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  • Mention spéciale Un Certain Regard 2009- "Le Père de mes enfants" de Mia Hansen-Love

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    Peut-être vous en souvenez-vous : en 2005 quelques jours avant le triomphe aux César de « Quand la mer monte » de Yolande Moreau et Gilles Porte qu'il avait produit, le producteur de films indépendants (notamment de Youssef Chahine, Elia Suleiman, Sandrine Veysset...) Humbert Balsan se suicidait. Mia Hansen-Love l'avait rencontré, un an auparavant, ce dernier voulait en effet produire son premier film « Tout est pardonné ».  De sa rencontre avec cet homme passionné est né son désir de réaliser ce film... même s'il ne s'agit nullement (je vous rassure...) d'un biopic.

    Le producteur dont Mia Hansen-Love nous parle ici s'appelle Grégoire Canvel (Louis-Do Lencquesaing), il dirige avec passion sa société de production « Moon films ». Il  a, a priori,  tout pour lui. Une femme qu'il aime (Chiara Caselli), trois filles délicieuses, un métier qui le passionne, producteur de films donc. Pas le producteur caricatural avec cigares, limousines, cynique et désabusé mais un producteur de films indépendants pour qui le cinéma est la vie, sa vie, qui s'investit (et investit) pleinement dans chaque projet. Révéler les cinéastes, accompagner les films qui correspondent à son idée du cinéma, libre et proche de la vie, voilà sa raison de vivre, sa vocation. C'est un homme hyperactif qui ne s'arrête jamais à l'exception des week end, à la campagne, et en famille, et encore... les téléphones portables vissés aux oreilles. Mais à force de produire trop de films et de prendre trop de risques Grégoire va mettre en péril sa société... et surtout son propre équilibre.

    Rarement un film aura réussi à nous faire éprouver une telle empathie pour une famille et les personnages qui la composent et cela dès les premières minutes, la première séquence nous embarquant d'emblée dans l'enthousiasme, l'énergie du bouillonnant Grégoire. C'est néanmoins d'abord dû à l'humanité, la délicatesse avec laquelle Mia Hansen-Love les filme, nous plongeant dans leur intimité tout en leur laissant leur voile de mystère, mais surtout à la personnalité de son personnage principal, à sa façon de le filmer, et à l'acteur qui l'incarne.

    Grégoire vibre constamment pour le cinéma, il s'emballe, croit en des cinéastes que personne ne connaît, les défend contre vents et marées, contre la raison parfois, souvent. Il défend un cinéma qui prend le temps du sens, comme lui n'économise pas son temps pour le défendre. Charmant, charmeur, rayonnant, charismatique, de lui émane une impressionnante et séduisante prestance.  Il s'engage pleinement, inconditionnellement, il n'y a plus de distance entre le cinéma et la vie. Le cinéma est sa vie, même s'il a aussi une femme et trois filles aimantes. Plus que de nous montrer un homme outrancièrement déprimé, complètement anéanti, Mia Hansen-Love montre ses fêlures à peine perceptibles et comment son horizon  s'obscurcit subrepticement  au point qu'il en oublie, l'espace d'un fatal instant, celles qui l'entourent. Son geste restera mystérieux, il n'en est que plus bouleversant. Là encore Mia Hansen-Love a la délicatesse de la filmer de dos. Je suppose autant par pudeur que pour signifier le secret dont lui et sa mort resteront auréolés.

    Que dire de Louis-Do de Lencquesaing tant sa prestation est époustouflante ! Pas parce qu'il ferait de l'esbroufe. Non, parce qu'il donne un visage humain à ce producteur. Dans sa gestuelle bouillonnante, ses regards profondément empathiques qui parfois laissent entrevoir un voile d'ombre. Il EST ce producteur au point qu'on a vraiment l'impression de le voir exister. Il parvient à le rendre vivant, attachant, à la fois proche et mystérieux.

     Rien n'est jamais appuyé, tout est fait avec énormément de subtilité. Une simple boucle d'oreilles suffit à nous faire comprendre d'abord la distraction d'un père, obsédé par le cinéma, son amour aussi puis plus tard l'amour de sa fille qui prendra la relève.

