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a l'origine

  • Compétition officielle 2009- "A l'origine" de Xavier Gianoli

    En attendant le Festival de Cannes 2010, voici quelques critiques de films présentés lors du Festival de Cannes 2009 et que j'ai eu l'occasion de voir ou revoir après celui-ci.

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     A l’origine, il y avait un film beaucoup trop long que j’avais vu à Cannes où il figurait en compétition officielle, mais malgré cela très séduisant. Depuis, le film a été amputé de 25 minutes, c’est la raison pour laquelle je souhaitais le revoir, en espérant que ces 25 minutes en moins lui feraient gagner en rythme.

     

    L’histoire est toujours la même que celle du film projeté à Cannes. Celle de Philippe Miller (François Cluzet), un escroc solitaire  qui découvre un chantier d’autoroute abandonné depuis des années, tout cela à cause d’un scarabée ! De l’arrêt des travaux avait découlé une véritable catastrophe  économique pour les habitants de la région. Si pour Philippe il s’agit d’une chance de réaliser une escroquerie aussi improbable qu’inédite en reprenant les travaux, pour les habitants de la région, il est le messie (c’est d’ailleurs ce qui lui dira le maire de la ville à son arrivée), celui qui va leur redonner espoir.  Les choses se compliquent quand Philippe prend conscience de l’importance considérable que prend son escroquerie dans la vie de ces gens surtout que dans le même temps, son passé va le rattraper.

     

    Mettons tout de suite fin au suspense : ce nouveau montage est une incontestable réussite…même si pour cela il a fallu sacrifier certains personnages (et dans le même temps certains comédiens qui ont vu leurs rôles réduits ou supprimés comme l’ex-femme de « Philippe Miller », en réalité son pseudonyme). Ce que le film perd en minutes, le personnage interprété par François Cluzet le gagne en mystère,  en densité, en intérêt, en épaisseur, en charme ; et le film également. Ce montage radicalisé fait revenir à l’essentiel,  à l’être, à ce que l’homme était « à l’origine », à cette vérité humaine que la caméra de Xavier Giannoli, une nouvelle fois, capte avec une grande sensibilité, en filmant au plus près des visages, au plus près de l’émotion, au plus près du malaise. Et même quand il filme ces machines, véritables personnages d’acier, il les fait tourner comme des danseurs dans un ballet, avec une force visuelle saisissante et captivante. Image étrangement terrienne et aérienne, envoûtante. La musique de Cliff Martinez achève de rendre poétique ce qui aurait pu être prosaïque. Une poésie aussi inattendue que la tournure que prend cette histoire pour Philippe Miller qui va finalement vivre les choses plutôt que les prévoir.

     

     A l’origine il y avait aussi ce besoin de ne pas être seul, et surtout d’être considéré. Philippe devient quelqu’un et dans le regard des autres, il prend toute la mesure de sa soudaine importance. A l’origine il y avait un scarabée. Un homme qui aurait pu aussi être ce scarabée. Là pour détruire puis, par la force des choses et des rencontres, pour aider.

     

    Il faut voir avec quel brio François Cluzet interprète cet être mal à l’aise, introverti, peu bavard, qui peu à peu va gagner en confiance. Le malaise de son imposture le dépasse, et les traits de son visage, ses gestes, tout semble témoigner de son tiraillement intérieur. Et dans cette scène où il se retrouve face au conseil municipal, son malaise est tellement palpable, crédible, que je l’ai ressenti comme si j’étais moi aussi dans cette pièce, prise dans un étau de mensonges. Et puis, il faut voir son visage s’illuminer éclairé par un soleil braqué sur lui comme un projecteur braqué sur celui dont le pouvoir est devenu quasiment démiurgique ; il faut le voir aussi patauger dans la boue en frappant dans ses mains, exalté, le voir tomber, se relever, aller au bout de lui-même pour les autres. Ce mensonge va l’étouffer, puis, le porter, puis l’enchaîner, pourtant il aura conquis un territoire, planté son drapeau.

     

    Face à lui, le maire de la ville interprété avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Devos qui dissimule sa solitude et ses blessures derrière une belle assurance.   Tous deux, comme tous les habitants du village, vont avoir une seconde chance, tout reprendre du départ, de l’origine.

     

    Cette route qui va nulle part va les mener quelque part, à vivre une aventure humaine à se créer une famille (formidable Vincent Rottiers dans le rôle du « fils de substitution »).

     C’est aussi une belle métaphore du cinéma et du métier de comédien qui est finalement aussi une imposture, qui fait devenir quelqu’un d ‘autre, fabriquer un chemin, un univers qui ne mène pas forcément quelque part mais reste, là aussi, une belle aventure humaine.

     

    Ce film est avant tout un portrait d’homme touchant, énigmatique et dense qui porté par un acteur au sommet de son art nous emporte totalement  dans son aventure aussi improbable soit-elle (et pourtant inspirée d’une histoire vraie s’étant déroulée en 1997 dans la Sarthe), dans ses mensonges, dans ses contradictions, dans sa conquête. Un césar du meilleur acteur sinon rien.

     

     Et ce nouveau montage a su faire d’un bon film un très beau film qui nous faire revenir à l’essentiel. A l’origine. Nous fait croire à l’impossible. A une seconde chance. Aux routes qui ne mènent nulle part.  A ce que le cinéma lui aussi était à l’origine : un mensonge exaltant qui peut nous faire croire que tout est possible. Même si la réalité, un jour ou l’autre, finira par reprendre ses droits.

    Catégories : COMPETITION OFFICIELLE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • "A l'origine" de Xavier Giannoli: compétition officielle 2009

    Je poursuis la présentation des films de la compétition officielle 2009, avec l'un des 4 films français: "A l'origine" de Xavier Giannoli.

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    Synopsis: En France, aujourd'hui, un petit escroc sans envergure réussit à se faire passer pour un chef de chantier responsable de la construction d'un tronçon d'autoroute. Il va duper toute une région, engager une dizaine d'ouvriers,  et profiter cyniquement de son escroquerie avant de rencontrer une femme, maire d'une petite ville qui traverse sa route. Elle le trouble, le fragilise, lui révèle un monde qu'il ne connaissait pas: les sentiments. Jusqu'où ira-t-il pour sauver ses victimes, pour se sauver lui-même de son mensonge.

    Sortie en salles: le 14 octobre 2009

    Durée: 2H30

    Casting:  François Cluzet, Gérard Depardieu, Emmanuelle Devos, Vincent Rottier, Stéphanie Sokolinski...

    Complément d'informations: En 1998, Xavier Giannoli avait obtenu la palme d'or du court-métrage avec "L'interview". En 2006 , Xavier Giannoli présentait en compétition "Si j'étais chanteur", son troisième long après "Une aventure" et "Les corps impatients" un film qui avait ravi les festivaliers mais qui était reparti bredouille. "A l'origine" est donc son deuxième film en compétition officielle. Cliquez ici pour lire ma critique de "Si j'étais chanteur", vu à Cannes, en 2006.

    Catégories : COMPETITION OFFICIELLE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer