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  • L'hommage du Festival de Cannes à Fanny Ardant: critique de "La femme d'à côté" de François Truffaut

    A l'occasion de l'hommage que le Festival de Cannes 2009 rendra à Fanny Ardant, je vous propose, ci-dessous, ma critique de "La Femme d'à côté" de François Truffaut, déjà publiée sur mon autre blog "In the mood for cinema".

    "La femme d'à côté" de François Truffaut: l'amour à mort

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    François Truffaut, avec Alain Resnais, Claude Sautet,  Woody Allen, Alfred Hitchcock fait partie de ces cinéastes dont j’aime tous les films sans exceptions. J’ai d’abord découvert « Le Dernier Métro », « La Femme d’à côté », « L’Histoire d’Adèle.H »,  « La Mariée était en noir » avant la série des Antoine Doinel, puis « La Peau douce »  et je me souviens encore à quel point « La Femme d’à côté » m’avait marquée la première fois. Je l’ai revu bien souvent depuis et notamment avant-hier, à l’occasion de sa rediffusion sur Arte. Cette critique est la première d’une série que je consacrerai au cinéaste.

    Bernard Coudray (Gérard Depardieu) et Mathilde Bauchard (Fanny Ardant) se sont connus et aimés follement, passionnément, douloureusement, et séparés violemment, sept ans plus tôt. L’ironie tragique du destin va les remettre en présence lorsque le mari de Mathilde, Philippe Bauchard (Henri Garcin), qu’elle a récemment épousé, lui fait la surprise d’acheter une maison dans un hameau isolé, non loin de Grenoble, dans la maison voisine de celle qu’occupent Bernard, son épouse Arlette (Michèle Baumgartner), et leur jeune fils. (Une fenêtre sur cour que l’admirateur et grand connaisseur d’Hitchcock qu’était Truffaut n’a d’ailleurs certainement pas choisie innocemment.) Bernard et Mathilde taisent leur  passé commun à leurs époux respectifs et vont bientôt renouer avec leur ancienne passion.

    A mon sens,  personne d’autre que Truffaut n’a su aussi bien transcrire les ravages de la passion, sa cruauté sublime et sa beauté douloureuse, cette « joie » et cette « souffrance » entremêlées. Si : dans un autre domaine, Balzac peut-être, dont Truffaut s’est d’ailleurs inspiré, notamment pour « Baisers volés » (« Le Lys dans la vallée ») ou « La Peau douce » (Pierre Lachenay y donne ainsi une conférence sur Balzac). L’amour chez Truffaut est en effet presque toujours destructeur et fatal.

    La femme d’à côté est cette étrange étrangère au prénom d’héroïne de Stendhal, magnifiquement incarnée par la classe, l’élégance, le mystère, la voix ensorcelante et inimitable de Fanny Ardant, ici impétueuse et fragile, incandescente, ardente Fanny.

    Truffaut dira ainsi : "J'ai volontairement gardé les conjoints à l'arrière-plan, choisissant d'avantager un personnage de confidente qui lance l'histoire et lui donne sa conclusion : "Ni avec toi, ni sans toi ".  De quoi s'agit-il dans la "La Femme d'à côté" ? D'amour et, bien entendu, d'amour contrarié sans quoi il n'y aurait pas d'histoire. L'obstacle, ici, entre les deux amants, ce n'est pas le poids de la société, ce n'est pas la présence d'autrui, ce n'est pas non plus la disparité des deux tempéraments mais bien au contraire leurs ressemblances. Ils sont encore tous deux dans l'exaltation du "tout ou rien" qui les a déjà séparés huit ans plus tôt. Lorsque le hasard du voisinage les remet en présence, dans un premier temps Mathilde se montre raisonnable, tandis que Bernard ne parvient pas à l'être. Puis la situation, comme le cylindre de verre d'un sablier, se renverse et c'est le drame."

