à suspense se transforme en règlement de compte sanguinolent dans lequel l’intrigue devient inexistante et simple prétexte à une suite de scènes sanglantes, invraisemblables et vaines sans parler du personnage féminin totalement velléitaire.

     Là où un cinéaste comme James Gray -même si la mise en scène de Nicolas Winding Refn lorgne plus du côté de celle de Michael Mann- sublime une ville, en l’occurrence New York, et traite lui aussi de vengeance et d’amour, mais sans jamais mettre le scénario de côté, ou sans qu’un de ces aspects prennent le pas sur les autres, Nicolas Winding Refn se laisse entraîner par une sorte de fascination pour la violence (me rappelant ainsi la phrase de Coppola lors de sa master class deauvillaise « Montrer la guerre c’est déjà faire l’éloge de la guerre »), montrant pourtant le temps d’un meurtre sur la plage qu’il savait très bien filmer la mort, avec une force prenante, sans que cela tourne à la boucherie ridicule.

    Ryan Gosling est certes époustouflant (et il a confirmé dans "Crazy, stupid love," la large palette de son jeu et sa capacité à tourner son image en dérision, au passage comédie romantique qui détourne puis respecte habilement les codes du genre) et derrière sa gueule d’ange dissimule une violence froide, se transformant en un vengeur impitoyable qu’il est pourtant difficile de prendre en sympathie ou même en empathie alors que tout au début s'y prêtait pourtant.

    Dommage car la première partie était jubilatoire, réellement, de par la mise en scène qui nous fait éprouver ses sensations de vitesse et de mélancolie vertigineuses (sombre et belle alliance) mais aussi de par les contradictions du personnage principal et des conflits que cela annonçait. Dommage encore car la première partie était particulièrement prometteuse  avec des scènes plus calmes d’une beauté saisissante  comme ce face-à-face entre Irène et The Driver, dans l’appartement d’Irène, scène dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement. Sans parler évidemment d’une bo remarquable qui contribue fortement au caractère jubilatoire de la première partie.

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    Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité (pour « La Piel que habito »), ne serait-ce que  parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force…

    A voir néanmoins pour les amateurs de séries B auxquelles le film rend hommage, pour ceux pour qui la virtuosité de la mise en scène prédomine sur un scénario bancal, voire vide (dans la deuxième partie), ce qui n’enlève certes rien à la force de l’univers visuel de Nicolas Winding Refn mais ce qui pour moi a gâché tout le plaisir engendré par la première partie. La violence absurde et les excès du personnage principal (qui promettait là aussi d'être d'une complexité passionnante), sans parler des réactions invraisemblablement vélléitaires du personnage féminin, le manichéisme des méchants du film, l’ont emporté ainsi sur une première partie prometteuse comme rarement avec des images et une musique qui, encore maintenant, me restent en tête. Un magnifique clip, à défaut du grand film que la première partie annonçait pourtant. Surtout, un beau gâchis.

    Sortie en salles: le 5 octobre 2011

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  • Critique de "This must be the place" de Paolo Sorrentino (Compétition officielle Cannes 2011)

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    Loin du tumulte cannois, j’ai décidé hier de retourner voir « This must be the place » de Paolo Sorrentino, reparti bredouille de la compétition en mai dernier, enfin presque puisqu’il a reçu le prix du jury œcuménique. Avec son premier film en Anglais, le cinéaste italien était ainsi pour la quatrième fois en compétition à Cannes, trois ans après avoir obtenu un prix du jury pour « Il divo ». Avec « Melancholia », « Minuit à Paris » et « The Artist », c’était un de mes coups de cœur de cette édition 2011 qui a souvent fasciné autant qu’il a agacé les festivaliers. Des réactions aussi extrêmes sont souvent signes d’un univers fort, ce que possède incontestablement Paolo Sorrentino.

    Sean Penn y interprète Cheyenne, 50 ans, une ancienne star du rock.  Il vit de ses rentes à Dublin où il traine sa mélancolie et son ennui. La mort de son père avec qui il a coupé les ponts depuis des années le décide à partir pour New York. Là, il découvre que son père pourchassait un ancien criminel de guerre nazi, un bourreau d’Auschwitz qui l’avait humilié. Cheyenne va poursuivre la vengeance de son père et, pour l’accomplir, va traverser les Etats-Unis…

    En revoyant « This must be the place », j’ai pensé à l’écriture de Françoise Sagan. A sa fameuse petite musique des mots qui fait que, au-delà de l’histoire qu’elle nous raconte, le caractère jubilatoire de la forme happe notre attention et nous donne envie de dévorer notre lecture. C’est le cas aussi de la mise en scène de Sorrentino qui nous ensorcelle avec sa « petite musique » des images (des mots d’ailleurs aussi avec, en voix off, parfois le texte du père de Cheyenne). La comparaison n’est d’ailleurs pas aussi absurde, Cheyenne aurait ainsi pu dire telle la Cécile de « Bonjour tristesse » : « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

