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68ème Festival de Cannes : le programme de Cannes Classics 2015

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Chaque année, la sélection de Cannes Classics est toujours un ravissement pour les cinéphiles et, chaque année, entre deux séances de la compétition officielle, j’essaie d’en voir quelques séances. Y règne toujours une atmosphère particulière. Cette année ne devrait pas déroger à la règle puisque:

-Costa-Gavras en sera l’ invité d’honneur

– sera proposée une célébration croisée d’Ingrid Bergman et d’Orson Welles

– Ousmane Sembène le « père du cinéma africain » sera également à l’honneur

– Gaumont sera aussi à l’honneur

-mais encore…Hitchcock, Truffaut, des Argentins, des Russes, des Hongrois, des projections en plein air, Marcel Pagnol, Julien Duvivier, des documentaires sur le cinéma, des restaurations en provenance du monde entier, La Légende de la Palme d’or et les 120 ans du Cinématographe Lumière, bref de quoi faire tourner la tête des amoureux du cinéma.

Je vous laisse découvrir le programme ci-dessous et, en bonus, je vous propose ma critique de  « Rocco et ses frères » de Visconti, une projection de sa copie restaurée à ne pas manquer.

PROGRAMME DETAILLE DE CANNES CLASSICS


• Invité d’honneur : COSTA-GAVRAS

Palme d’or avec Missing en 1982, membre du Jury en 1976 (il récompensa Taxi Driver), Prix de la mise en scène avec Section spéciale en 1975, c’est en sa présence que sera projeté Z, Prix du Jury en 1969.
Z (1968, 2h07)
Présenté par KG Productions avec le soutien du CNC. Négatif original numérisé en 4K et restauré image par image en 2K par Eclair Group et par LE Diapason pour le son. Restauration et étalonnage supervisés par Costa-Gavras.

• Les documentaires sur le cinéma :

Hitchcock / Truffaut de Kent Jones (2015, 1h28)
Co-écrit par Kent Jones et Serge Toubiana. Produit par Artline Films, Cohen Media Group et Arte France.

Depardieu grandeur nature de Richard Melloul (2014, 1h)
Produit par Richard Melloul Productions et Productions Tony Comiti.

Steve McQueen : The Man & Le Mans de Gabriel Clarke et John McKenna (2015, 1h52)
Produit par John McKenna.

By Sidney Lumet de Nancy Buirski (2015, 1h43)
Produit par Augusta Films, co-produit par American Masters. Présenté par RatPac Documentary Films.

Harold and Lillian : a Hollywood Love Story de Daniel Raim (2015, 1h41)
Produit par Adama Films.

Rappelons que dans le cadre de l’hommage à Ingrid Bergman sera projeté :
Jag Är Ingrid (Je suis Ingrid/Ingrid Bergman, in Her Own Words) de Stig Björkman (2015, 1h54)
Produit par Stina Gardell/Mantaray Film.

Et enfin, à l’occasion de la célébration des soixante ans de la création de la Palme d’or :
La Légende de la Palme d’or (The Golden Palm’s Legend) d’Alexis Veller (2015, 1h10)
Produit par AV productions.

• Centenaire Orson Welles
Citizen Kane d’Orson Welles (1941, 1h59)
Une présentation de Warner Bros. Restauration 4k réalisée chez Warner Bros. Motion Picture Imagery par l’étalonneuse Janet Wilson, sous la supervision de Ned Price. Le négatif original n’existant plus, image reconstituée d’après trois interpositifs noirs et blancs à grain fin support nitrate. Son optique « RCA squeeze duplex format. »

The Third Man (Le Troisième homme) de Carol Reed (1949, 1h44)
Une présentation de Studiocanal. Marron, élément nitrate de 2ème génération (négatif original inexistant), numérisé en 4K et restauré image par image en 4K par Deluxe en Angleterre. Restauration supervisée par Studiocanal.

