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IN THE MOOD FOR NEWS - Page 24

  • Palmarès complet du Festival International du film de Berlin 2011 ( 61ème Berlinale) : l’Iran à l’honneur

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    De Cannes à Berlin, difficile désormais de dissocier les prix décernés dans ces festivals de leur impact politique. Même si ceux qui ont vu l’Ours d’or « Nader et Simin, une sépration » de l'Iranien Asghar Farhadi (dont l'ensemble du casting masculin et féminin a également été primé) affirment qu’il s’agit d’une vraie proposition de cinéma, cela n’en est pas moins un nouveau signal fort à l’encontre de l’Iran, cette 61ème édition ayant déjà été placée sous le signe de l'hommage à Jafar Panahi, le cinéaste emprisonné, dont la chaise de membre du jury est restée vide comme à Cannes et dont la présidente du jury Isabella Rossellini, en ouverture de cette Berlinale, avait lu une vibrante lettre. Je vous laisse découvrir le reste du palmarès ci-dessous.

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    Ours d'or:

    NADER ET SIMIN, UNE SEPARATION de Asghar Farhadi

     Grand Prix:

    THE TURIN HORSE de Bela Tarr

     Meilleur réalisateur:

    Ulrich Kohler pour SLEEPING SICKNESS

     Meilleur acteur:

    L'ensemble du casting masculin dans NADER ET SIMIN, UNE SEPARATION 

    Meilleur actrice:

    L'ensemble du casting féminin dans NADER ET SIMIN, UNE SEPARATION

     Meilleur scénario:

    THE FORGIVENESS OF BLOOD

     Meilleure contribution artistique:

    Wojciech Staron et Barbara Enriquez pour EL PREMIO de Paula Markovitch

     Prix de l'innovation (Alfred Bauer):

    IF NOT US, WHO ? de Andre Veiel

     Premier film:

    ON THE ICE de Andrew Okpeaha MacLean

    Ours d'or du meilleur court métrage :

    NIGHT FISHING de Park Chan-wook et Park Chan-kyong


    Ours d'argent, prix du jury :

    BROKEN NIGHT de Yang Hyo-joo


    Mention spéciale :

     FRAGEN AN MEINEN VATER de Konrad Mühe

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  • Critique de "Match point" de Woody Allen, le dimanche 20 février, à 20H35, sur France 2

    Je vous parle très souvent de ce film (oui, oui, je le sais) mais il figure en bonne place dans mon top 10 de tous les temps et donc ce n'est certainement pas la dernière fois que je vous en parle. Alors que le prochain film de Woody Allen "Minuit à Paris" fera l'ouverture du prochain Festival de Cannes, il serait dommage de manquer de chef d'oeuvre d'orfèvrerie scénaristique. Retrouvez ma critique ci-dessous. Vous pouvez également retrouver mon dossier consacré à Woody Allen, en cliquant ici. A ne pas manquer donc, demain soir, à 20H35, sur France 2.

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    Un film de Woody Allen comme le sont ceux de la plupart des grands cinéastes est habituellement immédiatement reconnaissable, notamment par le ton, un humour noir corrosif, par la façon dont il (se) met en scène, par la musique jazz, par le lieu (en général New York).

    Cette fois il ne s'agit pas d'un Juif New Yorkais en proie à des questions existentielles mais d'un jeune irlandais d'origine modeste, Chris  Wilton   (Jonathan Rhys-Meyer), qui se fait employer comme professeur de tennis dans un club huppé londonien. C'est là qu'il sympathise avec Tom Hewett (Matthew Goode), jeune homme de la haute société britannique avec qui il partage une passion pour l'opéra. Chris fréquente alors régulièrement les Hewett et fait la connaissance de Chloe (Emily Mortimer), la sœur de Tom, qui tombe immédiatement sous son charme. Alors qu'il s'apprête à l'épouser et donc à gravir l'échelle sociale, il rencontre Nola Rice (Scarlett Johansson), la pulpeuse fiancée de Tom venue tenter sa chance comme comédienne en Angleterre et, comme lui, d'origine modeste. Il éprouve pour elle une attirance immédiate, réciproque. Va alors commencer entre eux une relation torride...

     

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    Je mets au défi quiconque n'ayant pas vu le nom du réalisateur au préalable de deviner qu'il s'agit là d'un film de Woody Allen, si ce n'est qu'il y prouve  son génie, dans la mise en scène, le choix et la direction d'acteurs, dans les dialogues et dans le scénario, « Match point » atteignant d'ailleurs pour moi la perfection scénaristique.

     

    Woody Allen réussit ainsi à nous surprendre, en s'affranchissant des quelques « règles » qui le distinguent habituellement : d'abord en ne se mettant pas en scène, ou en ne mettant pas en scène un acteur mimétique de ses tergiversations existentielles, ensuite en quittant New York qu'il a tant sublimée. Cette fois, il a en effet quitté Manhattan pour Londres, Londres d'une luminosité obscure ou d'une obscurité lumineuse, en tout cas ambiguë,  à l'image du personnage principal, indéfinissable.

    Dès la métaphore initiale, Woody Allen nous prévient (en annonçant le thème de la chance) et nous manipule (pour une raison que je vous laisse découvrir), cette métaphore faisant écho à un rebondissement (dans les deux sens du terme) clé du film. Une métaphore sportive qu'il ne cessera ensuite de filer : Chris et Nola Rice se rencontrent ainsi autour d'une table de ping pong et cette dernière qualifie son jeu de « très agressif »...

    « Match point » contrairement à ce que son synopsis pourrait laisser entendre n'est pas une histoire de passion parmi d'autres (passion dont il filme d'ailleurs et néanmoins brillamment l'irrationalité et  la frénésie suffocante que sa caméra épouse) et encore moins une comédie romantique (rien à voir avec « Tout le monde dit I love you » pour lequel Woody Allen avait également quitté les Etats-Unis) ; ainsi dès le début s'immisce une fausse note presque imperceptible, sous la forme d'une récurrente thématique pécuniaire, symbole du mépris insidieux, souvent inconscient, que la situation sociale inférieure du jeune professeur de tennis suscite chez sa nouvelle famille,  du sentiment d'infériorité que cela suscite chez lui mais aussi de sa rageuse ambition que cela accentue ; fausse note qui va aller crescendo jusqu'à la dissonance paroxystique, dénouement empruntant autant à l'opéra qu'à la tragédie grecque. La musique, notamment de Verdi et de Bizet, exacerbe ainsi encore cette beauté lyrique et tragique.

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    C'est aussi le film des choix cornéliens, d'une balle qui hésite entre deux camps : celui de la passion d'un côté, et de l'amour, voire du devoir, de l'autre croit-on d'abord ; celui de la passion amoureuse d'un côté et d'un autre désir, celui  de réussite sociale, de l'autre (Chris dit vouloir  « apporter sa contribution à la société ») réalise-t-on progressivement. C'est aussi donc le match de la raison et de la certitude sociale contre la déraison et l'incertitude amoureuse.

     A travers le regard de l'étranger à ce monde, Woody Allen dresse le portrait acide de la « bonne » société londonienne avec un cynisme chabrolien auquel il emprunte d'ailleurs une certaine noirceur et une critique de la bourgeoisie digne de  La cérémonie que le dénouement rappelle d'ailleurs.

    Le talent du metteur en scène réside également dans l'identification du spectateur au (anti)héros et à son malaise croissant qui trouve finalement la résolution du choix cornélien inéluctable, aussi odieuse soit-elle. En ne le condamnant pas, en mettant la chance de son côté, la balle dans son camp, c'est finalement notre propre aveuglement ou celui d'une société éblouie par l'arrivisme que Woody Allen stigmatise. Parce-que s'il aime (et d'ailleurs surtout désire) la jeune actrice, Chris aime plus encore l'image de lui-même que lui renvoie son épouse : celle de son ascension.

    Il y a aussi du Renoir dans ce Woody Allen là qui y dissèque les règles d'un jeu social, d'un match fatalement cruel ou même du Balzac car rarement le ballet de la comédie humaine aura été aussi bien orchestré.

