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  • Interview de Jeff Domenech, réalisateur de "Belmondo, itinéraire..." (projeté lors du Festival de Cannes 2011, pour l'hommage à Jean-Paul Belmondo)

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    Même si j'ai décidé de continuer à développer les interviews vidéo comme celle de John Malkovich (à propos, il est encore temps d'aller voir son adaptation des "Liaisons dangereuses", retrouvez mon interview et ma critique en cliquant ici) ou Anthony Delon récemment (une interview que vous pouvez retrouver là, même si la pièce pour laquelle je l'ai interviewé "Panik" est malheureusement arrêtée prématurément), je n'abandonne pas pour autant les interviews écrites et j'ai le plaisir de publier aujourd'hui celle de Jeff Domenech. Si ce nom ne vous dit peut-être rien, en revanche certainement avez-vous entendu parler de son documentaire "Belmondo, itinéraire..." projeté lors du mémorable hommage que lui a rendu le Festival de Cannes 2011 ( un documentaire par ailleurs diffusé à la télévision le même jour). Ce passionné de cinéma (et de Belmondo) au parcours atypique qui a d'abord réussi dans la restauration rapide à Grasse, très cinéphile, est parvenu, avec Vincent Perrot, à monter ce projet que certains auront sans doute jugé complètement fou et utopique.

    Moi qui n'en suis pas avare de projets fous et qui sais à quel point la route est semée d'embûches autant que passionnante, j'avais envie de connaître son regard sur cette aventure, d'en savoir plus sur sa cinéphilie et ses projets.

    Je le remercie d'avoir accepté de répondre à ces questions.

    Pour le plaisir, en bonus, après l'interview, vous trouverez la fameuse scène de l'étonnement d'"Itinéraire d'Un Enfant gâté", mon article sur l'hommage mémorable du Festival de Cannes à Jean-Paul Belmondo et mes commentaires sur le documentaire de Jeff Domenech, et la critique de "La Sirène du Mississipi" de François Truffaut, avec Jean-Paul Belmondo.

    Les photos qui illustrent l'interview appartiennent Jeff Domenech. Celles qui illustrent le compte-rendu de l'hommage sont celles que j'ai prises lors de cet évènement .

    INTERVIEW DE JEFF DOMENECH

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    . Votre propre histoire qui vous a mené à « Belmondo, itinéraire… », c’est finalement aussi, l’« itinéraire d’un enfant gâté » ?

    Oui on peut le résumer ainsi ... meme si le parcours pour monter un tel projet n'a pas été simple . On peut dire que j'ai réalisé mon rêve ... L'image la plus symbolique , c'est cette photo que mon père a prise de moi en Mai 1985 , lors de ma premiere visite au festival de Cannes.
    Je pose devant une l'affiche du film "Hold-up" ( mon père me disant : "profites-en c'est la seule fois où tu pourras approcher Belmondo ! " )

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    Et me voila 26 ans plus tard tout en haut des marches dans ce meme festival , aux côtés de mon idole pour venir présenter le film que je lui ai consacré ... Avec a l'issue de cette projection , la remise d'une palme d'or ...

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    Copyright Christophe Geral

     

    C'est une belle histoire et un beau clin d'oeil du destin. Je résume d'ailleurs tout ce parcours et cette histoire assez incroyable dans mon livre "Belmondo du rève à la réalité " . Et si cela peut donner des envies à certains d'aller au bout de leur rêves les plus fous ... j'en serai très fier.


    2. Quel souvenir gardez-vous de la projection cannoise, cet hommage bouleversant, en présence d’un incroyable générique ?

    Dès le départ de ce projet , j'ai eu deux idées en tête. La première :réunir un casting multi générationel ( où chacun nous parlerait de "son Belmondo") et la seconde de présenter le film au festival de Cannes. Deux idées ambitieuses et pas si simples à réaliser ... Mais là encore j'ai fait preuve de culot et de tenacité et j'ai réussi a aller au bout de mes rêves ... Pour le casting on retrouve Delon, Cardinale, Rochefort, Marielle, Galabru, Cardinale, Lelouch, Lautner, Blier, Besson... mais aussi la jeune génération Cassel, Dujardin, G. lellouche, Cornillac, Dupontel, Paradis, Marceau ... Et deux clins d'oeil l'un du DJ Bob Sinclar et le deuxieme de Zinedine Zidane ... Concernant le festival de Cannes, Thierry Fremaux et Gilles Jacob se sont montrés immédiatement très enthousiastes a l'idée de célèbrer la carrière de Belmondo lors d'une soirée spéciale . Restait quand meme le challenge le plus difficile, celui de réaliser un film à la hauteur de l'immense carrière de Jean-Paul.


    3. Si vous deviez définir Jean-Paul Belmondo en trois adjectifs tel que vous l’imaginiez avant de le connaître et en trois adjectifs tels que vous le définiriez après l’avoir rencontré ?

    Avant de connaitre Jean Paul , je le voyais avec les yeux d'un fan pour son idole ... Héroïque. Magnifique. Charismatique.
    A présent qu'il est devenu un ami intime je vous répondrais ... Généreux , fidèle et ... déconneur !


    4. Qu’avez-vous retiré de cette expérience que j’imagine humainement et cinématographiquement particulièrement enrichissante …et peut-être d’ailleurs parfois aussi déstabilisante?

    Lorsque vous évoluez dans un monde qui n'est pas le vôtre vous commencez par faire profil bas et observer les soit-disants "professionnels de la profession". Mais je me suis vite rendu compte que la franchise , la sincérité , et la loyauté ne sont sont pas des valeurs très présentes dans ce milieu ( je ne parle pas des artistes ) . Pourtant dès le départ Belmondo , Lautner et meme Michèle Mercier m'avaient affranchis en me parlant des pièges de ce métier , et des personnes mal intentionnées qui gravitent tout autour . Alors au départ j'ai fait des erreurs que j'ai payé très cher ( dans tous les sens du terme ! ). Si l'on dit souvent que l'on paye pour apprendre ... alors on va dire que j'ai énormément appris en 3 ans . J'ai dû abandonner mon premier projet de film sur Belmondo , pour en monter un second avec Vincent Perrot qui lui a reussi a mener ce projet a son terme de facon rigoureuse et professionnelle .


    5. Y a-t-il des extraits que vous auriez souhaité mettre dans le documentaire mais que vous n’avez pas pu inclure pour des raisons de droits ou d’autres raisons ? Y a-t-il des interviews que vous auriez aimé ajouter au documentaire et que vous n’avez pas eu l’opportunité de réaliser ?

    En général, j'évite de regarder en arrière pour justement éviter d'avoir des regrets ... le seul refus d'interview que j'ai eu c'est Godard. Sinon je regrette de ne pas avoir pu utiliser les interviews de certains acteurs pourtant présents dans le premier projet . ( Romain Duris, Edouard Baer , Richard Anconina , Laurent gerra ou Michele Mercier) . Mais je regrette surtout de ne pas avoir pu réaliser la scène finale que j'avais écrite et dont je rêvais ... En fait pour conclure le film, on revoyait la scène culte d' " A bout de souffle" ou Belmondo remonte les Champs Elysées aux cotés de Jean Seberg. Il lui rend son journal en lui disant
    " Tiens je te le rends , il ya pas d'horoscope " ... Seberg lui demande
    " C'est quoi l'horoscope ? " ... Belmondo réplique :
    " L'horoscope c'est l'avenir , j'ai envie de savoir l'avenir..."

    Et a la suite de cela , on faisait un fondu enchainé sur Jean Paul avec sa fille Stella au même endroit sur les Champs Elysées mais de nos jours ...
    Avec Stella qui dit a son père ...
    " Mais papa , c'est quoi l'avenir ?" et Jean Paul baisse son regard sur elle en lui disant :
    " l'avenir ... c'est toi. "

    Voila comment j'avais imaginé la scène finale ... Donc si je devais avoir un regret ca serait celui de ne pas avoir pu filmer cette scène .



    6. Quel est le témoignage qui vous a le plus surpris et celui qui vous a le plus touché et pourquoi ?

    Difficile de ressortir un seul témoignage ... Je peux quand même vous dire que Jean-Paul a été très touché par la lettre de son ami Bruno Cremer ( décédé peu de temps près ) et il a été aussi très sensible aux témoignages de la jeunes génération , et surpris de l'influence qu'il a pu avoir sur eux .


    7. Si vous ne deviez choisir qu’un seul film de Jean-Paul Belmondo, quel serait-il et pourquoi (même s’il y a sans doutes de grandes chances pour qu’il s’agisse du « Professionnel ») ? Et si vous ne deviez choisir qu’une seule scène d’un film avec Jean-Paul Belmondo, (peut-être celle qui le représente le mieux ou que vous préférez), quelle serait-elle ?

    J'ai souvent demandé a Jean Paul quel était son film préféré ... et il m'a toujours répondu très justement , que ses films c'était comme ses enfants il est impossible d'en préférer un plutot qu'un autre.
    Je me souviens qu'un jour, mon pote Albert Dupontel m'as dit une chose très juste ... " A chaque moment de notre vie on a un Belmondo qui nous correspond"
    Alors sur ce postulat je dirais que mes préférences pour le début de sa carrière vont vers "A bout de souffle", "Un nommé la Rocca"," Un singe en hiver" et "Pierrot le fou "
    Dans les années 70 " Peur sur la ville" " Le magnifique " et surtout " l'incorrigible" où Jean Paul est en totale liberté !
    Puis evidement " Le professionnel" dont j'ai usé à l'époque la bande vhs ... Mais là ou Jean Paul arrive au sommet de son art c'est bien évidemment sous l'oeil de Claude Lelouch dans " Itineraire d'un enfant gâté" .
    La scène du face à face avec Anconina restera a jamais dans l'histoire du 7 ième art.


    8. Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet. Celui-ci ne vous a-t-il pas donné envie de passer à la réalisation de fictions ?

    C'est pas les projets ni les idées qui me manquent ... mais après une telle aventure j'ai eu besoin de faire un break. Mais J'ai quand même pris le temps d'écrire un programme court destiné au petit ecran , et je suis en préparation d'un nouveau film documentaire. Et concernant la réalisation d'un long metrage , c'est dans un coin de ma tête depuis des années.


    9. Si une baguette magique vous permettait de réaliser un documentaire sur trois personnalités que vous admirez (mortes ou vivantes), quelles seraient-elles ?

    Sans hésitation faire un face a face " De niro vs Pacino" en retracant leur parcours et leur carrière en parallèle ... Concernant la troisième personne , vous le saurez très prochainement ...


    10. En mettant de côté les films de Jean-Paul Belmondo, quels sont les 5 films que vous considérez comme vos films de prédilection ?

    C'est pas simple ...
    Pour les films francais : 37, 2 le matin , Série Noire , Irreversible , Bernie , Le père noel est une ordure.
    Pour les films americains : Raging Bull , Voyage au bout de l'enfer, Pulp fiction , Il etait une fois en amerique, Apocalyse now.

    COMPTE-RENDU DE L'HOMMAGE A JEAN-PAUL BELMONDO - FESTIVAL DE CANNES 2011

     

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    Le festival s’achève dans 5 jours déjà, et les journées (et les soirées) se succèdent à un rythme joyeux et vertigineux sans que je trouve le temps de vous raconter tout ce que je souhaiterais (mais je le ferai après le festival), mais je ne pouvais pas ne pas vous parler de l’incroyable émotion qui s’est emparée de Cannes hier soir, un de ces moments qui resteront sans aucun doute comme un des plus beaux de la mémoire du festival, et de ma mémoire de festivalière. Devant la salle Debussy où s’est déroulé l’hommage, l’affluence n’était étrangement pas au rendez-vous, beaucoup de festivaliers ayant préféré, sans doute, assister à la montée des marches, une montée des marches qui a bouleversé l’assistance, les photographes français et internationaux ayant exceptionnellement déposé leurs appareils photos, non pas en signe de protestation comme avec Isabelle Adjani il y a quelques années mais pour applaudir Jean-Paul Belmondo (sur la musique de Chi Mai, composé par Ennio Morricone , sublime musique du film « Le Professionnel ») comme nous l’a raconté Thierry Frémaux en arrivant dans la salle, précisant que le présentateur de la montée des marches en avait même perdu la voix.

    Pendant ce temps, dans la salle Debussy, de plus en plus fébrile, tandis qu’arrivaient les premiers invités (Faye Dunaway, l’indétrônable Jack Lang…), nous attendions l’arrivée de cet acteur qui a su concilier cinéma d’auteur et cinéma populaire, et qui ne s’est jamais pris pour la star incontestable qu’il est. Belmondo n’était pas venu à Cannes depuis l’hommage à Gérard Oury en 2001 (auquel je me souviens d’avoir assisté, dans la salle Bunuel, avec, là aussi, une incroyable assistance), sa dernière sélection en compétition remontant à 1974 pour « Stavisky » d’Alain Resnais.

    Puis est arrivé le moment tant attendu avec la montée sur scène d’un formidable générique où se mêlaient des acteurs ayant tourné avec lui, ses amis du Conservatoire (leur présence étant la première chose souhaitée par Belmondo lorsque cet hommage lui a été annoncé) , des réalisateurs pour lesquels il a tourné etc : Claudia Cardinale, Marielle, Rochefort, Vernier, Charles Gérard, Guy Bedos, Claudia Cardinale, Claude Lelouch, Albert Dupontel, Samy Naceri, Richard Anconina, Xavier Beauvois, Michel Hazanavicius, Nicole Calfan… Puis « Il » est arrivé, descendant aussi rapidement que lui permettait son état de santé, acclamé par la salle Debussy et ses amis sur scène. Quand, comme moi, on a aimé le cinéma avec « Borsalino », « Le Doulos », « La Sirène du Mississippi » mais aussi tous ces films populaires et jubilatoires et évidemment « A bout de souffle » impossible de ne pas être bouleversée par cet homme qui a incarné tous ces rôles et qui cheminaient vers la scène avec tant de difficultés mais avec un imperturbable sourire d’enfant, et sous les acclamations d’un public particulièrement ému.

    Avec lui, c’était tout un pan du cinéma français qui se déplaçait vers la scène, dans un lent, magnifique et douloureux flashback. Thierry Frémaux et Gilles Jacob ont rivalisé d’humour et d’élégance, visiblement eux aussi émus, Gilles Jacob lui disant « vous avez réussi ce soir votre plus belle cascade ». Puis ce dernier lui a remis un palme d’or pour sa carrière, une distinction reçue avant lui par Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Clint Eastwood et Gérard Oury. Pour Gilles Jacob : "l'étendue du registre de Bébel, le charisme de sa personnalité, la précision de son jeu, la gouaille de ses propos, l'aisance de son allure en ont fait avec Jean Gabin et Michel Simon, l'un des plus grands comédiens français de tous les temps". « Je suis très ému par cette Palme qui me va droit au coeur. Je veux remercier tous ceux qui sont ici, ceux que je connais et ceux que je ne connais pas. Un grand merci du fond du coeur !" a alors déclaré Jean-Paul Belmondo, avant que la salle, toujours debout, ne l’acclame à nouveau.

    A ses côtés, son fils Paul arborait un visage grave, peut-être pour contenir son émotion, Claude Lelouch et Richard Anconina ne pouvaient retenir leurs larmes, à l’image d’une grande partie de l’assistance. Enfin, Vincent Perrot et Jeff Domenech ont pris la parole, ce dernier n’oubliant pas d’adresser une pensée pour Marie-France Pisier (qui aurait dû être là…) et pour celle qui fut sa costumière pendant plus de 50 ans.

    A ensuite débuté la projection du documentaire que vous avez pu également voir sur France 2…sans entendre néanmoins les applaudissements de la salle Debussy qui ont ponctué la projection : lors des cascades impressionnantes de Belmondo (notamment celles du « Guignolo » à Venise), lors de la lecture d’une lettre d’amitié de Bruno Crémer, lors de l’apparition à l’écran de Marie-France Pisier, lors de scènes inoubliables (comme celle d’ « Itinéraire d’un enfant gâté », une de mes préférés, ou comme celle de la fin du « Professionnel » avec Robert Hossein)...ou lorsque Delon dit que la différence entre eux se résume au fait que si Belmondo passe sa tête hors du train tout le monde rit, et reste impassible s’il s’agit de lui.

    Le documentaire fait défiler sa carrière à travers des extraits de ses films mêlés avec les témoignages d’acteurs de sa génération et d’aujourd’hui, le tout accompagné par une voix-off signée Jean Dujardin, le film commençant par Belmondo qui va assister lui-même au film de sa vie d’acteur (et le documentaire s’y cantonne strictement et c’est tant mieux), étrange mise en abyme puisque nous-mêmes voyions le film en sa compagnie. De temps, à autre, je ne pouvais m’empêcher de me retourner pour voir ses réactions, deux rangs derrière moi, assis à côté de Claudia Cardinale, comme l’était Alain Delon, dans cette même salle, pour la projection de la version restaurée du « Guépard » l’an passé. Tandis que, l’un, l’année dernière, Alain Delon, avait le visage grave et soucieux, Belmondo avait à nouveau ce visage d’enfant ébloui et amusé de ses propres blagues, échangeant des sourires complices avec Claudia Cardinale, radieuse. Que pouvait-il bien penser, en voyant défiler tous ces témoignages d’amitié, en se voyant effectuer les cascades les plus improbables, en revoyant tous ces extraits sans doute associés pour lui à tant de souvenirs ? Que pouvait bien penser Claudia Cardinale, voyant ce film, qui d’une certaine manière, à l’image du « Guépard » de Visconti, l’an passé, lui montrait l’évanouissement d’un monde, la fin d’une époque ? C’était à la fois joyeux (le festival voulait faire de cet hommage une fête et il l’a été) et douloureux, au souvenir de sa lente montée vers la scène qui contrastait tellement avec ses cascades spectaculaires sur l’écran, et qui résonnait parfois comme un hommage posthume à cet acteur qui, aujourd’hui encore incarne tellement la vie, « foudroyant de vie et d’amitié ». Comment ne pas être nostalgique aussi en revoyant tous ces comédiens comme Gabin dans l’inénarrable scène de « Un singe en hiver »… ?

    Cannes ne pouvait pas ne pas rendre hommage à celui qui résume finalement ce festival qui sait concilier cinéma d’auteur et cinéma populaire. Un grand moment, vraiment. Merci Cannes. Merci M.Belmondo. Merci Jeff Domenech (qui, auparavant travaillait dans la restauration rapide à Grasse, très cinéphile et proche de Lautner et qui, avec Vincent Perrot a monté ce projet que leur envie certainement plus d’un réalisateur) pour ce documentaire qui m’a replongée dans le cinéma que j’aime et qui m’a fait aimer le septième art, un documentaire malheureusement trop court (les extraits donnant envie de revoir tous ses films !). Je crois que je garderai longtemps le souvenir de ce géant du cinéma au regard et au sourire d’un enfant malicieux qui n’a pas dit son dernier mot et qui semble déjà songer à sa prochaine blague ou pirouette. En revoyant ces archives Belmondo aurait déclaré à Vincent Perrot que cela lui avait donné envie de remonter sur scène. Si seulement…

    Pour clore cet hommage, cliquez ici pour retrouver ma critique de « Borsalino » de Jacques Deray et retrouvez ma critique de la Sirène du Mississippi, ci-dessous.

    Critique de"La Sirène du Mississipi" de François Truffaut (1969): entre joie et souffrance...

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    Après « Baisers volés » (1969) et « La Femme d’à côté » (1981), pour cet hommage à Jean-Paul Belmo,do, je poursuis également le cycle consacré à François Truffaut sur inthemoodforcinema.com, en remontant un peu dans le temps, avec « La Sirène du Mississipi », un film sorti en 1969. Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé « Waltz into Darkness » (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour « Fenêtre sur cour ». Truffaut avait lui-même aussi déjà adapté William Irish pour « La mariée était en noir », en 1968.

     

    Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion. Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance. Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.

     

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    Ce film connut un échec public et critique à sa sortie. Truffaut expliqua ainsi cet échec : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississipi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après « Baisers volés », quintessence du style Nouvelle Vague. Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.

     

    Comme chacun de ses films « La Sirène du Mississipi » n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.

     

    Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans « L’Histoire d’Adèle.H », dans « La Peau douce » (réalisé avant « La Sirène du Mississipi) notamment ou, comme nous l’avons vu, dans « La Femme d’à côté », où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont « La sirène du Mississipi » porte déjà les prémisses.

     

    Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). « Les Oiseaux », « Pas de printemps pour Marnie », « Sueurs froides», « Psychose », autant de films du maître du suspense auxquels se réfère « La Sirène du Mississipi ». Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, empreinte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » ou à Kim Novak dans « Sueurs froides » notamment pour la double identité du personnage dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.

     

    A Deneuve, qui vient d'accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.

     

    A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans « La Peau de chagrin » à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au « Lys dans la vallée » dans « Baisers volés »), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin, Marion aurait pu dire à Louis : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».

     

    Enfin ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.

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    Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans « Baisers volés » où il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.

     

    Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec « La Sirène du Mississipi » qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme récemment Pedro Almodovar avec « Les Etreintes brisées ».

     

    « La Sirène du Mississipi » s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou dont Truffaut est sans doute le meilleur cinéaste.

     

    Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut « Le dernier métro », et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans « La Sirène du Mississipi »:

     

    « - Quand je te regarde, c'est une souffrance.

    - Pourtant hier, tu disais que c'était une joie.

    - C'est une joie et une souffrance.''

     

    Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississipi ».

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    Le communiqué de presse sur le livre "Du rêve la réalité" de Jeff Domenech:

    C’est l’histoire d’un gamin de Marseille qui réalise son rêve à quarante ans.

    C’est l’histoire d’un fan qui entre dans le cercle intime de l’une des plus grandes stars du cinéma français.

    C’est l’histoire d’un ancien serveur dans une chaine de fast-food qui devient auteur et produc­teur d’un documentaire diffusé en prime-time sur France 2.

    Jeff Domenech est depuis toujours incondition­nel de Jean-Paul Belmondo. Il aime autant sa décontraction insolente dans À bout de souffle que son goût des cascades dans Peur sur la ville ou son tempérament comique dans L’as des as. Il a toujours rêvé de le rencontrer. Il va faire mieux : le convaincre de participer à un film retraçant sa carrière.