The Lady From Shanghai (La Dame de Shanghai)
d’Orson Welles (1948, 1h27)
Présenté par Park Circus. Restauration en 4K chez Colorworks à Sony Pictures. Le négatif d’origine en nitrate a été scanné en 4K chez Deluxe à Hollywood avant restauration numérique, un travail complété chez MTI Film à Los Angeles. Restauration sonore au Chase Audio chez Deluxe, étalonnage et DCP préparés par Colorworks.

Deux documentaires sur Orson Welles :

Orson Welles, Autopsie d’une légende d’Elisabeth Kapnist (2015, 56mn)
Produit par Phares et balises et Arte France.

This Is Orson Welles de Clara et Julia Kuperberg (2015, 53mn)
Produit par TCM Cinéma et Wichita Films.

• Une soirée Barbet Schroeder
More de Barbet Schroeder (1969, 1h57)
Restauration chez Digimage Classics, dans une filière 2K. Le laboratoire a travaillé d’après les négatifs originaux image et son. L’étalonnage a été supervisé par Barbet Schroeder.
Le film suivra la projection de Amnesia (2015, 1h36) en Séance spéciale.

• Hommage à Manoel de Oliveira
Grâce à la fille de Manoel de Oliveira, Adelaide Trepa, et à son petit-fils Manuel Casimiro, qui l’ont permis, en lien avec José Manuel Costa, directeur, et Rui Machado, sous-directeur, de la Cinemateca Portuguesa, le Festival de Cannes projettera son film posthume Visita ou Memórias e Confissões (1982, 1h08). Totalement inédit, il n’aura été montré qu’à la Cinemateca Portuguesa de Lisbonne et Porto, ville natale de Manoel de Oliveira.

• Lumière !
Après Georges Méliès dans la Grande Salle et à l’occasion de la célébration des 120 ans de la naissance du Cinématographe Lumière, projection d’un montage de films Lumière dans le Grand Théâtre… Lumière.
Une présentation de l’Institut Lumière, du Centre National du Cinéma et de la Cinémathèque française. Projection en DCP 4K. Restauration 4K conduite par Eclair Group, en collaboration avec l’Immagine Ritrovata.

• Copies restaurées

Rocco e i suoi fratelli (Rocco and His Brothers / Rocco et ses frères) de Luchino Visconti (1960, 2h57)
Une présentation de la Film Foundation. Une restauration de la Cineteca di Bologna à L’Immagine Ritrovata laboratory en association avec Titanus, TF1 Droits Audiovisuels et The Film Foundation. Restauration financée par Gucci et The Film Foundation.

Les Yeux brûlés de Laurent Roth (1986, 58mn)
Une présentation du CNC et de l’ECPAD en présence de Laurent Roth. Restauration numérique effectuée à partir de la numérisation en 2K des négatifs 35 mm et la numérisation des éléments originaux s’ils existaient encore pour les images d’archives. Restauration réalisée par le laboratoire du CNC à Bois d’Arcy.

Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle (1958, 1h33)
Restauration 2K présentée par Gaumont. Travaux image effectués par Eclair, son restauré par Diapason en partenariat avec Eclair.

La Noire de… (Black Girl) de Ousmane Sembène (1966, 1h05)
Restauré par The Film Foundation pour le World Cinema Project en collaboration avec le Sembène Estate, l’Institut national de l’audiovisuel, INA, les laboratoires Eclair et le Centre national du cinéma et de l’image animée, CNC.
Restauration menée à la Cineteca di Bologna/L’Immagine Ritrovata Laboratory.
Précédé du documentaire :
SEMBENE! de Samba Gadjigo et Jason Silverman (2015, 1h22).
Produit par Galle Ceddo Projects, Impact Partners, New Mexico Media Partners, SNE Partners.

Insiang de Lino Brocka (1976, 1h35)
Insiang  fut le premier long métrage philippin à être présenté à Cannes.
Restauré par The Film Foundation pour le World Cinema Project. Restauration Cineteca di Bologna/L’Immagine Ritrovata financée par le World Cinema Project de la Film Foundation et le Film Development Council des Philippines.