    Le rapport entre les deux  va en effet se renverser à deux reprises. Bernard va peu à peu se laisser emporter par la passion, à en perdre ses repères sociaux, professionnels et familiaux, à en perdre même la raison, toute notion de convenance sociale alors bien dérisoire. Le tourbillon vertigineux de la passion, leurs caractères exaltés, leurs sentiments dans lesquels amour et haine s’entremêlent, se confondent et s’entrechoquent vont rendre le dénouement fatal inévitable.  Chaque geste, chaque regard, chaque parole qu’ils échangent sont ainsi empreints de douceur et de douleur, de joie et de souffrance, de sensualité et de violence.

    Truffaut y démontre une nouvelle fois une grande maîtrise scénaristique et de mise en scène. Après « Le Dernier Métro » , la fresque sur l’Occupation avec ses nombreux personnages, il a choisi ce film plus intimiste au centre duquel se situe un couple, sans pour autant négliger les personnages secondaires, au premier rang desquels Madame Jouve (Véronique Silver), la narratrice, sorte de double de Mathilde, dont le corps comme celui de Mathilde porte les stigmates d’une passion destructrice. Elle donne un ton apparemment neutre au récit, en retrait, narrant comme un fait divers cette histoire qui se déroule dans une ville comme il y en a tant, entre deux personnes aux existences en apparence banales, loin de la grandiloquence d’Adèle.H, mais qui n’ en a alors que plus d’impact, de même que ces plans séquences dans lesquels le tragique se révèle d’autant plus dans leur caractère apparemment anodin et aérien. A l’image des deux personnages, la sagesse de la mise en scène dissimule la folie fiévreuse de la passion, et ce qui aurait pu être un vaudeville se révèle une chronique sensible d’une passion fatale. D’ailleurs, ici les portes ne claquent pas: elles résonnent dans la nuit comme un appel à l’aide, à l’amour et à la mort.

     Deux personnages inoubliables, troublants et attachants, interprétés par deux acteurs magnifiques. Truffaut aurait songé à eux pour incarner cette histoire, en les voyant côte-à-côte lors du dîner après les César lors desquels  « Le Dernier Métro » avait été largement récompensé.

    Il fallait un talent démesuré pour raconter avec autant de simplicité cette histoire d’amour fou, de passion dévastatrice, qui nous emporte dans sa fièvre, son vertige étourdissant et bouleversant, comme elle emporte toute notion d'ordre social et la raison de ses protagonistes. Un film qui a la simplicité bouleversante d’une chanson d’amour, de ces chansons qui « plus elles sont bêtes plus, elles disent la vérité ».

    Ce film sorti le 30 septembre 1981 est l’avant-dernier de Truffaut, juste avant « Vivement Dimanche » dans lequel Fanny Ardant aura également le rôle féminin principal.

    Un chef d’œuvre d’un maître du septième art : à voir et à revoir.

     Pour retrouver d’autres critiques de classiques du septième art sur « In the mood for cinema », rendez-vous dans la rubrique « Gros plan sur des classiques du septième art ».

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  • L'hommage du Festival de Cannes 2009 à Fanny Ardant: projection en avant-première de sa première réalisation "Cendres et sang"

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    © SND

    Le Festival de Cannes a décidé de rendre hommage à Fanny Ardant, notamment en  dévoilant son premier film, CENDRES ET SANG, en séance spéciale, le 22 mai, la veille de la clôture.

    "Dans la grande tradition des hommages cannois, c'est cette année Fanny Ardant que le festival a choisi d'honorer", a déclaré le délégué général du festival Thierry Frémaux. "L'occasion est belle puisque Fanny vient de réaliser son premier film qui démontre que les films d'acteurs se placent toujours de façon singulière dans le paysage cinématographique", a-t-il ajouté.

    Fanny Ardant a joué dans cinq films présentés à Cannes ces dernières années, dont quatre en compétition : RIDICULE (Patrice Leconte) en 1996, TROIS SOEURS (Margarethe Von Trotta) en 1988, LA FAMILLE (Ettore Scola) en 1987 et LES UNS ET LES AUTRES (Claude Lelouch) en 1981. Elle est également apparue dans ROMAN DE GARE (Claude Lelouch), programmé en séances spéciales en 2007.

    Elle  a par ailleurs été membre du jury de la sélection oficielle en 1990.