    Même si la deuxième partie du film évoque un sujet sombre (la manière de vivre le deuil), le film est constamment éclairé d'une clarté rassurante, d'une belle luminosité, pas seulement formelle. Cette luminosité provient aussi de  la gaieté des enfants qui finit par prendre le dessus et qu'elle parvient à rendre si attachantes sans en faire des singes mièvres ou savants. C'est aussi la luminosité qui émanait de la personnalité de Grégoire qui semble subsister même après son décès mais aussi de son épouse (Chiara Caselli).

    D'ailleurs Mia Hansen-Love fait savamment jongler les contraires, son film étant lui-même coupé en deux parties, avant et après la mort, les deux étant finalement indissociables, la présence de l'absent se faisant toujours sentir (même mort il restera ainsi le père de ses enfants, bien évidemment), tout comme sont indissociables lumière et noirceur. Un film lumineux sur le secret et le deuil. Un homme solaire qui finira par se suicider, à la fois robuste et vulnérable, fort et fragile. Un film d'une belle clarté malgré le deuil et qui chemine ensuite vers une belle quête de lumière (comme en témoigne cette très belle scène avec les bougies qui ouvrent la voie). Son désir de vie, de construire, de créer et celui de mort qui s'affrontent. Sa mort étant ainsi la fin de quelque chose mais aussi le début d'une autre, de l'émancipation pour sa fille (forte présence d'Alice de Lencquesaing).

    C'est bien sûr un film sur le cinéma, sur l'engagement, l'investissement pécuniaire (Mia Hanse-Love n'élude pas la question et montre à quel point il peut être aliénant) et surtout personnel qu'il représente, le caractère indissociable entre vie professionnelle et privée quand la matière principale d'un métier comme celui-là est humaine, et donc si complexe et fragile.

    Mais, par-dessus-tout, ce film possède ce grand quelque chose si rare et indéfinissable qui s'appelle la grâce. Sans doute en raison de la profonde sensibilité de la réalisatrice et de celui qui a inspiré son film mais aussi par l'universalité des situations et le caractère si attachant des personnages malgré (et à cause de ) leurs mystères.

    Un film qui a l'ambivalence et les nuances de la vie : à la fois lumineux et mélancolique, tragique et plein d'espoir, mystérieux et séduisant. Un film qui m'a bouleversée comme je ne l'avais pas été depuis longtemps au cinéma. La musique de la fin qui vous rappellera un classique du cinéma m'ayant complètement achevée.

    Ce film a la malchance de sortir le même jour que le rouleau compresseur « Avatar ». Que le second ne vous empêche pas d'aller voir le premier. Je vous le recommande sans aucune réserve.  « Le Père de mes enfants » a reçu la mention spéciale Un certain regard à Cannes.

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  • Compétition officielle 2009- "Etreintes brisées" de Pedro Almodovar

    Quelques semaines après le Festival de Cannes, je suis retournée voir "Etreintes brisées" de Pedro Almodovar, dans un contexte dépassionné. En voici ma deuxième critique:

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    Lorsque vous voyez un film dans l’effervescence du Grand Théâtre Lumière, dans l’euphorie cannoise, de surcroît à côté de l’équipe du film, votre avis est forcément vicié et imprégné de cette atmosphère excessive, c’est pourquoi j’ai tenu à retourner voir « Les Etreintes brisées » quelques jours après l’avoir vu sur la Croisette. Inutile de spécifier à quel point c’est étrange de voir un film dans une salle quasiment vide, qui ne réagit donc pas,  après l’avoir vu quelques jours auparavant en présence de l’équipe du film avec un public particulièrement réactif. Alors ? Alors, même loin de l’agitation cannoise, certes « Les Etreintes brisées » n’est pas le film le plus fou, le plus extravagant, le plus délirant de Pedro Almodovar mais il n’en demeure pas moins remarquable à de nombreux points de vue… et l’un de ses meilleurs films, peut-être même le plus maîtrisé. En tout cas, l’un de mes favoris de cette compétition cannoise 2009 avec, notamment « Inglourious Basterds » de Quentin Tarantino (que Pedro Almodovar, en cinéphile, est d’ailleurs allé voir en séance du lendemain).

     

    Synopsis : Il y a 14 ans, dans un violent accident de voiture dans l’île de Lanzarote, un homme (Lluis Homar) a perdu la vue mais aussi la femme de sa vie, Lena (Penelope Cruz). Sa vie se partage alors en deux parties à l’image de ses deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême sous lequel il vit et signe les films qu’il réalise. Après l’accident, il n’est alors plus que son pseudonyme : Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus faire de films, il s’impose de survivre avec l’idée que Mateo Blanco est mort à Lanzarote aux côtés de Lena.

     

    Pedro Almodovar, habitué de la Croisette et de la compétition cannoise (juré en 1992, en compétition pour « Tout sur ma mère » en 1999- prix de la mise en scène -, pour « La mauvaise éducation » en 2004 –présenté hors compétition- ; pour « Volver » en 2006 –prix du scénario et d’interprétation collectif-) est, cette année reparti bredouille pour un film dont la mise en scène d’une impressionnante beauté et maîtrise,  le scénario impeccable et l’interprétation remarquable de Penelope Cruz auraient pourtant pu lui permettre de figurer au palmarès, à ces différents titres.

     

    Aussi invraisemblable que cela puisse paraître certains cinéastes ne sont pas des cinéphiles (j’aurais bien des exemples mais je m’abstiendrai) mais au même titre que Picasso maîtrisait parfaitement l’histoire de la peinture, condition sine qua non au renouvellement de son art, il me semble qu’un cinéaste se doit de connaître et d’être imprégné de l’histoire du cinéma, comme Pedro Almodovar qui, dans ce film, en plus de témoigner de sa cinéphilie livre une véritable déclaration d’amour au cinéma (il rend notamment hommage à Hitchcock, Antonioni, Malle, Rossellini… ).  Et à Penelope Cruz qu’il sublime comme jamais, en femme fatale, brisée et forte, à la fois Marylin Monroe, lumineuse et mélancolique, et Audrey Hepburn, gracile et déterminée.

     

    « Les Etreintes brisées » est un film labyrinthique d’une grande richesse : un film sur l’amour fou, le cinéma, la fatalité, la jalousie, la trahison, la passion, l’art. Un film dans lequel,  à l’image du festival de Cannes, cinéma et réalité se répondent, s’imbriquent, se confondent.

     

    La mise en abyme, à l’image de tout ce film, est double : il y a d’une part le film que réalise Harry Caine mais aussi le making of de son film.  Harry Caine est lui-même double puisque c’est le pseudonyme de Mateo Blanco. Il meurt doublement : il perd la vue, la cécité étant la mort pour un cinéaste ; il perd la femme qu’il aime, une étreinte brisée qui représente la mort pour l’homme amoureux qu’il est aussi. Un film morcelé à l’image de ces photos en mille morceaux de Lena, d’une beauté tragique.

     

    Et puis que dire de la réalisation… Flamboyante comme ce rouge immédiatement reconnaissable comme celui d’un film de Pedro Almodovar.  D’un graphique époustouflant comme ce film que Mateo Blanco réalise. Sensuelle comme ces mains qui caressent langoureusement une image à jamais évanouie. Son scénario joue avec les temporalités et les genres (film noir, comédie, thriller, drame) avec une apparente facilité admirable.

     

    Peut-être la gravité mélancolique a-t-elle désarçonnée les aficionados du cinéaste qui n’en oublie pourtant pas pour autant sa folie jubilatoire comme dans ce film dans le film « Filles et valises », hommage irrésistible à « Femmes au bord de la crise de nerfs ».

     

    Un film gigogne d’une narration à la fois complexe et limpide, romantique et cruel, qui porte la poésie langoureuse, la beauté mélancolique et fragile de son titre, un film qui nous emporte dans ses méandres passionnées, un film pour les amoureux, du cinéma. Un film qui a la beauté, fatale et languissante, d’un amour brisé en plein vol… Un film qui a la gravité sensuelle de la voix de Jeanne Moreau, la beauté incandescente d’une étreinte éternelle comme  dans « Voyage en Italie » de Rossellini, la tristesse lancinante de Romy Schneider auxquels il se réfère.