    Cheyenne, c’est donc Sean Penn, allure gothique et dégingandée, dos courbé, démarche lente et irrésolue, voix traînante,  visage maquillé à la Robert Smith et rire triste et improbable. Pour entrer dans le film, il faut évidemment adhérer à son personnage d’enfant capricieux sur les épaules duquel semblent peser tous les malheurs du monde (en tout cas ceux de son histoire et de l’Histoire, rien que ça).  Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment à propos d’un autre film (indice : ce film a obtenu la palme d’or), il semble vraiment savoir ce qu’il est venu faire là. Ses gestes, son regard, son phrasé : tout nous fait oublier l’acteur pour construire ce personnage de grand enfant innocent, malicieux, capricieux,  ce chanteur de rock déchu, à la fois pathétique, touchant, ridicule, flamboyant, décalé. Face à lui, Jane (Frances McDormand), sa femme, aussi forte, présente, décidé qu’il est faible, absent, velléitaire. Leur couple est d’ailleurs symbolique de ce film tout en contradictions et judicieux décalages.

    "Paolo réalise des films rapides sur des gens lents et des films drôles sur des gens tristes", a déclaré Sean Penn lors du dernier Festival de Cannes.  Sorrentino recourt en effet à la légèreté pour évoquer le poids de l’existence que Cheyenne semble porter, mais aussi le poids de la tragédie. Contradictions encore avec ce père absent et omniprésent.  Entre ce personnage enfantin, sa fragilité apparente et sa terrible, et souvent irrésistible, lucidité (Au départ on se dit « Ce sera ça ma vie » puis « C’est ça la vie » déclare-t-il ainsi). Entre la gravité du sujet et la tendresse loufoque pour l’aborder. Entre les grands espaces américains et la mélancolie irlandaise. Entre le visage fardé et ce qu’il dissimule. Entre la mort omniprésente et la vie absente d’un Cheyenne qui s’ennuie. Contradictions entre la fantaisie parfois dérisoire et son objectif qui est tout sauf dérisoire. Entre l’inoffensivité apparente d’un homme et les crimes qu’il a commis.

    Sorrentino semble prendre autant de plaisir à sublimer cette Amérique que Cheyenne traverse qu’à en souligner les ridicules excès, entre les images d’Epinal de l’American dream, les paysages qui ressemblent à des peintures de Hopper avec ses motels, ses stations service, ses vastes étendues d’une beauté vertigineuse et ses excès (ou contradictions à nouveau) qu’il tourne en dérision : d’un armurier à la plus grande pistache du monde, en passant par une bouteille géante qui entrave sa route. Il nous en montre aussi la diversité des visages et des paysages comme un enfant curieux, celui qu’est encore Cheyenne, qui découvre Le Nouveau Monde, un nouveau monde, un enfant qui s’émerveille et croise des personnages (un Indien silencieux, une oie, un bison…) qui semblent tout droit sortie d’un conte. Les moments de fantaisie poétique sont encore sublimés par la musique comme dans cette scène avec cette chanson interprétée par David Byrne, le chanteur des Talking heads qui a composé la musique du film (pas une première puisqu’il a reçu l’Oscar de la meilleure musique pour la BO du Dernier Empereur de Bertolucci).

    « This must be the place », c’est un parcours initiatique: l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme et fume sa première cigarette.  Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la  virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui  nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et, d'une certaine manière, à « Into the wild » de Sean Penn, aussi.  Un personnage et un film qui  vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des mots de Sagan. Ou une grande. Celle des Talkings Heads.  « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît »  nous dit-on dans le film.  Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.

    « This must be the place » est encore à l’affiche dans quelques cinémas parisiens comme le MK2 Parnasse ou Les Trois Luxembourg.

     
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  • Critique - The Artist de Michel Hazanavicius (prix d'interprétation masculine 2011: Jean Dujardin)

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius.  Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Sortie en salles : le 12 octobre 2011. Vous pourrez également découvrir ce film lors de la soirée du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 10 septembre…et si j’en ai la possibilité, je ne manquerai certainement pas d’y retourner une troisième fois, pour vous en livrer une critique plus précise (celle-ci étant basée sur mes souvenirs « vieux » d’il y a 4 mois).

    Un dernier petit conseil : ne regardez pas la bande-annonce (dont je n’ai pas peur de dire qu’elle m’a émue, comme le film), pour conserver le plaisir de la découverte.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz

    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia

    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     
    Catégories : COMPETITION OFFICIELLE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer