C'est sans doute curieusement la question qui revient le plus quand vous dîtes que vous partez au Festival de Cannes : tu loges où? Question à résoudre très simplement en temps normal et à laquelle il est compliqué de trouver une solution en période de festival. Tout d'abord, sachez que les hôtels et la plupart des résidences sont complets d'une année sur l'autre, réservés par les sociétés (production, distribution etc) et certains directement par le festival. Je devine déjà votre air catastrophé, vous qui rêviez de deux journées impromptues sur la Croisette, en période de festival. Sachez que certain(e)s inconscient(e)s trouvent une chambre 4 jours avant (et que la même inconsciente n'en a pas encore, pour cette année, mais a son accréditation en poche, ce qui est finalement le principal). A ma décharge, j'essaie de trouver depuis que ma demande d'accréditation a été acceptée, à savoir en début mars! Depuis 11 ans, je pratique la même méthode: compter sur les désistements pour avoir une chambre à la dernière minute. Ce qui me permet aujourd'hui de faire un petit tour d'horizon des logements proposés (en ayant expérimenté 10) et de tirer un bilan des prix pratiqués à Cannes pendant le festival.
Etonnamment ce sujet n'est jamais abordé par les médias. Or, la liberté des prix donne lieu à des tarifs et à des méthodes qui frôlent l'escroquerie (c'est un euphémisme). D'abord, les prix en période de Festival de Cannes sont rarement affichés mais "sur demande". Une fois le tarif ( prohibitif, le plus souvent ) annoncé (en général multiplié par 4 voire jusqu'à 10 par rapport à la basse saison et plus élevé qu'en haute saison, sachant qu'on vous oblige la plupart du temps à réserver pour tout le festival -même si, à l'approche du festival s'il reste des nuits disponibles, on acceptera peut-être de vous les louer pour une période plus courte-) on vous demande généralement le prépaiement intégral à la réservation! (ou des arrhes, en général la moitié du séjour, et le règlement intégral avant le début du festival). Inutile également d'espérer des tarifs préférentiels, que vous réserviez un an à l'avance ou à la dernière minute: ce sont des forfaits fixes, et que vous soyez détenteurs d'une carte (Accor, Lucien Barrière ou autre) n'y changera rien. En 11 ans, j'ai expérimenté toutes sortes de logement et presque aucun (sauf exceptions mentionnées ci-dessous) n'était réellement à la hauteur des tarifs pratiqués. Vous trouverez même des 2 étoiles plus chers que des 5 étoiles!
Si vous aimez la vie en communauté, le meilleur conseil que je pourrais vous donner est de choisir une location à plusieurs pour partager les frais. Vous pourrez ainsi en trouver sur Amivac ou sur Homelidays, notamment. Plus vous vous éloignez de la Croisette et plus les tarifs diminuent (ainsi si tous les hôtels du centre sont complets, passé le Boulevard Carnot, il reste des disponibilités avec des tarifs plus attractifs, reste à savoir si vous souhaitez traverser le Boulevard et faire 2 kms en noeud papillon ou robe longue sachant que la circulation est bloquée aux abords du palais aux heures de montées des marches transformant vos déambulations diurnes et nocturnes en parcours du combattant). Vous pourrez aussi trouver des colocations parfois à partir de 300 ou 400 euros par personne. (Twitter et Facebook sont d'excellents moyens de passer une petite annonce en vous suivant les comptes de personnes allant au festival).
Je garde néanmoins un très bon souvenir de ma première année de festival où, invitée par le Prix de la Jeunesse, je logeais à la Résidence Pierre et Vacances à Cannes La Bocca (vous pouvez y aller en bus ou bien à pied en longeant le front de mer).
Concernant les hôtels, vous pourrez trouver de tout: des hôtels 2 étoiles plus chers que des 4 étoiles, donc, qui pratiquent les mêmes conditions que celles précédemment évoquées (prépaiement intégral à la réservation ) et le plus grand palace de Cannes avec des chambres moins chers que certaines d'un 3 étoiles médiocre.