     

    Penelope Cruz, d’une mélancolie resplendissante, pour cette quatrième collaboration,  aurait de nouveau mérité le prix d’interprétation et sa prestation (mais aussi celles de tous ses acteurs et surtout actrices auxquels il rend ici hommage, parfois juste le temps d’une scène comme pour Rossy de Palma)  prouve à nouveau quel directeur d’acteurs est Pedro Almodovar qui sait aussi, en un plan, nous embraser et embrasser dans son univers, immédiatement identifiable, la marque, rare, des grands cinéastes.

     

    Un film empreint de dualité sur l’amour fou par un (et pour les) amoureux fous du cinéma… le cinéma qui survit à la mort, à l’aveuglement, qui sublime l’existence et la mort, le cinéma qui reconstitue les étreintes brisées, le cinéma paré de toutes les vertus. Même celle de l’immortalité… Un film par lequel je vous recommande vivement de vous laisser charmer et enlacer…

    Catégories : COMPETITION OFFICIELLE Lien permanent 0 commentaire Pin it! Imprimer
  • Prix Un Certain Regard 2009- "Les chats persans" de Bahman Ghobadi

    C'est quelques mois après le Festival de Cannes que j'ai enfin pu voir ce film, lauréat du Prix Un Certain Regard 2009, lors de son avant-première à Paris... Pour voir les vidéos de cette avant-première et le débat avec l'équipe du film, cliquez ici.
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    La semaine dernière, à l'UGC des Halles avait lieu, en présence de l'équipe du film, l'avant-première du dernier film de Bahman Ghobadi tourné en Iran « Les Chats persans ». Le débat qui a suivi la projection était d'autant plus passionnant et instructif que rares sont les citoyens iraniens, et a fortiori les artistes, dont les voix, toujours et plus que jamais censurées dans leurs pays, portent jusqu'à nous. Et quand la voix est à la fois un instrument musical mais surtout politique et l'instrument des aspirations à la liberté, la force et la beauté de la musique qui l'accompagne ne peuvent qu'être amplifiées.

    Ces voix, ce sont d'abord celles d'une jeune femme Negar (Negar Shaghaghi) et d'un  jeune homme Ashkan (Ashkan Koshanejad) musiciens qui, à leur sortie de prison décident de monter un groupe. Ils parcourent donc Téhéran à la rencontre d'autres musiciens underground en tentant de les convaincre de les accompagner et de quitter l'Iran et de monter un grand concert clandestin pour financer leur fuite. N'ayant aucune chance de se produire à Téhéran, ils rêvent en effet de sortir de la clandestinité  et de jouer en Europe, mais ils n'ont ni l'argent ni les passeports nécessaires pour cela...  Ils font alors la rencontre de Nader (Hamed Behdad) qui les accompagne dans leurs démarches.

    Au-delà de son (réel) intérêt cinématographique, « Les chats persans » ont d'abord et avant tout un intérêt historique et politique mais tout le talent (cinématographique donc) de Bahman Ghobadi provient justement du fait que jamais cet aspect politique n'est surligné, tout en étant omniprésent. Rarement le hors champ, auquel il recourt avec beaucoup de pudeur et d'habileté, aura eu autant de force, autant la capacité de nous bouleverser, de faire basculer une scène a priori légère  dans la brutalité, ne donnant jamais vraiment de visage à ces intolérables intolérants, coupant à l'instant où l'émotion pourrait s'exprimer (scène plongée dans le noir ) exprimant ainsi par le montage la censure (politique et même émotionnelle) mais aussi une extrême pudeur qui renforce encore la puissance du propos.

    Ces musiciens sont ainsi comme ces chats et ces chiens qui en Iran n'ont pas le droit de sortir dans la rue. Les chats en Iran ont donc une grande valeur et notamment les chats persans (d'où le titre), comme ces musiciens si précieux et condamnés à la clandestinité. Une scène d'une brutalité redoutable exprime ainsi cette menace constante, perverse et insidieuse, cette violence absurde, et la similitude de leurs conditions, hommes et animaux étant pareillement condamnés à se terrer... La réalité de la répression, insupportable, surgit quand on s'y attend le moins, brusquement, et le message n'en a alors que plus de vigueur.

