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« Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal » de Steven Spielberg en avant-première mondiale : jubilatoire !
Hier la fébrilité était à son comble avec la projection en avant-première mondiale du quatrième volet des Indiana Jones présenté hors compétition. (Certains se sont même paraît-il battus pour entrer, j'en ai vu d'autres se jeter comme des affamés - de cinéma ou de fierté- sur des invitations, le spectacle cannois sait décidément être aussi sublime que pathétique). C’était aussi le retour de Steven Spielberg sur la Croisette 22 ans après la projection de La Couleur Pourpre hors compétition en 1986.
A 66 ans, Harrison Ford a ainsi de nouveau revêtu son blouson de cuir, son fameux chapeau et s’est de nouveau emparé de son fouet légendaire pour de nouvelles péripéties qui le propulsent cette fois-ci en pleine Guerre Froide. Epaulé d'un jeune motard rebelle interprété par Shia LaBeouf, il embarquera pour le Pérou afin de débusquer une mystérieuse relique qui suscite depuis des siècles autant de fascination que de craintes : le Crâne de Cristal d'Akator mais des agents soviétiques menés par la cruelle Irina Spalko, personnage incarné par Cate Blanchett, convoitent également ce trésor, car il est dit que quiconque possède le Crâne et en déchiffre les énigmes s'assure alors coup le contrôle absolu de l'Univers.
Que ne ferait-on pas pour se replonger dans nos souvenirs, nos mythes d’enfance, pour retrouver cette sensation que rien n’est impossible, que la vie est un tour de manège virevoltant, que les obstacles les plus improbables peuvent se franchir avec élégance et panache ? Que ne ferait-on pas pour être là où tant auraient aimé se trouver, à être les premiers à dévoiler (ou taire) les secrets entourant le scénario jalousement gardés depuis des mois ? Que la raison soit plus ou moins noble, Indiana Jones était hier le film où tout le monde voulait être. Peut-être aussi parce que cette 61ème édition présente essentiellement des films qui nous plongent dans une âpre réalité, que retrouver l’innocence de son regard d’enfant n’a pas de prix…
La salle bruissait d’impatience et d'effervescence joyeusement enfantine avant le début de la projection, quelques spectateurs entonnèrent même la célèbre musique puis c’était parti pour 2H03 jubilatoires, ne nous laissant pas une seconde de répit, ne nous laissant pas une seconde pour nous évader de cette palpitante aventure.
Cette fois donc les Soviétiques ont remplacé les nazis, les années 50 les années 30 et Steven Spielberg s’est d’ailleurs beaucoup inspiré du cinéma de ces années-là. Le fond et la forme restent aussi très inspirés du cinéma des années 80 avec son humour sarcastique, ses scènes d’action trépidantes, époustouflantes, tonitruantes, son style série B.
Indiana Jones c’est le héros de nos rêves, nos lectures et nos images d’enfance, celui qui nous aurions tous aimé être à commencer par Spielberg lui-même, avec son charme intemporel, sa désinvolture élégante, son ironie dans les situations les plus dramatiques (ou plutôt désespérées, rien n’est jamais dramatique dans Indiana Jones -même lorsqu'il proclame sur un ton faussement désolé son célèbre "This is bad"-, nous sommes là pour nous amuser, pour faire semblant à l'image des décors délibérément là non pour pas pour être réalistes mais pour nous faire croire à cet ailleurs merveilleux avec ses couleurs ocres et irréelles tout droit issues de nos songes d'enfance). Harrison Ford, c’est Humphrey Bogart, Cary Grant et James Bond réunis. C'est la quintessence du film d'action avec le regard du grand auteur qu'est ici Steven Spielberg, qui n'est jamais dupe... Indiana Jones c'est le blockbuster auteuriste qui ne se prend pas au sérieux mais qui prend les rêves d'enfant de ses spectateurs au sérieux. Il ne faut jamais plaisanter avec les rêves d'enfant, jamais les abandonner, y renoncer non plus mais c'est une autre histoire...quoique justement...
Je ne vous en dirai pas plus d’abord pour une raison prosaïque, c’est que je n’en ai malheureusement pas le temps, et une autre tout à mon honneur (si,si) c’est que je préfère vous laisser découvrir ce tour de manège époustouflant, tourbillonnant, toutes ces épreuves qu’il vous faudra franchir à un rythme effréné, entre cascades diluviennes, fourmis dévoreuses, explosion nucléaire, et menaces mystiques et tant d’autres encore.
Cette projection m’a donnée la sensation d’avoir fait un tour dans un parc d’attractions, tellement ludique (aussi parce que Steven Spielberg s’amuse avec le propre mythe Indiana Jones) m’a donnée un inestimable sentiment de légèreté, a fait jaillir l’étincelle dans nos regards d’enfant parfois voilés, un pouvoir sans doute encore plus magique que tous ceux d’Indiana réunis. Une parenthèse ludique, enchantée, enchanteresse dans lequel le savoir est le plus grand des trésors, dans lequel les amours de jeunesse sont intemporels et forcément inoubliables.
Il ne vous reste que deux jours à patienter avant la sortie en salles, avant de plonger dans vos souvenirs et vos rêves d’enfance, avant de prendre votre ticket pour ce tour de manège qui défie le temps et l’âpreté de la réalité…
J’aimerais encore vous parler de « La vie moderne » , le magnifique documentaire de Raymond Depardon présenté à Un Certain Regard , de mes déambulations et observations nocturnes, de la vie cannoise mais une nouvelle fois le temps me manque…
A mon programme aujourd’hui : l’hommage à Manuel de Oliveira, « Le silence de Lorna » des frères Dardenne notamment… et forcément de ces savoureux imprévus que chaque journée cannoise recèle...