    Synopsis de "Cendres et sang":  Un été à Marseille. D'origine étrangère, Judit élève seule ses trois enfants depuis l'assassinat de son mari, dix ans plus tôt. L'aîné, Ismaël, est un garçon de 22 ans qui respire la joie de vivre. Son frère, Pashko,  20 ans, est beaucoup plus taciturne. Quant à Mira, 15 ans, elle est d'une grande gaieté, malgré sa surdité. A l'occasion d'une fête de mariage dans sa famille, Judith décide de revenir au pays avec ses enfants, après dix-huit ans d'absence. Mais son retour ravive les vieilles haines entre clans rivaux. Inexorablement, l'engrenage de la violence se met en marche, le sang versé appelant le sang...

    Casting: avec Ronit Elkabetz, Marc Ruchmann, Abraham Belaga, Claire Bouanich...

    Autre article lié à Fanny Ardant: ma critique de "La femme d'à côté" de François Truffaut avec Fanny Ardant...

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  • L'hommage du 60ème Festival de Cannes à Claude Lelouch: d'"Un homme et une femme", palme d'or 1966 à "Roman de gare"

    medium_ardant.JPGCette année le Festival de Cannes a  décidé de rendre hommage à Claude Lelouch en projetant en avant-première "Roman de gare", son dernier film avec Fanny Ardant et Dominique Pinon. J'y serai pour vous  conter cet hommage et cette projection.

     Si parmi mes palmes d'or favorites figurent « Le Guépard » de Visconti (dont je vous ai déjà longuement parlé) et « Elephant » de Gus Van Sant (dont je vous parlerai prochainement),  Un homme et une femme, grand prix du 20ème anniversaire du Festival en 1966 (ex aequo avec « Signore e Signori » -Ces Messieurs dames- de Pietro Germi),  en fait également indéniablement partie.

     Claude Lelouch n’avait alors que 26 ans et cette palme symbolise pour moi magnifiquement ce que représente le Festival de Cannes : une mise en lumière extraordinaire pour un film et un cinéaste. Claude Lelouch a souvent payé le prix de cette réussite précoce et fulgurante. Peu importe : les critiques passent et les films restent…

     Lettre ouverte à M.Claude Lelouch... et à ses détracteurs:

    Visconti, Hitchcock, Resnais, Loach, Melville, Sautet, Costa-Gavras, Chaplin, Capra, Renoir, Carné, Truffaut et…Lelouch. Je l’avoue. Je l’avoue, Claude Lelouch fait partie, (vous faîtes  partie) de ces cinéastes qui m’ont donnée envie de vivre au rythme de ma passion démesurée, dévorante, pour le cinéma.

    medium_un_homme..3.JPGOui, je l’avoue comme on confesserait un crime car cela en est d’ailleurs un pour un certain cénacle pseudo intellectuel du cinéma, un crime passible de regards dédaigneux et méprisants, signifiant à l’inculte que je deviens alors très certainement que je ne n’aurais rien compris au cinéma. Eh bien, je crois pourtant pouvoir me vanter que si, messieurs les censeurs « autodéifiés » ! J’ai compris que le cinéma c’est l’art du montage (aussi). J’ai compris que le cinéma, comme son nom l’indique, est un art (7ème du nom), qu’il n’est pas seulement un spectacle ou un divertissement… mais j’ai aussi compris ce qu’il nous enseigne : la tolérance et l’ouverture d’esprit. J’ai compris qu’il n’est pas contradictoire (au risque de subir de nouveaux regards dédaigneux) d’aimer Lelouch ET Resnais, sans pour autant être dépourvue de tout regard cinématographique ou de tout sens critique.

    Si le cinéma peut (et non doit) vous apporter une vision du monde, il peut aussi vous permettre de vous en évader, et définitivement, non, ce n’est pas incompatible.

    J’ignore si, comme vous le faîtes dire à vos personnages dans « Les Parisiens », le cinéma « c’est mieux que la vie »  mais en tout cas le vôtre nous la fait aimer. Indéniablement. Passionnément. Passionnément comme vous filmez les acteurs, comme vous filmiez Richard Anconina et Jean-Paul Belmondo, en 1988, dans « Itinéraire d’un enfant gâté », lors de scènes inénarrables et jubilatoires, à l’image de tous vos films, à l’image d’ "Un homme et une femme ".