Petit tour d'horizon donc des différents hôtels:
-Si vous avez la chance d'en avoir la possibilité pécuniaire choisissez le Gray d'Abion (plus de 500 euros par nuit avec réservation de 12 nuits obligatoires même s'il arrive que des chambres se libèrent vers la fin du festival à des tarifs plus "avantageux", je suis une adepte de son restaurant de plage, je vous en reparlerai bientôt, à mon avis, le meilleur de Cannes rapport qualité/prix/amabilité), un peu en retrait de la Croisette, entièrement modernisé et refait à neuf, très cher certes mais finalement moins que d'autres 4 étoiles qui n'en ont pas le standing (comme l'hôtel Cristal par exemple qui, l'an passé, proposait sa dernière chambre à 4700 euros pour 12 nuits)ou évidemment le Majestic Barrière qui, avec ses nouveaux aménagements, est devenu le plus beau palace de la Croisette et surtout le plus proche du palais des festivals (Cliquez ici pour tout savoir sur le Majestic et sa rénovation).
Le Palais Stéphanie devient également la nouvelle adresse incontournable de la Croisette, devenu depuis le 1er Avril le JW Marriott Cannes auquel j'ai récemment consacré un article.
Parmi les nouveautés, également le Radisson Blu 1835 Hotel et Thalasso (dont je vous reparle très bientôt sur inthemoodforluxe.com ), ancien White Palm, véritable havre de paix et de luxe sur le port de Cannes (mais là, un peu plus loin, et sans doute pas assez pour qu'un taxi accepte de vous y emmener depuis le palais des festivals).
Si vous voulez encore quelques exemples de prix, sachez ainsi encore que l'hôtel Victoria, petit 4 étoiles, propose des chambres à 450 euros la nuit, sans compter le petit-déjeuner à 18 euros.
Ci-dessus l'hôtel Majestic
Ci-dessus, l'hôtel Gray d'Albion
Ci-dessus, l'hôtel Palais Stéphanie
Ci-dessus l'hôtel Cristal
-Je peux aussi vous parler du Martinez puisque j'y étais en 2009 invitée par L'Oréal en tant que gagnante du concours de blogs du Festival de Cannes 2008. Le service est attentionné (mais bousculé en période de festival et parfois dépassé par les événements), mais étant donné la grandeur de l'établissement toutes les chambres n'ont pu être rénovées et certaines mériteraient un petit rafraichissement. L'endroit n'en demeure pas moins exceptionnel (spa, belle plage...).
-L'hôtel le plus proche du palais des festivals (juste en face) est l'hôtel Splendid, un trois étoiles dont la propreté et l'amabilité laissent à désirer (sans compter que si vous avez une chambre ou même une suite au premier étage, on vous demandera de laisser les volets fermés "à cause des vols"). A noter que certaines chambres ont des kitchenettes (même si j'ignore si cela correspond aux normes actuelles), ce qui peut s'avérer pratique et économique en période de festival... même si l'hôtel, lui, ne l'est pas et propose en tout cas des prix bien au-dessus de ses prestations. Même constatation à l'Ibis qui, par ailleurs, est plus loin de la Croisette.
-Pour le rapport qualité prix, je vous recommanderais l'hôtel Mondial (sans restaurant mais moderne et propre, dans la rue d'Antibes), un trois étoiles dont certaines suites (moins chers que des chambres d'autres hôtels de même catégorie) donnent sur la mer (à noter: le wifi est gratuit).
-Parmi les hôtels "abordables", j'aime beaucoup aussi l'hôtel Canberra. Même si le service est parfois aléatoire en période de festival, pour cause de personnel insuffisant, la nourriture y est bonne et la décoration (glamour et style années 50 avec de magnifiques salles de bain) des chambres leur donne un aspect cocooning particulièrement agréable et relaxant en période de festival.
- L'hôtel Mercure Croisette Beach, dont certaines chambres mériteraient là aussi d'être rénovées fait aussi partie des bonnes adresses (amabilité au rendez-vous, bonne situation, petite piscine, plage) même si le prix dépasse largement celui d'un Mercure "classique" même en haute saison (minimum 4500 euros pour tout le festival).
