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Le palmarès complet et détaillé du 61ème Festival de Cannes: une palme d'or française 21 ans après Pialat!

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 793786238.jpg Il y a quelques heures Sean Penn a dévoilé le palmarès du jury du 61ème Festival de Cannes qu’il a présidé : un palmarès éclectique sans être consensuel et qui surtout, a permis que, 21 ans après la dernière palme d’or française à savoir celle de « Sous le soleil de Satan » de Maurice Pialat, la palme d’or soit attribuée à un film français : « Entre les murs »  de Laurent Cantet dont je vous parlais avec enthousiasme hier (vous pouvez également retrouver dans mon article d’hier les vidéos des réactions du public à l’issue de la projection).

 Cette palme d’or me ravit : ce film allie savamment humour et gravité, captant la poésie et la violence du quotidien, et est aussi d’une certaine manière peut-être le film le plus violent du festival comme l’a dit Jeanne Balibar lors de la conférence de presse du jury, un film qui a terminé en beauté cette sélection 2008 certes de moindre qualité que celle de l’année précédente, après une édition également moins festive qui n’en a pas moins été particulièrement intéressante et instructive sur le monde qu’elle a reflété.  Un film dont je vous parlerai à nouveau prochainement avec le recul nécessaire.

Pour justifier la palme d’or, Sean Penn, lors de la conférence de presse du jury a ainsi évoqué la générosité qui s’en dégageait. Marjane Satrapi quant à elle  a déclaré : "Ce fut notre coup de cœur à nous tous. C’est un film qui va au-delà de la banlieue, au-delà de l’école, et qui posait la vraie question de la démocratie, de tous ces gens qui cohabitent ensemble sans donner de réponse en plus. Souvent, vous voyez un professeur qui règle tous les problèmes à la fin comme par miracle. Dans ce film, il n’y a pas de réponses mais toutes les questions que l’on se pose. C’était aussi les qualités du jeu et ce réalisme évident. J’étais une fervente admiratrice de ce film." Pour Sean Penn: "L’une des raisons pour lesquelles nous avons pris une décision unanime, c’est qu’on a commencé par l’art cinématographique. C’est un film sans coutures : l’interprétation, l’écriture, tout était magique, les provocations, la générosité. Cela correspond à tout ce que vous souhaitez au cinéma. En plus de cela, et à cause des problèmes que ce film aborde, grâce aussi à l’opportunité de ses sujets, dans un monde qui a faim, qui a besoin d’éducation, qui cherche une voix, ce film nous a beaucoup touchés." Lorsqu’il a reçu son prix Laurent Cantet a déclaré qu’il avait voulu faire un film « multiple, foisonnant, complexe » et c’est indéniablement réussi… à en croire les réactions du public pendant et après la projection, et à en croire le choix unanime du jury.

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Ci-dessus, mon invitation pour la projection évènement de ce 61ème Festival de Cannes

Le prix de la mise en scène à Nuri Bilge Ceylan me ravit également (je reviendrai sur ce film ces prochains jours), mon premier coup de cœur de cette compétition 2008. Le réalisateur a dédié son prix à son pays qu’il « aime passionnément ». Son film illustre parfaitement les propos de préambule de Faye Dunawaye concernant le prix de la mise en scène : « Un réalisateur doit être responsable pour chaque scène du film » paraphrasant ainsi Tarantino lors de sa leçon de cinéma. Un prix qui aurait également pu revenir à « Il Divo » auquel le jury a préféré remettre le prix du jury également mérité et qui, avec « Gomorra » récompensé du Grand Prix, signe le retour du cinéma italien à Cannes, et sur la scène cinématographique.

Deux ans après leur dernière palme d’or pour « L’enfant », les frères Dardenne figurent de nouveau au palmarès cette fois avec le prix du scénario, un prix significatif pour des cinéastes dont on reconnaissait toujours d’abord les qualités de metteur en scène oubliant à quel point leurs scénarii étaient ciselés tant l’aspect documentaire de leurs films occulte que cela a été écrit nous donnant le sentiment d’une réalité prise sur le vif.

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Le prix d’interprétation masculine a été remis par le jury à l’unanimité de même que la palme d’or. Je ne me prononcerai pas sur le premier attribué à Benicio Del Toro (qui a dédié son prix au Che qu’il incarne) n’ayant pas vu « Che » de Soderbergh ni sur le prix d’interprétation féminine n’ayant pas non plus vu le film de Walter Salles et Sandra Thomas pour lequel Sandra Corveloni a été récompensée. (Me trompé-je où une certaine inquiétude s’est alors lue dans le regard de Catherine Deneuve qui a alors dû s’interroger sur la raison pour laquelle le festival lui avait demandé de revenir ? ). Walter Salles a ainsi déclaré : « Je suis fière de faire partie d’une profession qui est le reflet d’une nation sur la toile du cinéma ».

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580573474.jpgLe prix (prix spécial du 61ème Festival de Cannes) de Catherine Deneuve (c’était donc cela !) et Clint Eastwood  (photo ci-contre de Clint Eastwood prise par "In the mood for Cannes" lors de l'hommage à Manuel de Oliveira)était aussi un symbole fort envers deux monstres sacrés du cinéma, envers le mythe que Cannes a longtemps surtout symbolisé, envers un autre cinéma, celui de nos rêves d’enfant dont je vous parlais d’ailleurs en ouverture. L’émotion de Catherine Deneuve était palpable, on aurait aimé que la salle se lève comme elle l’a fait pour Robert De Niro, au-delà de l’actrice c’est le symbole de tout un pan de l’Histoire du cinéma mais aussi de sa capacité à se renouveler, à s’adapter aux évolutions du monde qui étaient ainsi récompensés. Il peut paraître un peu étrange que Sean Penn et son jury aient mis sur le même plan Catherine Deneuve et Clint Eastwood l’une étant venue à Cannes en tant qu’actrice et l’autre en tant que réalisateur. Le Président du jury a ainsi justifié ces deux prix spéciaux :

"Je pense que eux (Catherine Deneuve et Clint Eastwood), et quelques autres dans le monde du cinéma, représentent la raison pour laquelle nous nous sommes lancés dans ce métier. Quand on est dans ce milieu depuis aussi longtemps et que l’on reste inventif, créatif, que l’on continue à élever son niveau, je considère cela comme un encouragement pour nous autres. Je ne parlerai pas de dette à leur égard. Nous devons reconnaître le poids qu’ils ont apporté au Festival et à notre travail."

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Ci-dessus, l'équipe de "Hunger" de Steve Mc Queen lors de la projection du film en ouverture de "Un Certain Regard"

A noter également que « Hunger » de Steve Mc Queen a reçu le prix de la caméra d’or (qui récompense un premier long-métrage) présidé par Bruno Dumont, un film qui a fait l’ouverture de la sélection Un Certain Regard (dont je vous ai également parlé, voir mon article plus bas) dont la radicalité était destinée à plaire au président dudit jury. Bruno Dumont s’est ainsi dit « impressionné par la vitalité, la qualité, la liberté » de certains films présentés et que c’était rassurant pour le cinéma. Il a salué en Steve Mc Queen « la naissance d’un très grand metteur en scène » primé pour sa « grâce », pour la puissance de son cinéma, sa « capacité à élever l’Histoire et le spectateur qui le regarde ».

La tension et l’émotion qui se lisaient dans le regard et les rictus innommables du Président du jury pendant tout le palmarès contrastaient avec la joyeuse désinvolture décalée du maître de cérémonie Edouard Baer qui a notamment ironiquement salué le jury en disant qu’il avait « rarement vu un jury aussi joyeux » ou encore en ironisant sur « l’être humain en chaque membre du jury », soulignant ainsi le caractère dérisoire de la folie cannoise. Tout juste Sean Penn a-t-il dit avec humour( !) qu’il dirait distinctement le nom des films ne l’ayant pas compris la fois où lui-même avait été nommé.

Il me faudra certainement plusieurs jours avant d’émerger de la bulle d’irréalité cannoise, avant de pouvoir vous faire ici un nouveau bilan de ce festival avec le recul nécessaire (et évoquer notamment de nouveau cette palme d'or 2008 comme elle le mérite), avant de pouvoir évoquer toutes les émotions qu’il a suscitées et cristallisées. N’hésitez donc pas à revenir sur « In the mood for Cannes ». De nouveaux articles seront mis en ligne à partir de mercredi sur ce blog pour évoquer tout ce que l’effervescence cannoise ne m’a pas laissée le temps de vous raconter avec la distance indispensable pour le faire.

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Ci-dessus, souvenirs de mon dîner de clôture, là où j’ai croisé les équipes de « Gomorra » et des « Trois singes »  applaudies par les convives, derniers sursauts grisants d’irréalité cannoise

Sandra.M 

PALMARES DETAILLE DU 61ème FESTIVAL DE CANNES 

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EN COMPETITION - LONGS METRAGES

Palme d'Or

ENTRE LES MURS de / by Laurent Cantet

Grand Prix
GOMORRA de / by Matteo Garrone

Prix du 61e Festival de Cannes
Catherine Deneuve dans / for UN CONTE DE NOËL de / by Arnaud DESPLECHIN
Clint Eastwood pour / for L’ÉCHANGE (The Exchange)

Prix de la mise en scène
ÜÇ MAYMUN (Three Monkeys / Les Trois Singes) de / by Nuri Bilge Ceylan

Prix du Jury
IL DIVO de / by Paolo Sorrentino

Prix d'interprétation masculine
Benicio Del Toro dans / for CHE de / by Steven SODERBERGH

Prix d'interprétation féminine
Sandra Corveloni dans / for LINHA DE PASSE de / by Walter SALLES, Daniela THOMAS

Prix du scénario
LE SILENCE DE LORNA de / by Jean-Pierre et Luc DARDENNE


EN COMPETITION - COURTS METRAGES

Palme d'Or
MEGATRON de / by Marian Crisan

Prix du Jury
JERRYCAN de / by Julius Avery


CAMERA D'OR


HUNGER de / by Steve McQueen (Un Certain Regard)

Mention Spéciale Caméra d'Or
VSE UMRUT A JA OSTANUS (Ils mourront tous sauf moi) de / by Valeria Gaï GUERMANIKA (Semaine Internationale de la Critique)


UN CERTAIN REGARD

Prix Un Certain Regard - Fondation Gan pour le Cinéma
TULPAN de / by Sergey Dvortsevoy

Prix du Jury
TOKYO SONATA de / by Kurosawa Kiyoshi

Coup de Coeur du Jury
WOLKE 9 de / by Andreas Drese

Le K.O. du Certain Regard
TYSON de / by James Toback

Prix de l'espoir
JOHNNY MAD DOG de / by Jean-Stéphane SAUVAIRE

CINEFONDATION

Premier Prix de la Cinéfondation
HIMNON (Hymne) de / by Elad Keidan (The Sam Spiegel Film and TV School, Israël)

Deuxième Prix de la Cinéfondation
FORBACH de / by Claire Burger (La fémis, France)

Troisième Prix de la Cinéfondation
STOP de / by Park Jae-ok (The Korean Academy of Film Arts, Corée du Sud)
KESTOMERKITSIJÄT (Signalisation des routes) de / by Juho Kuosmanen (University of Art and Design Helsinki, Finlande)

Catégories : PALMARES Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer

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