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Critique de LA NUIT DU 12 de Dominik Moll - Cannes Première

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Il ne fait aucun doute que ce film inspiré de faits réels, âpre et ciselé, fera beaucoup parler lors de sa sortie. Le scénario et les dialogues sont signés d’un duo qui a déjà fait ses preuves, Gilles Marchand et Dominik Moll.

Cela commence par un cycliste qui fait des tours de piste dans un stade seul dans la nuit. Et par ce fait énoncé : « chaque année la police judiciaire ouvre près de 800 enquêtes pour homicide. 20% restent irrésolues. Ce film raconte une de ces enquêtes. »

À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan (Bastien Bouillon) (le fameux « cycliste »), c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.

Avec cette vision très personnelle du polar, Dominik Moll signe là son septième long-métrage dont la puissance de la mise en scène fait écho à celle de son film le plus réussi, Harry, un ami qui vous veut du bien (2000).

A l’heure où les féminicides sont dramatiquement nombreux, ce film est un plaidoyer retentissant et vibrant contre les violences faites aux femmes. Ainsi, parmi les 6 jeunes suspects, le plus terrible est que chacun d’entre eux aurait pu tuer Clara :  « Je suis peut-être fou mais j'ai la conviction que si on ne trouve pas l'assassin, c'est parce que ce sont tous les hommes qui ont tué Clara. C'est quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes. »

 L’intérêt de l’enquête réside ainsi moins dans la résolution du crime que dans l’auscultation de la vision de la femme, de cette femme, par ces 6 hommes mais aussi par certains policiers dont les propos font écho à ceux de ces derniers. N'y voyez pas là du manichéisme, bien au contraire. Les formidables personnages incarnés par Bastien Bouillon et Bouli Lanners viennent les contrebalancer.

Bouli Lanners et Bastien Bouillon sont ainsi perdus et tourmentés, et leur désespoir, leur fragilité, leur solitude face à cette affaire irrésolue nous hantent autant que cette dernière après le film. Anouk Grinberg campe aussi une juge profondément humaine.  La procédure est décortiquée mais ce sont surtout les âmes humaines qui le sont comme dans un film de Tavernier (on songe à L627).

Le décor de cette vallée grisâtre autour de Grenoble se prête parfaitement à ce thriller sombre. Un film noir dont on ressort bousculé par le portrait de la misogynie « ordinaire » contre laquelle il est un vibrant et glaçant plaidoyer, surtout nécessaire.

Le dernier plan, celui de Yohan qui s'échappe du vélodrome et roule le jour est la respiration tant attendue qui nous marque longtemps après la projection comme ce film qui ne peut laisser indifférent, tant il entre en résonance avec les plaies à vif de notre époque.

Catégories : CANNES PREMIERE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer

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