Sur (The South / Le Sud) de Fernando Solanas (1988, 2h03)
Présenté par Cinesur et Blaq Out en partenariat avec UniversCiné et l’INCAA. Restauration en haute définition réalisée par le laboratoire Cinecolor – Industrias Audiovisuales S.A, dirigée par Roberto Zambrino et supervisée par Fernando Solanas à l’occasion de la restauration de l’ensemble de ses films qui sortiront en coffret DVD (éditions Blaq Out).

Zangiku Monogatari (The Story of the Last Chrysanthemum / Le Conte du chrysanthème tardif) de Kenji Mizoguchi (1939, 2h23)
Une présentation du studio Shochiku. La restauration numérique, issue d’un transfert 4K (projection 2K), a été réalisée par Shochiku Co., Ltd.

Jingi Naki Tatakai (Battles Without Honor and Humanity aka Yakusa Paper / Combat sans code d’honneur) de Kinji Fukasaku (1973, 1h39)
Une présentation de TOEI COMPANY, LTD. Restauration numérique en 2K réalisée à partir du négatif original 35mm par TOEI LABO TECH. Distribution France : Wild Side Films.

Szegénylegények (The Round-Up / Les Sans espoir) de Miklós Jancsó (1965, 1h28)
Une présentation du Hungarian National Film Fund et du Hungarian National Digital Film Archive and Film Institute (MaNDA). En compétition au Festival de Cannes en 1966. Restauration 2K image et son par le Hungarian Filmlab à partir du négatif 35mm.

Les Ordres (Orderers) de Michel Brault (1974, 1h48)
Une présentation de « Éléphant, mémoire du cinéma québécois. » Numérisation haute définition à partir de trois sources: négatif original 35 mm couleur A et B, interpositif et internégatif 35 mm. Son restauré à partir d’un mix magnétique 35 mm trois pistes. Restauration dirigée par Marie-José Raymond, et étalonnage de Claude Fournier, en collaboration avec le réalisateur, Michel Brault, à Technicolor Montréal.

Panique de Julien Duvivier (1946, 1h31)
Présenté par TF1 DA. Le négatif original ayant disparu, restauration en 2K chez Digimage à partir du marron nitrate.

Xia Nu (俠女 / A Touch of Zen) de King Hu (1973, 3h)
Une présentation du Taiwan Film Institute. Premier film taïwanais au Festival de Cannes et premier film en langue mandarin à y être présenté. 40e anniversaire du Grand Prix de la Commission Supérieure Technique en 1975. Restauration numérique réalisée en 4K par L’Immagine Ritrovata à Bologne à partir du négatif. Le directeur de la photographie a supervisé l’étalonnage. Distributeur : Carlotta.

Dobro Pozhalovat, Ili Postoronnim Vkhod Vospreshchen (Welcome or No Trespassing) de Elem Klimov (1964, 1h14)
Une présentation de la Open World Foundation et de Mosfilm. Numérisation en 2K, restauration son et image de Mosfilm et Krupny Plan.

La Historia Oficial (The Official Story / L’Histoire officielle) de Luis Puenzo (1984, 1h50)
Une présentation de Historias Cinematográficas. Prix d’interprétation féminine ex-aequo au Festival de Cannes 1985 pour Norma Aleandro et Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1986. Restauration en 4K à partir du négatif original. Réétalonnage mené par le réalisateur et le directeur de la photographie. Son numérisé à partir d’une restauration du support magnétique puis remixé en 5.1 avec de nouveaux effets et orchestrations additionnelles. Financement par le National Film Institute argentin (INCAA) et travail exécuté à Cinecolor Lab sous la supervision du réalisateur/producteur Luis Puenzo.

Marius de Alexander Korda (1931, 2h), scénario et dialogues de Marcel Pagnol
Restauration par la Compagnie méditerranéenne de film – MPC et La Cinémathèque française, avec le soutien du CNC, du Fonds Culturel Franco-Américain DGA-MPA-SACEM- WGAW, le concours d’ARTE France Unité Cinéma et des Archives Audiovisuelles de Monaco, avec la participation de la SOGEDA Monaco. La restauration 4K a été supervisée par Nicolas Pagnol et Hervé Pichard (La Cinémathèque française). Les travaux ont été réalisés par le laboratoire DIGIMAGE. L’étalonnage a été mené par Guillaume Schiffma

Et Cannes Classics au Cinéma de la Plage !