    Le hors champ c'est aussi celui des conditions de tournage : la co-scénariste Roxana Saberi arrêtée en Iran et accusée d'espionnage (vivant actuellement aux Etats-Unis),  ce film  tourné clandestinement en 17 jours sans autorisation et qui ne sortira jamais en Iran, des acteurs qui ont quitté l'Iran pour la Grande-Bretagne juste à la fin du tournage, une musique occidentale quasiment interdite par les autorités...

    Dans un pays comme le nôtre où la musique a même sa fête, comment pouvons-nous imaginer qu'une telle chose soit possible ? Qu'il faille se cacher dans des sous-sols pour pouvoir jouer de la musique (ou faire inlassablement le tour de la ville en voiture pour répèter dans l'habitacle, protégé des oreilles indiscrètes), un monde parallèle étrange et fascinant où, pour simplement s'exprimer, il faut sans cesse se cacher. Des autorités. Des  bassidji. De la population. Des voisins. Comment peut-on imaginer que l'on risque des coups de fouet pour simplement jouer quelques notes de musique? Bahman Ghobadi donne ainsi des images et des visages à une réalité que même les Iraniens ignorent (comme en ont témoigné certains Iraniens présents dans la salle lors de l'avant-première), celle de ce bouillonnement musical underground qui exprime à la fois l'audace, la révolte, l'imagination, la fureur de vivre de la jeunesse iranienne qui manifeste, et même joue de la musique ou dans des films au péril de sa vie.

    Si le film porte en filigrane un message politique et de liberté, le véritable héros du film reste la musique mais aussi la jeunesse iranienne qui la porte  comme un acte de résistance pacifiste. La musique sous toutes ces formes qui sert de fil conducteur, du rap au rock en passant par la musique traditionnelle avec pour décor aussi bien des endroits sombres, clos que les toits de Téhéran. Tantôt avec poésie, tantôt avec violence, rage même, elle exprime cette même aspiration à la liberté mais surtout elle exprime une incroyable diversité, audace, richesse musicales. Un voyage musical sans cesse surprenant où la musique est un cri d'autant plus vibrant qu'il est constamment étouffé, un moyen d'exorciser une souffrance intolérable d'un peuple que son gouvernement contraint à sombrer dans le silence mais aussi la pauvreté. Quand jouer de la musique devient un acte de résistance, comble de l'absurdité qui témoigne de la bêtise de l'intolérance devenue la loi de l'Etat.

    Ce film est un miracle, un chant de résistance, un hymne à la liberté où la musique se fait l'écho d'une rage d'une force saisissante. La fin est poignante et bouleversante tout en laissant entrevoir une faible lueur d'espoir. Un vibrant cri de liberté jalonné de notes de musique et d'humour d'une jeunesse qui résiste, envers et contre tout.

    Avec ce cinquième film Bahman Ghobadi a remporté le prix Un Certain Regard au dernier festival de Cannes. Un prix amplement mérité. Mon grand coup de cœur de cette fin d'année. Ce film m'a littéralement bouleversée mais aussi enchantée, par sa musique souvent d'une inventivité étonnante (vous pouvez écouter une partie de la bande originale dans mon autre article ci-dessous), sa beauté lyrique, par la grâce et le courage de ses interprètes principaux. Il est impossible que vous restiez indifférents. Un film à voir et à entendre. Absolument.

    Ci-dessous, mes vidéos des échanges entre l'équipe du film et le public à l'issue de l'avant-première... Des échanges passionnants et très instructifs aussi bien sur le film que sur la situation actuelle en Iran, je vous conseille vivement de les regarder.

    Je vous rappelle que vous pouvez gagner des places pour le film en participant au concours dont vous pouvez lire le règlement en cliquant ici.

    Cliquez sur "lire la suite" pour voir les vidéos du débat avec l'équipe du film.

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