     Woody Allen signe un film d'une férocité jubilatoire, un film cynique sur l'ironie du destin, l'implication du hasard et  de la chance. Un thème que l'on pouvait notamment trouver dans « La Fille sur le pont » de Patrice Leconte. Le fossé qui sépare le traitement de ce thème dans les deux films est néanmoins immense : le hiatus est ici celui de la morale puisque dans le film de Leconte cette chance était en quelque sorte juste alors qu'elle est ici amorale, voire immorale, ...pour notre plus grand plaisir. C'est donc l'histoire d'un crime sans châtiment dont le héros, sorte de double de Raskolnikov, est d'ailleurs un lecteur assidu de Dostoïevski (mais aussi d'un livre sur Dostoïevski, raison pour laquelle il épatera son futur beau-père sur le sujet), tout comme Woody Allen à en croire une partie la trame du récit qu'il lui « emprunte ».

    Quel soin du détail pour caractériser ses personnages, aussi bien dans la tenue de Nola Rice la première fois que Chris la voit que dans la manière de Chloé de jeter négligemment un disque que Chris vient de lui offrir, sans même le remercier . Les dialogues sont tantôt le reflet du thème récurrent de la chance, tantôt d'une savoureuse noirceur (« Celui qui a dit je préfère la chance au talent avait un regard pénétrant sur la vie », ou citant Sophocle : « n'être jamais venu au monde est peut-être le plus grand bienfait »...). Il y montre aussi on génie de l'ellipse (en quelques détails il nous montre l'évolution de la situation de Chris...).

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    Cette réussite doit aussi beaucoup au choix des interprètes principaux : Jonathan Rhys-Meyer qui interprète  Chris, par la profondeur et la nuance de son jeu, nous donnant l'impression de jouer un rôle différent avec chacun de ses interlocuteurs et d'être constamment en proie à un conflit intérieur ; Scarlett Johansson d'une sensualité à fleur de peau qui laisse affleurer une certaine fragilité (celle d'une actrice en apparence sûre d'elle mais en proie aux doutes quant à son avenir de comédienne)  pour le rôle de Nola Rice qui devait être pourtant initialement dévolu à Kate Winslet ; Emily Mortimer absolument parfaite en jeune fille de la bourgeoisie londonienne, naïve, désinvolte et snob qui prononce avec la plus grande candeur des répliques inconsciemment cruelles(« je veux mes propres enfants » quand Chris lui parle d'adoption ...). Le couple que forment Chris et Nola s'enrichit ainsi de la fougue, du charme électrique, lascif et sensuel de ses deux interprètes principaux.

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    La réalisation de Woody Allen a ici l'élégance perfide de son personnage principal, et la photographie une blancheur glaciale semble le reflet de son permanent conflit intérieur.

     Le film, d'une noirceur, d'un cynisme, d'une amoralité inhabituels chez le cinéaste, s'achève par une balle de match grandiose au dénouement d'un rebondissement magistral qui par tout autre serait apparu téléphoné mais qui, par le talent de Woody Allen et de son scénario ciselé, apparaît comme une issue d'une implacable et sinistre logique  et qui montre avec quelle habileté le cinéaste a manipulé le spectateur (donc à l'image de Chris qui manipule son entourage, dans une sorte de mise en abyme). Un match palpitant, incontournable, inoubliable.  Un film audacieux, sombre et sensuel qui mêle et transcende les genres et ne dévoile réellement son jeu qu'à la dernière minute, après une intensité et un suspense rares allant crescendo. Le témoignage d'un regard désabusé et d'une grande acuité sur les travers et les blessures de notre époque. Un chef d'œuvre à voir et à revoir !

    « Match point » est le premier film de la trilogie londonienne de Woody Allen avant « Scoop » et « Le rêve de Cassandre ».

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  • Premiers visuels de "La piel que habito" de Pedro Almodovar : un film pour le Festival de Cannes 2011?

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    Pedro Almodovar sera-t-il à nouveau en compétition cette année après que le magnifique "Etreintes brisées" soit reparti bredouille il y a 2 ans. Toujours est-il que les premiers visuels de son prochain film viennent de nous parvenir, un film qui sortira d'ailleurs en mai prochain, un timing providentiel pour une présentation en compétition. Je vous tiendrai bien entendu au courant dès que j'en saurai plus à ce sujet.