    Rien ne le prédisposait pourtant à pareille réussite : entré comme serveur chez Mc Donald’s, devenu directeur de la succursale de Grasse, dans les Alpes Maritimes, il n’avait aucun rapport avec le monde du cinéma. Mais Jeff Domenech est de ces hommes qui savent saisir les opportunités : il deviendra ami avec le réalisateur Georges Lautner qui lui présentera son légendaire interprète de Flic ou voyou.

    Comment devient-on ami avec une star ? Comment vit Jean-Paul Belmondo au quotidien ? Quel homme est-il ? Comment réussit-on à convaincre les plus grands stars françaises de participer à un tel projet ? A travers les coulisses d’un documentaire exceptionnel, ce livre est une manière de découvrir Jean-Paul Belmondo dans son intimité et sa simplicité chaleureuse. Une manière aussi pour Jeff Domenech de dire : tout est possible, il suffit d’y croire.

    L’auteur

    Entré comme serveur en 1989 au Mc Donald’s de Marseille, Jeff Domenech a gravit tout les échelons de responsabilités de la chaîne internationale de restauration rapide jusquà diriger le restaurant de Grasse qu’il quittera en Janvier 2011 pour se consacrer exclusivement à l’écriture et à la production audiovisuelle.

    Son premier documentaire en tant qu’auteur et producteur avec Vincent Perrot qui en est aussi le réalisateur, Belmondo, Itinéraire est projeté au Festival de Cannes, dans le cadre d’un hommage à Jean-Paul Belmondo, le mardi 17 mai et diffusé le même jour en prime time dans le cadre d’une soirée spéciale Jean-Paul Belmondo sur France 2.

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  • L'affiche du Festival de Cannes 2012 en hommage à Marilyn Monroe

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    C'est la première information concernant le 65ème Festival de Cannes (dont nous savons seulement pour l'instant que son jury sera présidé par Nanni Moretti) que je vous dévoile avec plaisir: l'affiche qui rend un bel hommage à Marilyn Monroe, disparue il y a 50 ans déjà, une sublime photo en noir et blanc de celle-ci dans l'habitacle d'une limousine, après la photo de Faye Dunaway prise par Jerry Schatzberg en 1970 qui figurait sur l'affiche du festival l'an passé.

    Celle-ci, les yeux baissés, comme une invitation douce et langoureuse au rêve, souffle une bougie. Une affiche à la fois gracieuse et épurée réalisée à partir d'une photo de l'actrice faite par Otto L. Bettmann. Symbole mythique du cinéma, symbole moderne et intemporel, mélange de glamour et de fragilité, et réconciliant cinéphiles et grand public. Marilyn... A la fois sophistiquée et simple. Fragile et complexe. Elegante et à fleur de peau. Le symbole idéal pour le Festival de Cannes qui concilie si bien ces beaux paradoxes. Et puis Marilyn souffle une bougie, une manière de nous rappeler que ce festival, un autre mythe, fêtera ses 65 ans, et qu'il découvre et célèbre le cinéma d'aujourd'hui aussi bien que celui d'hier (à travers Cannes Classics notamment).

    Voilà une belle image et de beaux symboles qui annoncent le meilleur pour cette édition 2012 que je vous ferai suivre comme chaque année sur http://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodforcinema.com et sur mon nouveau site http://inthemoodlemag.com et sur mon compte twitter dédié http://twitter.com/moodforcannes .

    Marilyn Monroe est actuellement à l’honneur dans le biopic « My week with Marilyn » qui sortira en France le 4 Avril.

    Voici le communiqué de presse du festival:

    "Cinquante ans après sa disparition, Marilyn demeure l’une des figures majeures du cinéma mondial, référence éternelle et résolument contemporaine de la grâce, du mystère et de la séduction.
    Chacune de ses apparitions éveille l’imagination. Surprise ici dans un moment d’intimité où la mythologie rejoint la réalité, Marilyn célèbre un anniversaire qui pourrait être celui de Cannes. Elle nous ensorcelle d’un geste qui se fait promesse, d’un souffle en forme de baiser.
    Cette rencontre, entre la parfaite incarnation du glamour et le Festival qui en est le temple, figure un idéal de simplicité et d’élégance.
    L’agence Bronx (Paris) a réalisé l’affiche à partir d’une photo d’Otto L. Bettmann (©Corbis/Bettmann) et signera toute la création graphique du Festival 2012."

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  • Concours- Gagnez vos pass pour le 14ème Festival du Film Asiatique de Deauville, 12 nouveaux pass en jeu!

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    Vous avez été très nombreux à participer mais seulement 10 à trouver les bonnes réponses au précèdent concours qui a permis à l'un d'entre vous de remporter 4 pass pour le Festival du Film Asiatique de Deauville 2012. J'ai le plaisir de mettre 12 nouveaux pass en jeu. Les personnes ayant déjà participé au précèdent concours (bien sûr, à l'exeption du gagnant) peuvent également soumettre leur candidature pour celui-ci. Les questions demeurent les mêmes que pour l'autre concours, à l'exception de la dernière question. Les 12 pass restants sont répartis ainsi:

    1er prix: 4 pass: un pour le jeudi 8, un pour le vendredi 9, un pour le samedi 10, un pour le dimanche 11

    2ème et 3ème prix: un pass pour le samedi 10 et pour le dimanche 11

    4ème et 5ème prix: un pass pour le jeudi 8 et le vendredi 9

    Sept ans déjà. Cela fait sept ans déjà que j’ai eu le plaisir de faire partie de feu le jury de cinéphiles du Festival du Film Asiatique de Deauville. Sept ans que j’y retourne quoiqu’il arrive, chaque année, après avoir assisté en dilettante à quelques-unes des éditions qui ont précèdé cette édition 2005. Cette année ne dérogera pas à la règle. Chaque année, Deauville me fait voguer faire des terres méconnues, voire inconnues, grâce à des films souvent envoûtants, à l’image de celui qui avait reçu le Grand Prix l’an passé, « Eternity » film thaïlandais de Sivaroj Kongsakul, un très beau film d’amour dans lequel tout se déroule en douceur, en gestes esquissés ou maladroits comme deux mains qui se rejoignent presque imperceptiblement à travers une moustiquaire, où la nature impassible et radieuse semble être un troublant pied de nez à la mort , où tout dit la douleur de l’absence dans un présent simple et évanescent, une absence qui tisse sa toile avant de se révéler, poignante. Un film plein de délicatesse qui imprègne peu à peu, ne cherche jamais la facilité ou l’émotion mais finit par conquérir la seconde. Je ne doute pas que cette compétition 2012 me réservera d’aussi belles surprises.

    Années après années, la programmation du festival s’est enrichie en quantité mais surtout en qualité et a su conquérir un public, pas forcément acquis d’avance à cette cinématographie, et faire revenir chaque année un public d’habitués.

    L’édition 2011 (dont vous pouvez retrouver mon compte-rendu en cliquant ici) a été marquée par le drame japonais qui s’est déroulée pendant le festival. La compétition 2011 (de grande qualité) était elle aussi marquée par la noirceur et le pessimisme et il se pourrait qu'il en soit de même cette année si, comme souvent, les films en compétition se font reflets de la réalité, ce qui n'empêchera pas d'autres films de nous évader, d'agréablement nous égarer même peut-être (le cinéma asiatique, souvent, en tout cas en ce qui concerne le cinéma coréen et thaïlandais est synonyme de lenteur et d'implicite et dans une époque où le cinéma est trop souvent outrancièrement didactique, c'est particulièrement appréciable).

    Comme chaque année, pour le Festival du Film Asiatique mais aussi le Festival du Cinéma Américain, j’ai le plaisir de pouvoir vous faire gagner des pass pour cette 14ème édition du Festival qui se déroulera du 7 au 11 mars. 16 pass en tout. 4 nt déjà été remportés.

    Si vous ne remportez pas ces pass, ne vous inquiétez pas, vous pouvez également tenter votre chance sur la page Facebook officielle du Festival du Film Asiatique de Deauville: https://www.facebook.com/pages/Festival-du-Film-Asiatique... .

    Vous pourrez bien entendu suivre le festival en direct sur ce blog, sur mon blog quotidien http://www.inthemoodforcinema.com et sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com .

    Si vous hésitez encore à participer, vous pourrez trouver l'avant-programme du festival en bas de cet article.

    CONCOURS

    Pour être l’heureux gagnant d'un de ces 5 lots pass (attention : 1 lot par famille), répondez aux 10 questions suivantes. Les lauréats seront choisis parmi les bonnes réponses. La dernière question me permettra de départager les gagnants.

    Envoyez vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours Festival Asiatique 2012". Seuls les lauréats seront contactés, par email. Fin de ce concours: le 1er mars 2012.

    1. Comment se nomme le film dont est extraite cette image?

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    2. De l’affiche de quelle édition du festival ai-je découpé cette image ?

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    3. Citez un film de ce cinéaste ?

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    4. De quel film est extraite cette image ?

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    5. Quel prix du Festival du film Asiatique de Deauville a obtenu le film dont a été découpé un morceau d’affiche ci-dessous ?

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    6. Qui a fondé le Festival du Film Asiatique de Deauville ?

    7. Quelle est la particularité de l’année 2012 pour Deauville, particularité à laquelle est lié le Festival du Film Asiatique ?

    8. Quel est le titre de ce film ?

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    9. Du synopsis de quel (magnifique) film s’agit-il ci-dessous ?

    Tae-suk arpente les rues à moto. Il laisse des prospectus sur les poignées de porte des maisons. Quand il revient quelques jours après, il sait ainsi qu'elles sont désertées. Il y pénètre alors et occupe ces lieux inhabités, sans jamais rien y voler. Un jour, il s'installe dans une maison aisée où loge Sun-houa, une femme maltraitée par son mari...

    10. Pourquoi souhaitez-vous assister au Festival du Film Asiatique de Deauville ET parlez-moi de votre film asiatique préféré ? N'ayez pas peur d'être éloquents! Cette réponse fera la différence parmi les personnes ayant bien répondu aux questions précédentes.

    PROGRAMME

    Dix films sont ainsi en lice et la Chine (2 films), les Philippines, la Corée du Sud, l’Iran (2 films), le Japon (2 films), la Thaïlande, le Pakistan sont ainsi représentés. Une compétition qui s’annonce passionnante et éclectique comme chaque année et dont vous pourrez retrouver le compte-rendu complet ici, sur mon blog dédié à Deauville « In the mood for Deauville » et sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com .

    COMPETITION:

    - 11 FLEURS de Wang Xiaoshuai (Chine) Sortie le 9 mai 2012
    - BABY FACTORY (BAHAY BATA) d’Eduardo Roy Jr. (Philippines)
    - BEAUTIFUL MISS JIN de Jang Hee-chul (Corée du Sud)
    - DEATH IS MY PROFESSION de Amir Hossein Saghafi (Iran)
    … – HIMIZU de Sono Sion (Japon)
    - I CARRIED YOU HOME de Tongpong Chantarangkul (Thaïlande)
    - MOURNING de Morteza Farshbaf (Iran)
    - NOOR de Cagla Zenciri & Guillaume Giovanetti (Pakistan et France)
    - SAYA SAMOURAI de Hitoshi Matsumoto (Japon)
    - THE SUN-BEATEN PATH de Sonthar Gyal (Chine)

    REGARD SUR LE TRAVAIL DE PEN-EK RATANARUANG

    – PROJECTION DE :

    VAGUES INVISIBLES (2006)

    PLOY (2007)

    HEADSHOT (2011)

    - HOMMAGE & MASTER CLASS KIYOSHI KUROSAWA

    Projection de:

    CURE (1997)

    LICENSE TO LIVE (1998)

    CHARISMA (1999)

    PULSE (2000)

    RETRIBUTION (2006)

    TOKYO SONATA (2009)

    HORS COMPETITION :

     

    - HEADSHOT de Pen-Ek Ratanaruang (Thaïlande)

    - I WISH-NOS VOEUX SECRETS de Hirokazu Kore-Eda (Japon) Sortie le 11 avril 2012

    - PINK de Jeon Soo-il (Corée du Sud)

     

    JURY DU FESTIVAL:

     

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    C'est avec grand plaisir que je vous annonce le jury de cette édition 2012 du Festival du Film Asiatique de Deauville 2012 aussi joliment éclectique que prestigieux. Vous pourrez bien entendu suivre ce festival ici comme chaque année, sur inthemoodforcinema.com et sur http://inthemoodlemag.com . J'en profite aussi pour vous annoncer que dès cet après-midi un nouveau concours sera mis en jeu avec de nombreux pass à gagner! Suivez également mon compte twitter dédié http://twitter.com/moodfdeauville ou le principal http://twitter.com/moodforcinema pour en savoir plus.

    Ce jury 2012 sera ainsi présidé par le scénariste, réalisateur et comédien ELIA SULEIMAN.

    Il sera entouré du réalisateur et interprète ALEX BEAUPAIN dont je vous parlais cette semaine sur inthemoodfordeauville.com puisqu'il vient de tourner un clip à Deauville.

    Egalement à leurs côtés la comédienne et réalisatrice ISILD LE BESCO mais aussi la comédienne DOMINIQUE BLANC, le réalisateur et scénariste OLIVIER DUCASTEL, le réalisateur et scénariste JEAN-PIERRE LIMOSIN, la comédienne CORINNE MASIERO, l'incroyable interprète du film "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun un film plein de vie et, comme elle, âpre et lumineux qui m'a permis de découvrir un cinéaste qui rappelle les plus grands cinéastes du réalisme social britannique et une comédienne qui porte ce film magnifiquement bouleversant et tristement universel, et qui s’achève sur une note d’espoir d’une beauté aussi simple que ravageuse. Si ce n'est déjà fait, allez voir ce film à ne manquer sous aucun prétexte.

    Egalement dans le jury, TAHAR RAHIM que j'avais eu le plaisir d'interviewer pour "Or noir" de Jean-Jacques Annaud (retrouvez ma critique du film et l'interview de Jean-Jacques Annaud et Tahar Rahim en cliquant ici) et le scénariste GILLES TAURAND, auteur de nombreux grands films, notamment de Téchiné...

    Voilà qui s'annonce pour le mieux et qui promet des débats passionnés et passionnants!

