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Critique de L’AMOUR ET LES FORÊTS de Valérie Donzelli - Cannes Première

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C’est dans la section Cannes Première qu’est présenté ce nouveau film de Valérie Donzelli, une adaptation du roman éponyme de Eric Reinhardt publié aux Editions Gallimard.

Quand Blanche (Virginie Efira) croise le chemin de Grégoire (Melvil Poupaud), elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Les liens qui les unissent se tissent rapidement et leur histoire se construit dans l’emportement. Le couple déménage, Blanche s’éloigne de sa famille, de sa sœur jumelle, s’ouvre à une nouvelle vie. Mais fil après fil, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux. Grégoire s’appelle Lamoureux. L’amoureux qu’il semble incarner magnifiquement. Blanche le rencontre à une fête à laquelle sa sœur jumelle l’a poussée à aller.

Face caméra, Blanche commence son récit qui nous embarque aux côtés de sa sœur jumelle. Elles sont en route pour une soirée. Dans la voiture, la musique, les couleurs qui les environnent évoquent la joie, les prémisses d’une rencontre. Quand Blanche revoit cet ancien camarade d’école à la soirée à laquelle elle accompagne sa sœur, elle ne le reconnaît pas. « Mais tu as beaucoup maigri » lui dit-elle.  Il lui raconte notamment qu’il aurait voulu être pilote d’avion. Ce complexe et ce regret seront les seules « explications » à l’homme pervers et violent qu’il deviendra. Ce soir-là, la rencontre semble magique. Ils se regardent intensément. Les autres et le monde n’existent plus. Et quand il cite (mal) Britannicus : J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler », peut-être peut-on déjà déceler les racines du mal.

Puis cela commence par des remarques insidieuses, une nouvelle coiffure de Blanche qu’il accueille par un cassant « Je suis pas très frange en général », avant de l’éloigner délibérément de sa famille en inventant une mutation, l’obligeant à quitter la Bretagne  et la mer pour l’Est et les forêts. Et puis il y a ses expressions mielleuses, presque enfantines « Vérité, vérité » qui marquent déjà son obsession de tout savoir, comme lorsqu’il lit par-dessus l’épaule de Blanche lorsqu’elle écrit à sa sœur.

Disons-le d’emblée, le scénario co-écrit avec Audrey Diwan, d’une force et maîtrise exemplaires, nous captive de la première à la dernière seconde, de la lumière à l’obscurité, de la respiration à la suffocation.

La lumière du chef opérateur Laurent Tangy suit les évolutions de cette histoire du conte au thriller hitchcockien, notamment par de savants clairs-obscurs. Le cadre enferme de plus en plus Blanche, comme elle l’est dans son enfer, dans cette maison elle-même inquiétante. Seule la forêt représentera un ailleurs.

Autour de Virginie Efira (magistrale une fois de plus) évolue une pléiade d’actrices remarquables : Virginie Ledoyen, Romane Bohringer, Laurence Côte, Nathalie Richard ou encore Dominique Reymond...  Melvil Poupaud est impressionnant dans le rôle de ce « petit monsieur » rigide, possessif, violent, d’une mauvaise foi et perversité rares, derrière une apparence lisse et élégante, dont la perversité va jusqu’à reconnaître ses fautes après avoir entendu à la radio une émission sur un homme maltraitant sa femme, avant de se positionner en victime en lui reprochant de l’avoir « laissé faire ça » :  « Pourquoi tu m’as jamais rien dit. Ce qui me tue c’est ton manque de considération. Tu dois pas m’aimer beaucoup pour me laisser devenir ce monstre. »

Glaçante, puissante, cette histoire d’amour se transforme thriller psychologique émaillée de scènes de fantaisie au début pour ne bientôt plus laisser bientôt plus de place qu’à la noirceur, qu’à l’enfermement dans cette prison de violence et d’emprise. Elle nous laisse, comme Blanche à la fin, heureux d’être libres mais KO. Un grand film. A voir absolument.

Catégories : CANNES PREMIERE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer

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