    Synopsis: Adaptation (très libre) du roman de Thierry Jonquet "Mygale", paru en 1995. Certaines personnes abusent sans aucun scrupule de leur immense pouvoir, il y en a d’autres dont l’unique pouvoir réside en leur extraordinaire capacité à lutter pour survivre. "La Peau que j'habite" raconte le choc entre deux de ces individus : le puissant qui abuse et le survivant qui résiste. Depuis que sa femme est morte dans un accident de voiture, le Dr Ledgard (Antonio Banderas), un chirurgien respecté, travaille sur la création d’un nouveau type de peau qui aurait pu sauver sa femme. Douze ans plus tard, le médecin réussit à mettre au point cette dernière, grâce aux avancées sur la thérapie cellulaire. Pour arriver à son but, il ne respecte par les limites éthiques de la transgénèse avec des êtres humains. Mais ce ne sera pas son seul crime…

    Avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes...

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  • Retrouvez-moi en direct de la salle presse des César, le 25 février

    cesar99.jpgPour la deuxième année consécutive, je serai en direct de la salle presse des César pour laquelle je viens d'être accréditée. Et dire que j'avais juré qu'on ne m'y reprendrait plus en raison de la chaleur caniculaire qui règnait en ces lieux et de l'attente, mais je suis néanmoins ravie de vous relater cette soirée en direct.... L'an passé, j'y étais la seule blogueuse parmi les médias nationaux et internationaux, j'ignore si ce sera à nouveau le cas. N'hésitez pas à vous manifester dans le cas contraire, l'union fait la force :-). Je ne savais pas trop ce qui m'attendait et je n'avais donc pas pris d'ordinateur avec moi et pas encore de smartphone pour commenter en direct la cérémonie. Je ne sais pas encore comment je vais m'organiser cette année. Vos suggestions sont les bienvenues. J'essaierai sans doute de commenter en direct (sur le blog et sur twitter) et prendrai des vidéos comme l'an passé que je mettrai en ligne après la cérémonie. La cérémonie aura lieu comme chaque année au théâtre du Châtelet, sera  présentée par Antoine de Caunes et présidée par Jodie Foster. Un césar d'honneur sera remis à Quentin Tarantino. Vous pourrez bien entendu retrouver ici mes vidéos de ces derniers.  Retrouvez mon article sur les nominations en cliquant ici et mon compte rendu des César 2010 en cliquant là.

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  • Semaine du cinéma à Sciences Po Paris : un avant goût de Cannes rue Saint-Guillaume, fin mars

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    9 étudiants de Sciences Po Paris organisent pour la première fois un projet dédié au Cinéma intitulé « la Semaine du Cinéma », en partenariat avec le Forum des Images, qui consacrera au printemps 2011 le 7ème art à Sciences Po Paris (27 rue Saint-Gauillaume / Paris 7ème), un avant-goût de Cannes (à plusieurs titres comme vous le verrez ci-dessous) du 28 mars au 1er avril et surtout une excellente initiative que je me fais un plaisir de relayer ici (je vous en reparlerai d’ailleurs).

      "Cette semaine d’évènements cinématographiques a deux missions : une mission culturelle permettant de sensibiliser les étudiants à l’image et à la création artistique à l’occasion d’évènements originaux, doublée d’une mission professionnalisante, celle de faire découvrir aux étudiants un secteur actif, demandeur d’emploi aussi bien dans le privé que dans le public. » nous disent ses organisateurs.

     Ce projet se divise en 3 volets:

     - un volet rétrospectif avec présentation d’une sélection de 7 palmes d'or du festival de Cannes, 1 par décennie depuis la création du festival.  CANNESx7 célèbre le Festival de Cannes avec la projection libre et gratuite de 7 palmes d’or ayant marqué ses 7 décennies d’histoire. Eclectique et dynamique elle réunira les grands maîtres du XXe siècle: de Rossellini à Gus Van Sant, en passant par Kalatozov, Pialat, Kiarostami, Coppola ou encore Antonioni.. Transgression, vibration, passion, création, évasion, fascination, réflexion : tels sont les 7 ingrédients de cette sélection !

     -Un volet créatif avec un concours de courts-métrages ouvert aux jeunes de moins de 25 ans. Le président du jury sera le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob. Inscription avant le 1er mars 2011. Règlement complet, ici.

     - Un volet plus professionnel avec la tenue d'une conférence sur le thème : "Le cinéma français, dernier bastion européen face l’hégémonie américaine ?».

     Sans oublier  une soirée 100% ciné  dans un lieu 100% rock&roll pour prolonger le plaisir jusqu'au bout de la nuit, au Tigre, le 31 mars.

     Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’opération.

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  • Message de Jafar Panahi adressé au Festival International de Berlin

    Découvrez ci-dessous le (beau et poignant) message du cinéaste iranien Jafar Panahi adressé au Festival international de Berlin (et lu par Isabelle Rossellini) à l'ouverture duquel, comme au Festival de Cannes 2010,  se trouvait une chaise vide sur laquelle figurait son nom, membre du jury "contraint au silence" et privé de liberté pour 20 ans.  Vous pouvez également signer la pétition de soutien sur le site de la Cinémathèque Française.

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    "L’univers d’un cinéaste est à la croisée des rêves et de la réalité. Il puise son inspiration dans la réalité, qu’il pare des couleurs de son imagination, et crée un film qui est la projection de ses espoirs et de ses rêves.

    La réalité est que je suis interdit de tournage depuis cinq ans et que je viens d’être officiellement condamné à 20 ans d’interdiction d’écriture et de réalisation. Mais je sais aussi que je vais continuer à transformer mes rêves en films dans mon imagination. Je reconnais qu’en tant que cinéaste socialement responsable, je ne vais pas pouvoir rendre compte des problèmes quotidiens ni des préoccupations de mes concitoyens, mais je ne vais pas me priver de rêver qu’au terme de ces vingt ans, tous les problèmes auront disparu et que je ferai des films parlant de paix et de prospérité dans mon pays, si j’ai de nouveau la chance d’en faire.

    La réalité est que l’on m’interdit de penser et d’écrire pendant vingt ans mais que l’on ne peut m’empêcher de rêver que dans vingt ans, l’inquisition et l’intimidation auront laissé place à la liberté d’action et de pensée.

    On m’empêche de voir le monde pendant vingt ans. J’espère que lorsque je serai libre, je pourrai voyager dans un monde sans aucune frontière géographique, ethnique ni idéologique, où les hommes vivront librement ensemble, en paix, quelles que soient leurs croyances et convictions. J’ai été condamné à vingt ans de silence. Et pourtant dans mes rêves, je crie pour qu’un jour nous puissions nous tolérer, respecter nos points de vue respectifs et vivre les uns pour les autres.

    En définitive, la réalité de ma sentence est que je dois passer six ans en prison. Je vais vivre pendant ces six prochaines années dans l’espoir de voir mes rêves devenir réalité. Je souhaite que mes confrères des quatre coins du monde réalisent de grands films de sorte que, lorsque je sortirai de prison, je sois inspiré pour continuer à vivre dans le monde qu’ils ont rêvé dans leurs films.

    À partir d’aujourd’hui, et pour les vingt années à venir, je suis contraint au silence. On m’oblige à ne pas voir, on m’oblige à ne pas penser, on m’oblige à ne pas faire de films.

    Je me soumets à la réalité de la captivité et des geôliers. Je chercherai la manifestation de mes rêves dans vos films, espérant y trouver ce dont on m’a dépossédé."

    Jafar Panahi

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  • L'actualité cinéma de la semaine à ne pas manquer

    Ce qu'il ne fallait pas manquer dans l'actualité cinéma cette semaine, outre l'actualité cannoise. Cliquez sur les titres pour accéder à mes articles.

    Oscars 2011: les nominations

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    Jury et programme de la 61ème Berlinale

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    Master class de Nathalie Baye présentée par François Bégaudeau au Gaumont Parnasse: compte rendu et vidéos

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    Concours "Le temps presse": le palmarès, le compte rendu et le prix des blogueurs

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    Palmarès du FIPA de Biarritz 2011

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    Découvrez le Festival Internation au Premier Film d'Annonay à l'occasion de sa 28ème édition

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    Palmarès complet du Festival Premiers Plans d'Angers 2011

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    Palmarès du 14ème Festival International du Film de comédie de l'Alpe d'Huez

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    Retrouvez également l'actualité sur In the mood for Deauville et In the mood for luxe.

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  • "La conquête" de Xavier Durringer avec Denis Podalydès sur les marches du Festival de Cannes 2011

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    "La conquête" de Xavier Durringer dont la date de sortie est prévue le 4 mai 2011 est un des films évènements de l'année. Il retrace en effet l'ascension de Nicolas Sarkozy à la Présidentielle, de manière très réaliste. A un an de la présidentielle de 2012, l'intérêt et l'enjeu dépasseront forcément les frontières cinématographiques. L'équipe du film montera les marches du Festival de Cannes 2011, ce qui n'exclut pour l'instant pas une sélection en compétition, même si la date de sortie annoncée est antérieure au début du Festival de Cannes (11 mai).

    27 avril 2002 – 6 mai 2007
    Entre ces deux dates, l’irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy à la magistrature suprême racontée à la façon d’un thriller.
    Au-delà du cas Sarkozy, la réalité dans tous ses aspects des tenants et des aboutissants de la conquête du pouvoir.

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  • « Biutiful » d’Alejandro Gonzalez Inarritu (compétition officielle Cannes 2010) en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger

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    Retrouvez ci-dessous ma critique de "Biutiful" d'Alejandro Gonzalez Inarritu, en compétition du 63ème Festival de Cannes et pour lequel Javier Bardem a obtenu le prix  d'interprétation ex-aequo. "Biutiful" fait donc partie des finalistes en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger  pour le Mexique face à "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb, "Revenge" de Susanne Bier (Danemark), "Incendies" de Denis Villeneuve (Canada), "Canine" de Yorgos Lanthimos (Grèce).

    Pendant tout le festival, la rumeur selon laquelle Javier Bardem obtiendrait le prix d'interprétation n'a cessé de courir. C'est le dernier jour, en séance de rattrapage que j'ai pu découvrir ce dernier film du réalisateur de « Babel » primé  du prix de la mise en scène pour celui-ci à Cannes en 2006, de retour sur la Croisette en compétition, cette fois sans son scénariste Guillermo Arriaga.

    Premier des films d'Alejandro Gonzales Inarritu écrit sans  Guillermo Arriaga, scénariste de ses célèbres films choraux, "Biutiful" n'en était pas moins attendu notamment parce que Javier Bardem, lui aussi habitué de la Croisette (membre du jury d'Emir Kusturica en 2005, en compétition avec "No country for old men" en 2007 et hors compétition pour "Vicky Cristina Barcelona" de Woody Allen l'an passé) en incarne  le rôle principal.

    Synopsis de "Biutiful": Uxbal (Javier Bardem), un homme solitaire, jongle entre la difficulté d'un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes, ce dernier venant d'apprendre qu'il est atteint d'un mal incurable...

    Difficile d'imaginer un autre acteur dans le rôle d'Uxbal tant Javier Bardem porte et incarne le film, tant l'intérêt et la complexité de son personnage doivent tout à son jeu à la fois en forces et nuances. Pas de film choral et de multiplicité des lieux cette fois mais une seule ville, Barcelone, et un personnage central que la caméra d'Inarritu encercle, enserre, suit jusqu'à son dernier souffle. Unité de temps, de lieu, d'action pour renforcer l'impression de fatalité inéluctable.

    Ceux qui comme moi connaissent et aiment Barcelone auront sans doute du mal à reconnaître en ces rues pauvres, tristes, sombres, parfois même sordides, la belle et lumineuse ville de Gaudi.  Ce pourrait être n'importe où ailleurs, cette histoire, tristement universelle, pourrait se dérouler dans tout autre endroit du monde.

    Epouse bipolaire, trahison du frère, maladie incurable, morts causées par sa faute et par accident, orphelin : rien n'est épargné à Uxbal. Certes, le scénario y va un peu fort dans le drame mais la force du jeu de Javier Bardem est telle que tout passe, et que cet homme qui vit pourtant de trafics peu recommandables, prêt à tout pour assurer un avenir meilleur à ses enfants et en quête de rédemption, finit par être attachant. En arrière plan, l'immigration et l'exploitation des travailleurs clandestins dont la peinture de l'âpre réalité nous fait davantage penser à des cinéastes plus engagés qu'aux précédents films d'Inarritu même si on trouvait déjà ces thématiques dans « Babel ».

    Evidemment « Biutiful » déconcertera comme moi les habitués d'Inarritu, époque Arriaga, non seulement en raison de cette construction plus linéaire mais aussi en raison d'incursions oniriques dans un film par ailleurs extrêmement réaliste comme si le seul espoir possible était dans un ailleurs poétique mais irréel. Certes « Biutiful » désigne les enfants d'Uxbal qui, à l'image de ce mot, égratigné, blessé, représente un avenir bancal, incertain, mais bel et bien là. La vie est là malgré tout même imparfaite.

     « Biutiful » reste un film suffocant ne laissant entrevoir qu'une mince lueur d'espoir, un film dont les excès mélodramatiques au lieu de nous agacer nous touchent grâce au jeu d'un acteur au talent sidérant et grâce à la réalisation qui insuffle un  troublant réalisme. Scénaristiquement moins éblouissant que « Babel » ou même « 21 grammes », par le talent de celui qui incarne son personnage principal et par la complexité de ce personnage, condamné et digne, « Biutiful » ne lâche pas notre attention une seule seconde. Un prix d'interprétation d'une incontestable évidence.

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  • "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb (compétition officielle Cannes 2010) en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger

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    cinéma,hors-la-loi,rachid bouchareb,bernard blancan,oscarJe vous avais déjà fait part de mon enthousiasme pour ce film lors de sa projection cannoise qui avait donné lieu à une polémique sans fondement. Je me réjouis donc d'autant plus que "Hors-la-loi" fasse partie des finalistes concourant pour l'Oscar du meilleur film étranger, pour l'Algérie  (avec "Biutiful" d’Alejandro Gonzales Innaritu (Mexique), "Revenge" de Susanne Bier (Danemark), "Incendies" de Denis Villeneuve (Canada), "Canine" de Yorgos Lanthimos (Grèce). Des films qui ont en commun leur noirceur et leur âpreté mais aussi des scénarii brillants et une réalisation très maîtrisée. Le choix sera sans doute cornélien pour les membres de l'Académie même si vous aurez compris vers quel film va ma préférence même si cette sélection constitue d'ores et déjà une belle revanche et victoire pour le film de Rachid Bouchareb. Fin du suspense le 27 février.  En attendant retrouvez, ci-dessous, mon dossier spécial consacré au film avec ma critique du film publiée suite à la projection cannoise en mai dernier, mon interview de Bernard Blancan et le compte rendu de la conférence de presse cannoise.

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    "Hors-la-loi", 4 ans après le prix d'interprétation collective reçu par les acteurs d'"Indigènes" dont il est davantage une sorte de prolongement (les personnages interprétés par Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila portent ainsi les mêmes prénoms que dans « Indigènes ») que réellement la suite, faisait  partie des films de cette compétition 2010 qui suscitaient le plus d'attente même si cette année, contrairement à "Indigènes "il y a 4 ans, il représente l'Algérie et non la France. C'est aussi le film qui a suscité la plus vive polémique en raison d'une séquence de 6 minutes consacrée au massacre de Sétif à laquelle on a reproché de mettre davantage l'accent sur le massacre des manifestants algériens par l'armée française que sur celui des colons européens. Une polémique absurde puisque c'est du point de vue de ses trois protagonistes algériens que nous voyons ce film et que par ailleurs le massacre des colons européens n'est nullement nié, là n'est simplement pas le sujet. Il n'empêche que cette polémique aura valu aux festivaliers une sécurité inédite : démineurs, hélicoptères, dizaine de cars de CRS, fouille accrue à l'entrée du palais, interdiction de toute bouteille d'eau dans la salle... Plus de 50 ans après, la guerre d'Algérie reste un sujet extrêmement sensible...

    Synopsis: Chassés de leur terre algérienne, trois frères et leur mère sont séparés. Messaoud (Roschdy Zem) s'engage en Indochine. A Paris, Abdelkader (Sami Bouajila) prend la tête du mouvement pour l'Indépendance de l'Algérie et Saïd ( Jamel Debbouze) fait fortune dans les cabarets et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l'amour d'une mère, se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour sa liberté...

    Ce film vaut beaucoup plus et mieux que la polémique à laquelle on tente de le réduire. Ce qui marque d'abord, c'est la qualité de la mise en scène et la somptuosité  de la photographie.

     « Hors-la-loi » n'est par ailleurs pas un manifeste politique mais une sorte de western des temps modernes aux accents parfois melvilliens sur fond de naissance du fln (que Rachid Bouchareb n'épargne d'ailleurs nullement).

    La scène du massacre de Sétif est essentiel pour expliquer l'attachement viscéral à la terre des trois frères, leur besoin de vengeance, leur hargne.

     Bouchareb interroge aussi la question de cause juste ou de guerre juste qui dépasse largement le cadre de la guerre d'Algérie. Jusqu'où aller pour défendre un idéal, une cause que l'on croit juste ? La fin justifie-t-elle les moyens ? La violence est-elle une arme nécessaire pour trouver le chemin de la liberté ?

    La quasi dévotion du personnage de Sami Bouajila  qui sacrifie tout (y compris sa vie) à la cause qu'il défend en est la parfaite illustration. C'est d'ailleurs lui qui domine toute la distribution. Soulignons également la présence d'un autre des cinq lauréats du prix d'interprétation de 2006, Bernard Blancan, injustement absent de la conférence de presse et de l'émission Le Grand Journal à laquelle l'équipe était invitée (présente dans les coulisses de l'émission, je vous en reparlerai demain avec de nombreuses photos) remarquable dans le personnage du Colonel Faivre.

    Une mise en scène ample, lyrique, inspirée, rythmée d'un cinéphile dont on sent les multiples et prestigieuses influences (du "Parrain" de Coppola au cinéma de Scorsese en passant par celui de Melville). Des comédiens une nouvelle fois remarquables. Des questionnements et un sujet passionnants et qui dépassent le cadre de la guerre d'Algérie. Pour moi, un des meilleurs films de cette édition 2010.

    Interview de Bernard Blancan à Cannes suite à la projection de "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb

                                                              

    Conférence de presse de "Hors-la-loi" de Rachid Bouchareb

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    La conférence de presse du film de Rachid Bouchareb (« Hors-la-loi ») qui revenait sur la Croisette 4 ans après la présentation d' « Indigènes » en compétition, était sans aucun doute la plus attendue de ce festival en raison de la polémique évoquée dans mon article précédent. C'est pourtant ( et heureusement) le cinéma qui fut davantage évoqué lors de cette conférence. En voici un résumé.

    Rachid Bouchareb  a tout d'abord tenu à remercier Thierry Frémaux. Puis il a précisé que le film n'était « pas fait pour mettre en place un affrontement  mais au contraire pour avoir un débat .» « Que cela suscite une telle violence autour du film » est exagéré a-t-il ajouté. « Il n'y a aucune raison pour que les générations qui arrivent héritent du passé. »

    Jamel Debbouze évoquant son personnage et l'attitude qu'il aurait eu dans les mêmes circonstances : « Mon personnage ne rentre pas complètement dans la révolution. Je pense que c'est ce que j'aurais fait et en même temps ceux qui l'ont fait n'avaient pas d'autre alternative. » Rachid Bouchareb a également démenti la rumeur selon laquelle Matignon aurait fait des pressions pour que le film ne soit pas sous pavillon français au festival.

    Rachid Bouchareb a défini ainsi son film : « Mon film parle de la violence politique. Cette violence politique est liée à tout mouvement révolutionnaire et pas seulement à la révolution algérienne. » « Je voulais aussi que mon film soit un western. » Concernant la réaction parfois virulente des pieds noirs, Rachid Bouchareb a précisé : « Quand j'ai vu « Le coup de Sirocco » j'ai été très ému mais chacun a son histoire dans la grande Histoire. » « Mon film n'est pas un film contre. Il a le même esprit qu' »Indigènes ». Dans ce film chacun a sa place. La douleur c'est l'histoire de toutes les mères. C'est la meilleure réponse qu'on peut donner. »

    Pour Jamel Debbouze, « une polémique n'existe que si elle est en résonance avec le présent. Pour aborder l'avenir il faut bien avoir fait le point sur le passé. » Pour Rachid Bouchareb, le film est « un voyage dans le passé colonial. Pour moi c'est aussi découvrir des choses quand je fais un film, par exemple comment le public et la presse réagissent. »

    A la fin de la conférence Rachid Bouchareb a tenu à déclarer que « les promesses faîtes aux anciens combattants n'ont pas été tenues ». Enfin pour clore la polémique : « Je ne discuterai pas avec les gens qui veulent faire du film un champ de bataille car il y a eu trop de violence dans le passé. On ne va pas remettre ça aujourd'hui. »

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