     

     
    Catégories : CONCOURS Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Palmarès des Oscars 2012 : le triomphe mérité de "The Artist" de Michel Hazanavicius et de Jean Dujardin

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    Je ne peux pas m'empêcher de songer à cette première projection cannoise de "The Artist" qui m'avait émue, bouleversée, enthousiasmée, aux larmes alors de Jean Dujardin, à l'enthousiasme du Grand Théâtre Lumière, à la sensation alors d'avoir découvert une pépite cinématographique. Entre-temps le film aura récolté des récompenses partout, des Bafta aux Goya, avant ce couronnement historique aux Oscars. An american dream. Cette nuit la cérémonie des Oscars m'a donnée des frissons comme le film il y a quelques mois, une sorte de mise en abyme l'un et l'autre étant un hommage sublime au cinéma. Et quel parcours pour Jean Dujardin qui entre dans l'Histoire en étant le premier acteur français à recevoir l'Oscar du meilleur acteur et qui prouve qu'à force de talent, de ténacité, de passion, tout devient possible. Un beau pied-de-nez aussi à ceux qui clament sans cesse la supériorité du cinéma américain sur le cinéma français alors que le premier vient de s'incliner devant le second. "The Artist" repart donc avec 5 Oscars après ses 6 César: meilleur film, meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleure musique, meilleurs constumes. Dommage pour Bérénice Béjo qui a heureusement obtenu le César (cliquez ici pour lire mon article sur la cérémonie vécue en direct) vendredi dernier. Les César auront donc été les seuls à ne pas reconnaître l'incroyable performance de Jean Dujardin. Sans commentaires. Je me réjouis également du prix du scénario pour "Minuit à Paris" de Woody Allen, un des meilleurs films de cette année 2011, également un hommage au pouvoir de l'imaginaire, finalement à l'image des deux grands vainqueurs de cette 84ème cérémonie: "The Artist" et Hugo Cabret de Scorsese. Je vous invite à retrouver ma critique de "The Artist" en bas de cet article et le palmarès, ci-dessous.

    PALMARES DES OSCARS 2012

    Meilleur film

    The Artist de Michel Hazanavicius

    Meilleure actrice

    Meryl Streep – La Dame de Fer

    Meilleur acteur

    Jean Dujardin - The Artist

    Meilleur réalisateur

    Michel Hazanavicius (The Artist)

    Meilleur second rôle masculin

    Christopher Plummer - Beginners

    Meilleur second rôle féminin

    Octavia Spencer – La Couleur des sentiments

    Meilleur Scénario original

    Minuit à Paris - Woody Allen

    Meilleur Scénario adapté

    The Descendants - Alexander Payne, Nat Faxon, Jim Rash

    Meilleur film en langue étrangère

    Une Séparation d'Asghar Farhadi (Iran)

    Meilleur film d'animation

    Rango de Gore Verbinski

    Meilleure photographie

    Robert Richardson pour Hugo Cabret

    Meilleure direction artistique

    Dante Ferretti et Francesca Lo Schavio pour Hugo Cabret

    Meilleurs costumes

    Mark Bridges pour The Artist

    Meilleur documentaire

    Undefeated de TJ Martin, Dan Lindsay, and Richard Middlemas

    Meilleur court-métrage documentaire

    Saving Face de Daniel Junge et Sharmeen Obaid-Chinoy

    Meilleur court-métrage

    The Shore de Terry George et Oorlagh George

    Meilleur montage

    Angus Kirk et Kirk Baxter pour Millenium

    Meilleur maquillage

    Mark Coulier et J. Roy Helland pour La dame de fer

    Meilleure musique originale

    Ludovic Bource pour The Artist

    Meilleure chanson originale

    Man or Muppet (Les Muppets)

    Meilleur mixage

    Tom Flesichmann et John Midgley pour Hugo Cabret

    Meilleur montage son

    Philip Stockton et Eugene Gearty pour Hugo Cabret

    Meilleurs effets spéciaux

    Rob Legato, Joss Williams Ben Grossmann et Alex Henning pour Hugo Cabret

    Meilleur court-métrage d’animation

    The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore de William Joyce and Brandon Oldenburg

    Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius


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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

     

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi, lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".


    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

     

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).


    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer. Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.


    Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

     

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.


    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le primant, le Festival de Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     

    « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films aussi différents et marquants que « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.


    Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz


    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius


    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia


    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     

    Critique de "Minuit à Paris" de Woody Allen

     

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  • Compte-rendu des César 2012 en attendant le programme du Festival de Cannes 2012

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    Les César. (Au passage, et une fois pour toutes, sans s). Cette cérémonie que je regarde depuis ma plus tendre enfance, quoiqu’il arrive, alors fébrile, attendant avec impatience la fête de ce cinéma français à l’origine de ma passion pour le septième art et qui m’apparaissait comme un moment magique, électrique, dénué de ce cynisme et cet orgueil ravageurs dont j’ignorais alors à quoi point ils peuvent y régner en maîtres. Je ne sais pas qui de ma mémoire ou de ma vision de la réalité me trahissent mais cela me semble avoir bien changé, pourtant même s’il est de bon ton d’être désabusé et de regarder la cérémonie, ou d’y aller, en étant blasé, je n’ai pas boudé mon plaisir d’être invitée pour la quatrième fois là où est censé battre le cœur du cinéma français, même si de battre son cœur semble parfois s’être arrêté au regard des baisses de rythme de la cérémonie et pas seulement en raison de l’absence de Jacques Audiard (et de d’ailleurs beaucoup de réalisateurs, acteurs, auteurs du cinéma français).

     

    19h. Je me dirige vers l’antre de la cérémonie, le théâtre du Châtelet, impatiente, au regard du suspense de cette cérémonie qui reflète l’éclectisme et la qualité de cette année cinématographique 2011 exceptionnelle pour le cinéma français. Les projecteurs illuminent la place du Châtelet et la rendent presque méconnaissable. La foule se presse déjà en nombre pour assister à l’arrivée des invités. Un petit air de fête et de Cannes en plein Paris à trois mois du festival mais alors que Cannes, justement, met à l’honneur les artistes, le paradoxe de cette soirée qui a récompensé un film qui est un hommage au cinéma et aux artistes est de, parfois, un peu les oublier pour privilégier le média qui retransmet la cérémonie. L’accueil est toujours souriant et une fois les manteaux déposés au vestiaire, tandis que le direct de Canal plus avec Laurent Weil se prépare dans le hall, les invités peuvent déambuler comme ils le veulent entre les différents étages pour profiter du cocktail (un à chaque étage), pendant les deux heures qui précèdent la cérémonie. Avoir cet élément en tête permet de considérer différemment la cérémonie et l’attitude improbable de certains remettants…

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    Je croise les discrets Ariane Ascaride et Robert Guédiguian tandis que d’autres manifestent avec beaucoup trop de tapage leur indifférence à la cérémonie pour qu’elle soit sincère. Joeystarr sirote je ne sais quel breuvage armé de ses lunettes de soleil dont il semble ne jamais se départir. Des présentateurs, des journalistes, des sportifs et des « professionnels de la profession » se pressent au premier étage, bondé, dont certains d’entre eux sans doute diront qu’ils se sont mortellement ennuyés et que ces cérémonies se ressemblent toutes tout en ne manquant pas d’y marquer leur présence. Tandis que la foule se presse dans le hall où arrivent les nommés, je vais faire un petit tour sur le toit pour admirer la vue vertigineuse sur la foule en contrebas et sur Paris.

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    20H15 à peine et on sonne déjà la fin de la récréation alors que la cérémonie est à 21H. Les invités prennent place jusqu’à la dernière minute, pour certains bien égayés. La lumière s’éteint. Je constate que, comme l’an passé, mes tweets ne passent pas. C’est tant mieux. Je n’ai finalement pas envie de me joindre à cette bataille de bons mots qui me font penser au « Ridicule » de Patrice Leconte, une bataille dans laquelle l'autre n'est alors qu'un faire-valoir et qu'importe si, pour briller, sauver la face, il faut l'anéantir en le ridiculisant. Comme dans le film, le langage devient l'arme de l'ambition, surtout du paraître car « le bel esprit ouvre des portes » mais « la droiture et le bel esprit sont rarement réunis ».