    Ainsi, déjà, en 1966, vous nous transportiez dans votre univers romanesque, sensible, facétieux, ludique. Déjà vous jouiez avec les méandres du temps, entre passé et présent, entre noir et blanc, nous rappelant donc que le cinéma est l’art du montage, comme on vous reprocha ensuite (injustement) de l’avoir oublié après ce film qui se vit décerner tant de récompenses dont la palme d’or donc mais aussi deux Oscars (on ne pardonne rien au talent).

    Art de l’émotion poussée à son paroxysme aussi, par le truchement de l’histoire la plus simple du monde mais aussi la plus difficile à conter: celle de la rencontre de deux solitudes blessées. Une histoire si singulière et non moins universelle, intemporelle même. Jamais film ne m’avait donnée à ce point la sensation de voir une histoire d’amour naître et vibrer sous mes yeux, d’en ressentir -partager, presque- le moindre battement de cœur ou le moindre frémissement de ses protagonistes, comme si votre caméra en scrutait les visages et les âmes. Par une main qui frôle une épaule si judicieusement et subtilement filmée. Par le plan d’un regard qui s’évade et s’égare. Par la musique éternelle de Francis Lai qui nous chavire le cœur. Par une photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d’Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Jamais un film ne m’avait donnée cette impression de spontanéité, de vérité presque. Alors monsieur Lelouch, vous avez eu raison de ne pas écouter les critiques continuant à nous conter de « belles histoires », à nous narrer des « hasards et coïncidences », auxquels, grâce à vous, je crois plus que jamais. Je ne sais pas si, comme le disait un des personnages de « Hommes, femmes mode d’emploi », « le pire n’est jamais décevant », mais en tout cas votre cinéma n’est jamais décevant, toujours surprenant et inventif.

    Alors pour répondre à une interrogation de Jean-Louis (interprété par Jean-Louis Trintignant) citant Giacometti« Qu’est- ce que vous choisiriez : l’art ou la vie ?», votre cinéma ne nous donne pas envie de choisir, il sublime les deux.

    Un homme et une femme. Comme tant d’autres. Différents aussi. Différents et singuliers. Comme votre cinéma. Un art qui sublime l’art et la vie donc. Celle de vos spectateurs, aussi, surtout.
     

    Alors, oui, je l’avoue. J’ai revu « un Homme et une femme » un nombre incalculable de fois, j’ai souri en regardant et revoyant « Itinéraire d’en enfant gâté » et l’inénarrable scène de Belmondo apprenant à Anconina à ne pas être surpris, j’ai suivi avec délectation les tribulations des personnages de « Hommes, femmes mode d’emploi » pour qui « le pire n’est jamais décevant » et « le pire n’est jamais certain », je me suis accrochée à mon fauteuil en regardant  votre court-métrage « c’était un rendez-vous » admirative devant la prouesse technique, j’ai décidé de ne jamais cesser de croire aux « Hasards et coïncidences »  et je me suis mise à croire aux « belles histoires » en regardant toutes celles que  vous avez écrites, et filmées.

    Alors merci Monsieur Lelouch de nous avoir ainsi emmenés en voyage…et surtout ne vous arrêtez jamais malgré vos récents échecs…

     Je ne sais pas si le cinéma c’est « mieux que la vie » mais en tout cas le vôtre nous la fait aimer et l’a sublimée. Indéniablement.

    Je ne sais pas non plus si j’aime autant Deauville grâce à « un Homme et une femme » ou si j’aime autant « Un Homme et une femme » à cause de Deauville mais en tout cas j’aime le cinéma grâce aux deux, liés à jamais dans ma mémoire de cinéphile et de festivalière dans les méandres de laquelle fiction et réalité se confondent délicieusement… Oui, entre fiction et réalité. Passé et présent. Comme dans un film de Lelouch…

    Sandra.M

    Catégories : EVENEMENTS DES 60 ANS DU FESTIVAL, HOMMAGES DU FESTIVAL Lien permanent 1 commentaire Pin it! Imprimer