Ran d’Akira Kurosawa (1985, 2h42)
Négatif original numérisé en 4K et restauré image par image en 4K par Eclair. Restauration image, étalonnage et restauration son supervisés par STUDIOCANAL en collaboration avec Kadokawa (co-producteur japonais). Etalonnage validé par M. Ueda (chef opérateur), collaborateur de Akira Kurosawa sur le tournage du film.

Hibernatus d’Edouard Molinaro (1969, 1h40)
Restauration 2K présentée par Gaumont. Travaux image effectués par Eclair, son restauré par Diapason en partenariat avec Eclair.

Le Grand blond avec une chaussure noire d’Yves Robert (1972, 1h30)
Restauration 2K présentée par Gaumont. Travaux image effectués par Eclair, son restauré par Diapason en partenariat avec Eclair.

Jurassic Park 3D de Steven Spielberg (1993, 2h01)

Ivan Le terrible 1 et 2 de Sergueï Eisenstein (1944, 1h40 et 1945, 1h26)
Restauration numérique son et image effectuée par MOSFILM Cinema Concern sous la supervision de Karen Shakhnazarov.

The Terminator de James Cameron (1984, 1h48)
Metro-Goldwyn-Mayer Studios présentera le film avant la ressortie mondiale par Park Circus.

The Usual Suspects de Bryan Singer (1995, 1h46)
Metro-Goldwyn-Mayer Studios présentera le film en DCP pour la première fois, 20 ans après sa première projection au Festival de Cannes.

Hôtel du Nord de Marcel Carné (1938, 1h35)
Une restauration présentée par MK2 avec le soutien du CNC. Restauration image 2K (d’après un scan 4K du négatif image nitrate) faite par Digimage Classics.

Joe Hill de Bo Widerberg (1971, 1h50)
Restauration 2K présentée par Malavida Films et le Swedish Film Institute qui a mené le travail à partir d’un internégatif.

Par ailleurs, le Cinéma de la Plage présentera en avant-première mondiale Enragés de Eric Hannezo (2015, 1h40) avec Lambert Wilson, Guillaume Gouix et Virginie Ledoyen. En Séance spéciale.

Produit par Black Dynamite et JD Prod.

Critique  de « Rocco et ses frères  » de Luchino Visconti.

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Ce soir, à 20H45, sur Cine + Classic, ne manquez pas ce chef d’œuvre de Visconti. A cette occasion, retrouvez, ci-dessous, ma critique du film ainsi que, plus bas, celles de deux autres chefs d’œuvre de Visconti « Le Guépard » et « Ludwig ou le Crépuscule des Dieux ».

Synopsis : Après le décès de son mari, Rosaria Parondi (Katina Paxinou), mère de cinq fils, arrive à Milan accompagnée de quatre de ses garçons : Rocco (Alain Delon) Simone, (Renato Salvatori), Ciro (Max Cartier) et Luca (Rocco Vidolazzi), le benjamin.  C’est chez les beaux-parents de son cinquième fils, Vincenzo (Spyros Fokas) qu’ils débarquent. Ce dernier est ainsi fiancé à Ginetta (Claudia Cardinale). Une dispute éclate. Les Parondi se réfugient dans un logement social. C’est là que Simone fait la connaissance de Nadia (Annie Girardot), une prostituée rejetée par sa famille. Simone, devenu boxeur, tombe amoureux de Nadia. Puis, alors qu’elle est séparée de ce dernier depuis presque deux ans, elle rencontre Rocco par hasard. Une idylle va naitre entre eux. Simone ne va pas le supporter…