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    Mais revenons à la cérémonie. Cela commence bien par le montage vraiment réussi qui met Antoine de Caunes en scène dans des films en lice et qui fait débuter la cérémonie sous le signe de la bonne humeur et de la célébration du cinéma. La salle applaudit avec enthousiasme. Guillaume Canet, Président des César 2011 ouvre la cérémonie, semble-t-il un peu tendu et avec une certaine humilité, évoquant notamment cette année record pour le cinéma français (215 millions d’entrées) à l’ère du téléchargement. Puis le petit numéro de danse de Joeystarr et Antoine de Caunes qui rappelle une scène mémorable de « Polisse » (musique « Stand on the word » de Keedz qui vous quitte difficilement) achève de dérider la salle. Cela semble décidément bien parti. Antoine de Caunes annonce une soirée sous le signe du « glumour », du glamour et de l’humour…Espérons.

     

     

    Cela commence également bien côté prix, pour le prix du meilleur espoir féminin, avec un prix ex-aequo pour les deux comédiennes que je souhaitais voir récompensées: Naidra Ayadidans « Polisse » et Clotilde Hesme dans « Angèle et Tony ». Deux prix remis par Tahar Rahim, premier acteur à avoir obtenu à la fois le César du meilleur acteur et du meilleur espoir masculin pour « Un prophète » dde Jacques Audiard (ce n’est désormais plus possible, le règlement ne permettant plus qu’un même acteur soit nommé pour ces deux prix) avec son élégance discrète habituelle.

     

    Puis, c’est également celui qui selon moi méritait le prix du meilleur second rôle qui reçoit le César en question : Michel Blanc dans « L’Exercice de l’Etat » de Pierre Schoeller, visiblement touché qui, modestement, déclare notamment « je n’étais pas sûr que vous m’aimiez dans ces rôles-là » avant de conclure par un enthousiaste et obamaesque « Yes we can ! ». Formidable dans « L’Exercice de l’Etat », il y interprète notamment une des plus belles scènes du film, lorsque celui-ci écoute le discours d’André Malraux sur Jean Moulin, presque avec ferveur, comme le témoignage d’un idéalisme révolu, le sien, et qui sera broyé avec une ferme et impitoyable douceur. Nommé pour la 8ème fois aux César dans diverses catégories, il l’obtenait ainsi pour la première fois. Il avait déjà prouvé à quel point il peut être extraordinaire dans des rôles en retenue ou dramatiques comme dans « Monsieur Hire » de Patrice Leconte. « L’Exercice de l’Etat » a reçu au total trois César dont celui du meilleur scénario original et meilleur son (sur ses onze nominations).

     

    Passons sur la prestation désastreuse de Mathilde Seigner qui a eu le tact de vouloir faire monter sur scène Joeystarr nommé face à Michel Blanc pour son rôle dans « Polisse » tant en spécifiant qu’elle aurait préféré que le premier obtienne le César. La cérémonie des César ne serait plus la cérémonie des César sans ses habituels dérapages (comme Sara Forestier l’an passé qui s’est plutôt bien débrouillée cette année en faisant preuve d’autodérision).

     

     

    La cérémonie suit ensuite son cours, manquant parfois de rythme. Antoine de Caunes fait des plaisanteries plus ou moins inspirées (il y aurait 7 auteurs pour la cérémonie…) comme celle sur l’haleine avec cette pauvre Valérie Bonneton aussi radieuse que talentueuse qui a dû se prêter au jeu, comme l’intervention un peu longue de Julie Ferrier sans oublier l’humour très lourd de Laurent Lafitte avec son « César du meilleur français dans une actrice américaine » sans oublier enfin la présence incongrue et même incompréhensible de Mathieu Kassovitz en remettant alors que celui-ci avait copieusement insulté l’Académie et le cinéma français et qui vient d’ailleurs de récidiver sur cet excellent site que je vous recommande au passage, Newsring, dans un article sidérant de mépris pour la profession. Selon lui notamment « «Polisse» tu fais une affiche normale tu fais pas deux millions d'entrées. », « J'aurais applaudi «Polisse» des deux mains s'il y avait pas de star dans le casting, si on l'avait joué réaliste sans star de la comédie ou du rap. » Je ne comprends pas bien en quoi le fait que des acteurs connus soient à l’affiche de « Polisse » ôte des qualités au film… Selon lui également, « Les films nommés, si tu les regardes avec un oeil de cinéaste, c'est des téléfilms. » La longue liste de grands cinéastes récompensés aux César appréciera…et le jour où vous verrez des téléfilms muets en noir et blanc, faîtes-moi signe! J’ai aussi le souvenir de films peu formatés ou ayant fait peu d’entrées en salles récompensés aux César qui proposent par ailleurs une catégorie « meilleur premier film » et « meilleur court-métrage ». Entre ceux qui reprochent aux César de ne jamais récompenser les comédies et les films populaires et Mathieu Kassovitz qui leur reprochent l’inverse, il semblerait qu’il y ait quelques contradictions et un peu de mauvaise foi, sans doute compréhensible quand on sait l’investissement (bien sûr pas seulement financier) que représente un film et les obstacles qu’il faut franchir pour y parvenir mais je ne comprends pas bien comment on peut se dire que « les César c’est mortuaire » et, d’une certaine façon pas crédible, et en parler autant.

     

    Les prix se sont ensuite enchaînés pour « The Artist » qui repart avec six César : meilleure musique, meilleur actrice, meilleur décor, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photo. Je vous ai déjà longuement dit ici et cela dès la première projection cannoise et à quel point j’aimais ce film, et vous pouvez retrouver ma en cliquant ici critique ici.

     

    Au regard des nombreux bons films de cette année, forcément, certains ne figurent pas au palmarès ou d’autres insuffisamment. Certains regretteront l’absence de « La guerre est déclarée » qui avait pourtant reçu des récompenses dans tous les festivals où il était passé (Cabourg, Paris cinéma …). Pour ma part, je regrette celle de « La Délicatesse » (d’ailleurs dommage que François Damiens n’ait pas été nommé comme meilleur acteur), celle de « J’aime regarder les filles » pour lequel Pierre Niney était nommé pour le meilleur jeune espoir (c’est Grégory Gadebois qui l’a obtenu) mais je ne prends guère de risques en prédisant de nombreuses nominations futures pour le jeune comédien de la Comédie française. « Polisse » n’a reçu que deux César malgré ses 13 nominations qui le plaçaient en tête, deux César mérités, un César du meilleur jeune espoir féminin pour Naidra Ayadi et un César du meilleur montage pour Laure Gardette et Yann Dedet, la première a d’ailleurs fait une belle déclaration d’amitié et d’admiration à Maïwenn, un prix là aussi mérité tant le film tire en partie sa force de son montage ingénieux.

     

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    Malgré les petites baisses de rythme, les plaisanteries de plus ou moins bon goût, c’est heureusement le cinéma qui, comme toujours, en sort vainqueur avec malgré tout, quelques beaux moments entre les deux pas de danse qui auront marqué la cérémonie, ceux de Joeystarr et Antoine de Caunes au début, ceux d’Omar Sy à la fin dont le bonheur éclatant et l’émotion en recevant son prix étaient communicatifs même si j’aurais préféré que ce prix revienne à Jean Dujardin. Je vous ai déjà dit également à quel point il était extraordinaire dans ce rôle. Son personnage est bien sûr un hommage au cinéma d’hier, son personnage étant un mélange réussi de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane, un personnage flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps qui fait passer dans son une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Ironie de l’histoire : c’est Nicole Garcia qui a remis le César du meilleur acteur, elle qui l’avait révélé en acteur dramatique dans le très beau « Un balcon sur la mer ». Récompenser le film qui repose en grande partie sur sa prestation sans le récompenser me semble absurde. Espérons vraiment qu’il recevra l’Oscar ce soir…même s’il est favori, n’oublions pas qu’il se retrouve face à George Clooney et Brad Pitt. Le film de Michel Hazanavicius y est également en lice pour les Oscars du meilleur film, réalisateur, scénario, acteur principal, actrice de second rôle (Bérénice Bejo), musique, montage, photographie, costumes et décors. Bérénice Béjo à elle enfin été récompensée (alors que, ailleurs, c’était toujours Jean Dujardin qui recevait les récompenses et qui, d’ailleurs, avec beaucoup de fair play s’est déclaré très heureux pour elle et non déçu pour lui), bouleversée, sincère et émouvante et apportant la touche de glamour annoncée au début et qui a un peu fait défaut au reste de la cérémonie : "Je vais vous faire une confession, je le voulais ce prix, je le voulais."

     

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    Restent aussi l’émotion de Kate Winslet, l’émotion de la monteuse de Maïwenn mais pour moi restera surtout une image, à jamais indissociable des César, mais aussi de ce qu’ils peuvent représenter : l’inoubliable Nadia de « Rocco et ses frères », (l’affiche de cette édition des César), Annie Girardot, qui avait apporté à ce rôle toute sa candeur, sa lucidité, sa folie, son désespoir à ce personnage à la fois fort et brisé et qu’elle avait rendu inoubliable par l’intensité et la subtilité de son jeu. Annie Girardot, bouleversante de sincérité, de bonheur et de douleur quand elle disait en recevant son César pour « Les Misérables », « Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français mais à moi le cinéma français a manqué follement, éperdument, douloureusement et votre témoignage, votre amour me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte ». Une image que les César nous rediffusent régulièrement, un métier qui, peut-être, cherche à se dédouaner en honorant celle qu’il a si longtemps oubliée, ou qui se rappelle peut-être ainsi avec une cruelle ironie l’ingratitude et la violence dont il fait parfois preuve.

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    La cérémonie achevée, les lauréats posent sur scène pour la photo finale. C’est terminé, déjà. Tout le monde se précipite, pour féliciter les lauréats, ou récupérer ses vêtements au vestiaire pour ne surtout pas manquer l’arrivée au Fouquet’s. Quelques césarisés dont Carmen Maura (meilleure actrice dans un second rôle pour « Les femmes du 6ème étage ») attendent comme tout le monde avec leurs César. Dans l’escalier qui domine le vestiaire, Sylvie Testud paraît soudain triste et fragile, après sa belle assurance sur scène, et réclame son manteau au-dessus de la foule qui attend, en contrebas. Elle me rappelle cette magnifique scène de « The Artist » et le douloureux désarroi, la fade réalité lorsque les flahs s’éloignent. George Valentin (Jean Dujardin) y croise croise Peppy Miller (Bérénice Béjo) dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes. Sans doute beaucoup auront éprouvé cette mélancolie, une fois le masque d’orgueil et de gaieté ôté et la cérémonie terminée.

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     « Rappelez-vous que vous participez à ce que cet amour du cinéma reste intact » avait commencé par dire Guillaume Canet. Finalement, c’est en effet tout ce qui compte : l’amour du cinéma que célèbre si bien le grand vainqueur de cette cérémonie 2011 auquel je souhaite le même succès aux Oscars cette nuit (sachant qu’il vient encore de triompher au Festival du Cinéma indépendant en Californie). Ce cinéma que j’aime follement, éperdument, parfois aussi douloureusement, et c’est finalement cette passion intacte et tumultueuse que je retiendrai de cette cérémonie qui, malgré les quelques temps morts ou superflus au cours desquels son « cœur de battre s’est arrêté », a été à l’honneur.

     

     

    Palmarès complet des César 2012

     

    Meilleure Actrice

    BÉRÉNICE BEJO dans THE ARTIST

    Meilleur Acteur

    OMAR SY dans INTOUCHABLES

    Meilleure Actrice dans un second rôle

    CARMEN MAURA dans LES FEMMES DU 6E ÉTAGE

    Meilleur Acteur dans un second rôle

    MICHEL BLANC dans L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleur Espoir Féminin (Ex Aequo)

    NAIDRA AYADI dans POLISSE

    CLOTILDE HESME dans ANGÈLE ET TONY

    Meilleur Espoir Masculin

    GRÉGORY GADEBOIS dans ANGÈLE ET TONY

    Meilleur Scénario Original

    PIERRE SCHOELLER pour L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleure Adaptation

    YASMINA REZA, ROMAN POLANSKI pour CARNAGE

    Meilleure Musique Originale

    LUDOVIC BOURCE pour THE ARTIST

    Meilleur Son

    OLIVIER HESPEL, JULIE BRENTA, JEAN-PIERRE LAFORCE pour L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleure Photo

    GUILLAUME SCHIFFMAN pour THE ARTIST

    Meilleur Montage

    LAURE GARDETTE, YANN DEDET pour POLISSE

    Meilleurs Costumes

    ANAÏS ROMAND pour L'APOLLONIDE, SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE

    Meilleurs Décors

    LAURENCE BENNETT pour THE ARTIST

    Meilleur Réalisateur

    MICHEL HAZANAVICIUS pour THE ARTIST

    Meilleur Film de Court Métrage

    L'ACCORDEUR réalisé par Olivier Treiner produit par Thibault Gast, Matthias Weber

    Meilleur Film d'Animation

    LE CHAT DU RABBIN réalisé par Joann Sfar, Antoine Delesvaux produit par Antoine Delesvaux

    Meilleur Film Documentaire

    TOUS AU LARZAC réalisé par Christian Rouaud produit par Sandrine Brauer, Marie Masmonteil, Denis Carot

    Meilleur Film Étranger

    UNE SÉPARATION réalisé par Asghar Farhadi distribution France MEMENTO FILMS DISTRIBUTION (Alexandre Mallet-Guy)

    Meilleur Premier Film

    LE COCHON DE GAZA réalisé par Sylvain Estibal produit par Franck Chorot

    Meilleur Film

    THE ARTIST produit par Thomas Langmann réalisé par Michel Hazanavicius

    César d’Honneur

    KATE WINSLET

    Retrouvez ci-dessous, en cliquant sur le nom du film qui vous intéresse, mes critiques des films en lice et pour voir mon article complet sur les nominations, cliquez ici.

    CRITIQUES DES FILMS EN LICE

     

    « Polisse » de Maïwenn (13 nominations)

     

     

     

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    « L’Exercice de l’Etat » de Pierre Schoeller (11 nominations)

     

     

     

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    « The Artist » de Michel Hazanavicius (10 nominations)

     

     

     

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    « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf (1 nomination)

     

     

     

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    « Les Lyonnais » d’Olivier Marchal ( 1 nomination)

     

     

     

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    « La Délicatesse » de Stéphane et David Foenkinos (2 nominations)

     

     

     

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    « Omar m’a tueR » de Roschdy Zem (2 nominations)

     

     

     

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    « Les Femmes du 6ème étage » de Philippe Le Guay (3 nominations)

     

     

     

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    « Pater » de Alain Cavalier (2 nominations)

     

     

     

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    « Melancholia » de Lars von Trier (1 nomination)

     

     

     

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    « Le Discours d’un roi » de Tom Hooper (1 nomination)

     

     

     

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    « Drive » de Nicolas Winding Refn (1 nomination)

     

     

     

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    “Le Gamin au vélo” de Jean-Pierre et Luc Dardenne (1 nomination)

     

     

     

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    « Carnage » de Roman Poalanski (1 nomination)

     

     

     

     

    18:41 Écrit par Sandra Mézière dans CHRONIQUES THEATRALES | Lien permanent |

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