Ci-dessus: l'hôtel Eden
Si vous voulez les adresses précises et des renseignements, je vous conseille la page "Hôtel Réservation" de l'office de tourisme qui vous informera de tous les appartements et chambres disponibles et sur laquelle vous trouverez toutes les informations pratiques nécessaires. Vous y trouverez encore des chambres à la Résidence Excelsuites (mais sur le Boulevard Carnot, dont je vous parlais tout à l'heure), à partir de 81 euros par jour, à l'Azurene Royal Hôtel, un 2 étoiles rue du Commandant André (en plein centre) à partir de 100 euros par chambre, par nuit, à l'Hôtel Amarante Cannes (toujours sur le Boulevard Carnot), un 4 étoiles à partir de 110 euros par nuit, à l'Albert 1er, Avenue de Grasse, un deux étoiles, à partir de 116 euros, au Novotel Cannes Montfleury, avenue de Beauséjour (également loin de la Croisette), à partir de 119 euros par nuit...ou au 3.14, certes en plein centre (mais très bruyant, d'un hôtel plusieurs rues plus loin, j'en "subissais" la musique l'an passé) avec ses étages aux noms et à la décoration (plus ou moins heureuse) de continents mais à 805 euros par nuit.
Je vous laisse découvrir les autres offres, sur la page précitée. Si vous voulez des hôtels (de qualité) aux tarifs plus attractifs, il vous faudra vous éloigner de la Croisette, voire de Cannes, direction La Bocca ou même Mandelieu, voire plus loin... (mais certains, même en dehors de Cannes, en profitent aussi pour augmenter leurs tarifs).
Evidemment, reste encore la solution locations auprès des particuliers. Là, je vous conseille de demander des photographies au préalable (j'en connais pas mal qui ont eu des déconvenues) et surtout l'emplacement exact (on vous dira souvent "à deux pas de la Croisette" ou "proche du palais des festivals", comme pour les hôtels d'ailleurs, ce qui, en période de festival où il est difficile de circuler ou de déambuler, peut représenter beaucoup de temps perdu). L'emplacement idéal est pour moi entre la Croisette et le Boulevard Carnot et entre le palais des festivals et l'hôtel Martinez.
N'hésitez pas à me faire part dans les commentaires ou par email (inthemoodforcinema@gmail.com ) de vos bons plans (si vous avez un bon plan hôtelier auquel je n'ai pas pensé, je suis preneuse!) ou de vos propres déconvenues...
Je ferai,
Plutôt que d'écrire des articles expéditifs entre deux séances, j'ai fait le choix de commenter cette 69ème édition sur les réseaux sociaux et de vous en livrer le compte rendu exhaustif a posteriori. Sachez en tout cas que mon programme est aussi riche que passionnant et surtout que cette édition foisonne de très grands films !
En attendant de vous livrer un compte rendu très complet de cette formidable édition, ci-dessus un indice sur le film qui m'a le plus bouleversée...
J'ai hâte de partager ici mon enthousiasme pour cette sélection 2016. Vous pouvez toujours suivre mes avis au jour le jour sur twitter (@moodforcinema / @moodforcannes) et sur Instagram pour les photos ( @sandra_meziere).
« Ne me secouez pas, je suis plein de larmes » écrit Henri Calet dans Peau d’ours, son ultime roman inachevé, un roman qui touche tout particulièrement Alain Delon. Peut-être au fond est-ce là que réside la clef du mystère, la clef des émotions de cette journée aussi ?
De ce Festival de Cannes 2019, sans aucun doute la master class et la remise de la Palme d’or d’honneur à Alain Delon suivie de la projection de Monsieur Klein en resteront-elles pour moi des souvenirs indélébiles. De même que la projection du film Les plus belles années d’une vie de Claude Lelouch (mon récit et ma critique, ici). Bien sûr, cette édition a connu de nombreux moments forts sur lesquels je reviendrai mais cette journée convoquait les émotions de l’enfance. Et qu’est-ce qui pourrait bien rivaliser avec les émotions de l’enfance ? Ces moments inestimables à regarder et commenter les films de Delon avec mon père. L’acteur de nos films préférés. Ceux que nous regardions inlassablement à chaque diffusion télévisée. Ceux qu’il m’enregistrait précautionneusement sur les cassettes VHS. Ceux à l’origine de ma passion dévorante pour le cinéma. Les Gabin aussi, le « patron » comme l’appelle Delon. Alors, tout naturellement, dans mon premier roman qui est un hommage au cinéma mais aussi à mon père, mon héros, c’est autour du Cercle rouge que l’intrigue tourne (qui se déroule aussi dans la suite Mélodie de l'hôtel Majestic à Cannes, ainsi nommée en référence à...Mélodie en sous-sol, film avec Alain Delon, suite dans laquelle a été prise la photo ci-dessous) et autour de cette fameuse citation : «Quand des hommes, même s'ils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents. Au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge.»
Le 19 Mai 2019, j’avais donc rendez-vous avec les émotions de mon enfance, avec mes premiers élans passionnés pour le cinéma, avec le héros de Visconti, Clément, Deray, Verneuil, Losey, Giovanni, Melville, avec Tancrède, Roger Sartet, Robert Klein, Roch Siffredi, Gino sans oublier le glacial, élégant et solitaire Jef Costello. Comme un clin d'œil du destin, ce jour était aussi accessoirement celui de mon anniversaire.
Comme souvent, c’est dans la salle Buñuel qu’avait lie
En attendant l’arrivée d’Alain Delon, je pensais à la projection de Plein soleil en copie restaurée en 2013 à l’occasion de laquelle Alain Delon était venu pour la dernière fois à Cannes. Alain Delon dit régulièrement de René Clément que c’est pour lui le plus grand réalisateur mais surtout le plus grand directeur d’acteurs au monde. Sa présence à l’occasion de la projection de Plein soleil à Cannes Classics était donc une évidence. L’acteur avait par ailleurs alors déjà tenu à ce qu’il ne s’agisse pas d’un hommage à Alain Delon mais d’un hommage à René Clément. Rappelons que Delon devait d’ailleurs au départ interpréter le rôle que Maurice Ronet jouera finalement et, malgré son jeune âge (24 ans alors), il avait réussi à convaincre Clément (et d’abord sa femme) de le faire changer de rôle.
Photo ci-dessus prise lors de la présentation de Plein soleil par Alain Delon lors de sa projection en copie restaurée dans le cadre du Festival de Cannes 2013.
Retrouvez également cet article sur Inthemoodforluxe.com.
Maquilleur Officiel du Festival de Cannes depuis 16 ans et pour la 17ème année en 2014, L’Oréal Paris contribue chaque année à la magie et la beauté de l’évènement Cinéma le plus prestigieux du monde, le Festival de Cannes que je couvre depuis 14 ans sur mes différents blogs, a fortiori sur mon blog dédié au Festival de Cannes http://inthemoodforcannes.com et celui dédié aux festivals de cinéma http://inthemoodforfilmfestivals.com .
En 2008, c'est avec ce premier blog "In the mood for Cannes" que je remportais le concours de blogs du Festival de Cannes organisé par L'Oréal et dont le prix a consisté à vivre deux journées de rêve l'année suivante.
Pour adopter le maquillage des célébrités présentes sur le tapis rouge, L'Oréal propose désormais à ses internautes une plateforme digitale décryptant les plus beaux maquillages du Festival de Cannes, un site particulièrement réussi que je vous invite à visiter et sur lequel vous retrouverez les célèbres et somptueuses égéries de la marque: www.get-the-look.fr .
Voici le récit et les photos de mon expérience avec L'Oréal en 2009 publiés alors... :
Mon badge L'Oréal
Mon programme
Star d'un jour: merci Jacques Dessange et L'Oréal...
Dans les couloirs du Martinez
Tout a commencé par une voiture officielle du Festival qui est venue me chercher pour m’emmener au Martinez. Et puis ensuite les journées, les nuits, le cinéma, la réalité se sont enchaînés et confondus dans un ballet grisant. L’accueil de l’équipe L’Oréal, la présentation aux inénarrables journalistes de la presse féminine avec lesquelles je passerai cette journée l’oréalesque, le déjeuner au Carlton (au lieu du restaurant de plage du Martinez, pour cause de pluie) dans une salle presque vide à la table à côté de celle de Jane Campion (tout de même) à l’image de ses précédents films, d’une étrange grâce intemporelle, Abbie Cormish, Ben Whishaw , un jeune homme dont ma voisine intarissable m’apprend qu’il s’agit de Ryan Philippe, et non loin d’Eva Longoria (contre laquelle mon autre voisine journaliste ne cessera de pester pour avoir vue son interview annulée au dernier moment) et Tony Parker. Retour au Martinez pour attendre la maquilleuse de L’Oréal et le coiffeur de Jacques Dessange. L’ambiance est joyeuse et décontractée (merci encore à mes deux amies qui se reconnaîtront, c’était formidable de partager ces instants insolites avec vous). La conversation est tellement joyeuse que nous ne voyons pas l’heure passer. J’apprends justement que Ben Wishaw, l’acteur principal du film de Jane Campion « Bright star » vient d’être coiffé par la même main, juste avant moi, et puis surtout je pose plein de questions sur le festival auxquelles ma coiffeuse répond avec gentillesse, se mêlant à notre joyeux brouhaha. C’est passionnant et oserais-je dire (oui, oui, j’oserai ) beaucoup plus que la conversation de certaines journalistes avec lesquelles j’ai déjeuné (pas toutes, j’ai été ravie de faire connaissance avec certaines d’entre elles dont ma voisine qui se reconnaîtra, je pense).
Soudain, une des attachées de presse de l’Oréal entre en trombes dans la chambre. Le ciel semble lui être tombé sur la tête, la catastrophe paraît imminente. Un être mystérieux la presse au téléphone de m’emmener de gré ou de force. Il faut se dépêcher, les autres m’attendent, les voitures sont sur le point de partir et nous devons impérativement partir avec le reste de l’équipe L’Oréal. La coiffeuse remet à la hâte les dernières mèches, je voudrais avoir le temps de la remercier mais déjà on m’entraîne dans les couloirs du Martinez pour une course échevelée (enfin heureusement uniquement au sens figuré). Nous croisons Franc Dubosc qui se fait prendre en photo dans des poses très jamesbondesques mais je n’ai pas le temps de m’attarder sur cette image plus cocasse que glamour qu’on m’engouffre dans l’ascenseur avant de me refaire prendre ma course dans le hall du Martinez, jusqu’au bar où devait se dérouler le cocktail. Les sept journalistes avec lesquelles j’ai déjeuné m’attendent et devant nous Eva Longoria tente de rentrer dans sa voiture sous une nuée de flashs qui nous éblouissent nous aussi. On nous attribue un numéro de voiture. La mienne se trouve juste derrière celle d’Eva Longoria. Nous montons dans notre voiture à la hâte, et roulons ainsi au pas, jusqu’au bas des marches. C’est étrange de voir la foule, vorace, ainsi se presser contre la vitre, avide d’un regard. L’actrice dont j’ignore le nom qui est aussi dans ma voiture semble aux anges pour sa première montée des marches. Eva Longoria et Tony Parker descendent de la voiture juste devant nous pour signer des autographes puis on nous ouvre la portière et nous attendons puis gravissons les marches juste derrière eux parmi les cris stridents, violents parfois même, des photographes. L’actrice « de la voiture » dont évidemment j’ignore toujours le nom replace une de mes mèches rebelles, comme si la montée des marches devait créer une complicité, ou du moins en donner l’impression, se disant sans doute que ce geste à la fois faussement nonchalant et sympathique serait très photogénique, ou peut-être tout simplement très heureuse d’être là.
Et puis je retrouve cette salle que je connais si bien, et le cinéma, enfin. La lumière s’éteint. J’apprécie le silence après l’euphorie. Je me plonge dans l’univers, plus doux et policé, de Jane Campion que j’attendais si impatiemment. Le début me déroute. Cette histoire avait tout pour me plaire mais ce récit des amours contrariées du jeune poète anglais John Keats et de sa voisine Fanny Brawne peine à m’embarquer. Jane Campion vous nous parler de fièvre ( de la passion et de la création) mais son film en est malheureusement dépourvu. Ce qui aurait pu (et sans doute voulu) être une retenue devient tellement lisse que cela me laisse à distance, pourtant j’aurais aimé me laisser emporter par cette histoire, par leurs élans passionnés et leurs désirs contrariés. Les obstacles à l’histoire d’amour des deux protagonistes sont finalement assez flous, les personnages secondaires trop esquissés pour être crédibles. Abbie Cormish y met beaucoup de conviction, mériterait un prix d’interprétation, sans nul doute. La caméra, pourtant si sensible, presque caressante, de Jane Campion est appliquée mais je n’arrive pas à être touchée par ses personnages, à croire à leurs sentiments. Restent les mots de John Keats d’une mélancolie envoûtante, à l’image de ce que j’aurais rêvé que soit ce film, à l’histoire si prometteuse. La photographie est certes empreinte de cette retenue à la fois lumineuse et sombre, et de mélancolie mais pas assez pour que nous éprouvions l’amour douloureux des protagonistes, ni cette passion qui les prive de liberté.
Contrairement à ses films précédents et bien que les sentiments qui envahissent les deux personnages principaux soient intemporels, le film a aussi un aspect suranné malgré la poésie qui surgit parfois, comme tous ces papillons qui envahissent la chambre de Fanny faisant écho aux vers de John Keats :
« Je rêve que nous sommes des papillons
N’ayant à vivre que trois jours d’été.
Avec vous ils seraient plus plaisants
Que cinquante années d’une vie ordinaire »
Je repense à ma voisine de projection qui le midi même avait affirmé, péremptoire, visiblement très fière de partager cette "découverte"(ou du moins ce qui pour elle semblait l’être) que l’art, selon sa définition devait être intemporel. Ce film ne sera certainement pas pour elle un chef d’œuvre…
Puis revenant dans le prosaïsme du XXIème siècle, quoique… nous reprenons les voitures officielles, direction le Majestic pour le dîner. Tandis qu’une des convives continue d’évoquer son sujet favori, elle-même, ma voisine me parle de son émotion, les yeux encore rougies, que lui a provoqué le film de Jane Campion. Je m’en veux presque de n’être pas émue. Peut-être aussi, parce que je suis là et ailleurs, à penser à la beauté ironique du destin qui fait se rejoindre ma fiction et la réalité, à penser que je n’ai peut-être pas tort de rêver toujours à l’impossible, aussi déraisonnable soit-il. Puis, je me paie le luxe de refuser d’aller à la soirée Canal plus (à la villa Doumergues ou de Mai, je n’ai pas bien compris) pour me retrouver avec le silence de mes pensées enivrantes, après une dernière séance photo dans le hall du Martinez et avant d’y passer la nuit.
La nuit sera courte et après un petit déjeuner au Martinez, une voiture officielle m’attend pour me ramener à mon hôtel car déjà ces mésaventures à peine terminées d’autres m’attendent puisque 3 heures plus tard mes camarades blogueurs sélectionnés comme moi pour vivre 3 jours à Cannes, avec Allociné et Philips, vont bientôt arriver. Je les attends avec impatience, ayant hâte de faire leur connaissance pour certains, de les retrouver pour d’autres. Je n’imaginais pas alors à quel point ces trois jours, aussi, seraient inoubliables…
Avant de partir vers d’autres aventures, je repense aux signes du destin en redoutant aussi leur cruauté, et je repense à cette journaliste également invitée par L'Oréal qui a demandé à sa collègue, avec le plus grand sérieux du monde si elle parlait autrichien, ce à quoi son interlocutrice a rétorqué qu’en effet elle parlait… allemand. Je crois qu’à cet instant, au moins, la perplexité lui aura fait oublier le refus d’Eva Longoria…
Quelques années plus tard, je publiais un recueil de nouvelles intitulé "Ombres parallèles" dont 4 se déroulent dans le cadre du Festival de Cannes et sont fortement inspirées de mes 14 années de Festival de Cannes et notamment de ces péripéties.