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Ce qui frappe d’abord, ce sont, au-delà de la diversité des styles (mêlant habilement Nouvelle Vague et néo-réalisme ici, un mouvement à l’origine duquel Visconti se trouve –« Ossessione » en 1942 est ainsi considéré comme le premier film néo-réaliste bien que les néoréalistes aient estimé avoir été trahis par ses films postérieurs qu’ils jugèrent très et trop classiques-),  les thématiques communes aux différents films de Visconti. Que ce soit à la cour de Bavière avec Ludwig, ou au palais Donnafigata avec le Prince Salina, c’est toujours d’un monde qui périclite et de solitude dont il est question mais aussi de grandes familles qui se désagrègent, d’êtres promis à des avenirs lugubres qui, de palais dorés en  logements insalubres, sont sans lumière et sans espoir.

Ce monde où les Parondi, famille de paysans, émigre est ici celui de l’Italie d’après-guerre, en pleine reconstruction et industrialisation, où règnent les inégalités sociales. Milan c’est ainsi la ville de Visconti et le titre a ainsi été choisi en hommage à un écrivain réaliste de l’Italie du Sud, Rocco Scotellaro.

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Avant d’être le portrait successif de cinq frères, « Rocco et ses frères » est donc celui de l’Italie d’après-guerre, une sombre peinture sociale avec pour cadre des logements aux formes carcérales et sans âme. Les cinq frères sont d’ailleurs chacun une illustration de cette peinture : entre ceux qui s’intègrent à la société (Vincenzo, Luca, Ciro) et ceux qu’elle étouffe et broie (Simone et Rocco). Une société injuste puisqu’elle va désagréger cette famille et puisque c’est le plus honnête et naïf qui en sera le martyr. Dans la dernière scène, Ciro fait ainsi l’éloge de Simone (pour qui Rocco se sacrifiera et qui n’en récoltera pourtant que reproches et malheurs) auprès de Luca, finalement d’une certaine manière désigné comme coupable à cause de sa « pitié dangereuse ».

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Nadia, elle, porte la trace indélébile de son passé. Son rire si triste résonne sans cesse comme un vibrant cri de désespoir. Elle est une sorte de double de « Rocco », n’ayant d’autre choix que de vendre son corps, Rocco qui est sa seule raison de vivre. L’un et l’autre, martyrs, devront se sacrifier. Rocco en boxant, en martyrisant son corps. Elle en vendant son corps (et le martyrisant déjà), puis, dans une scène aussi terrible que splendide, en se laissant poignarder, les bras en croix puis enserrant son meurtrier en une ultime et fatale étreinte.

Annie Girardot apporte toute sa candeur, sa lucidité, sa folie, son désespoir à cette Nadia, personnage à la fois fort et brisé qu’elle rend inoubliable par l’intensité et la subtilité de son jeu.

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Face à elle, Alain Delon illumine ce film sombre de sa beauté tragique et juvénile et montre ici toute la palette de son jeu, du jeune homme timide, fragile et naïf, aux attitudes et aux craintes d’enfant encore, à l’homme déterminé. Une palette d’autant plus impressionnante quand on sait que la même année (1960) sortait « Plein soleil » de René Clément, avec un rôle et un jeu si différents.

La réalisation de Visconti reprend le meilleur du néoréalisme et le meilleur de la Nouvelle Vague avec une utilisation particulièrement judicieuse des ellipses, du hors-champ, des transitions, créant ainsi des parallèles et des contrastes brillants et intenses.

Il ne faudrait pas non plus oublier la musique de Nino Rota qui résonne comme une complainte à la fois douce, cruelle et mélodieuse.

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« Rocco et ses frères » : encore un chef d’œuvre de Visconti qui prend le meilleur du pessimisme et d’une paradoxale légèreté de la Nouvelle Vague, mais aussi du néoréalisme qu’il a initié et qui porte déjà les jalons de ses grandes fresques futures. Un film d’une beauté et d’une lucidité poignantes, sombres et tragiques porté par de jeunes acteurs (Delon, Girardot, Salvatori…), un compositeur et un réalisateur déjà au sommet de leur art.

« Rocco et ses frères » a obtenu le lion d’argent à la Mostra de Venise 1960.

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